Les idées clés
Nous avons toutes eu un calendrier papier sur lequel nous notions, avec une croix, la date de nos dernières règles, en nous disant que les prochaines devraient débarquer environ 28 jours, non ? Ensuite, je pense que nous sommes nombreuses à avoir téléchargé une application de suivi de cycle menstruel, qui calcule pour nous la date de notre ovulation + des règles à venir.
Mais si on vous disait que cette méthode du calendrier, la méthode Ogino, est en réalité une méthode obsolète, qui n’est pas recommandée par les professionnels pour éviter ou pour favoriser une grossesse ? En effet, « calculer son cycle » n’est pas une si bonne idée ! On vous explique pourquoi et surtout, quelles sont les alternatives naturelles pour vous y retrouver, pour de vrai, dans votre cycle et votre fertilité 😉
L'article, en bref
ToggleLes grands principes de la méthode Ogino
Vous connaissez peut-être la méthode Ogino sous un autre nom, par exemple méthode Ogino Knaus, ou encore méthode du rythme ou méthode du calendrier 🙂
La méthode Ogino a été élaborée par deux médecins : Kyusaku Ogino, un gynécologue japonais, et Hermann Knaus, un gynécologue autrichien, dans les années 1920.
Cette méthode consiste à déterminer les jours fertiles du cycle menstruel afin de planifier ou d’éviter une grossesse, grâce à un calcul basé sur la longueur des cycles et en partant du principe que l’ovulation a lieu 14 jours avant les règles. À partir de ce postulat, la méthode Ogino établit une méthode de calcul, basée sur une observation d’un an de cycles menstruels pour déterminer la date de l’ovulation et anticiper les prochaines règles. On est vraiment sur de l’arithmétique pure, avec un comptage des jours du cycle menstruel, sans observation des signaux du corps.
Si on applique la méthode Ogino par étapes, l’idée est donc d’abord d’observer ses cycles menstruels pendant au moins 6 à 12 mois, puis d’identifier le cycle le plus court et le cycle plus long. On calcule ensuite le début et la fin de la période fertile avec les formules suivantes :
1e jour fertile = cycle le plus court – 18 (ex si 26 jours : jour 8)
dernier jour fertile = cycle le plus long – 11 (ex si 32 jours : jour 21)
Ainsi, si, sur l’année écoulée, le cycle menstruel le plus court était de 26 jours et le plus long étant de 32 jours, la méthode Ogino part du principe qu’on sera toujours fertile du jour 8 (26-18) au jour 21 (32-11).
Pourquoi ces chiffres de 18 et 11 ? Et bien la méthode Ogino considère que la phase post ovulatoire dure toujours 14 jours (ce qui est faux, soit dit en passant), et que la fertilité démarre 4 jours avant l’ovulation (alors qu’en réalité, c’est plutôt 5 jours voire plus, en présence d’une glaire cervicale de qualité). Donc en partant du plus court des 12 derniers cycles (ce qui est le “pire scenario” possible) et en retirant 18, on considère qu’on arrive au jour fertile le plus précoce possible (14 jours de phase lutéale + 4 jours de fertilité possible).
Dans le même esprit, cette méthode part du principe qu’une femme reste fertile 3 jours après son ovulation (ce qui est un peu exagéré dans l’absolu puisque l’ovule vit max 18h dans la trompe, mais c’est la règle utilisée en symptothermie, par sécurité), donc si on prend là aussi le pire scenario possible, avec le cycle le plus long observé sur les 12 derniers cycles, on retranche 11 à la durée de ce cycle, et on arrive au jour potentiel de fertilité le plus tardif (14 jours de phase lutéale – 3 jours de fertilité post ovulation).
Vous le comprenez surement en lisant ces calculs, il s’agit d’estimations qui ne prennent pas en compte le fait qu’à tout moment, un cycle peut être plus court ou plus long que les 12 précédents, mais aussi que la phase lutéale peut durer plus ou moins de 14 jours !
Pour autant, la méthode Ogino-Knaus est une méthode très utilisée par les applications de suivi de cycle menstruel comme Flo, Clue, etc. qui estiment votre fenêtre de fertilité et vos prochaines règles grâce à ces calculs.
Les avantages de la méthode Ogino
Si la méthode Ogino a été très populaire (notamment dans les années 60), c’est parce qu’elle est plutôt simple à mettre en place : il suffit de noter la durée de ses cycles menstruels pendant 1 an, puis de faire un simple calcul pour établir son « calendrier » de règles et d’ovulation.
Il s’agit également d’une méthode naturelle, sans ajout d’hormones de synthèse.
Les inconvénients de la méthode Ogino
Hormis ces deux avantages, la méthode Ogino n’est pas une méthode vraiment recommandée pour gérer sa fertilité, que l’on soit en désir de grossesse ou plutôt à la recherche d’une contraception naturelle.
Une méthode qui ne colle pas avec les réalités de la physiologie féminine
La méthode Ogino, avec ses règles de calcul assez rigides, ne convient pas du tout aux femmes ayant un cycle menstruel irrégulier, comme ce peut être le cas chez les adolescentes, en post-partum, en post-pilule, en pré-ménopause ou encore si on souffre de SOPK. En effet, l’ovulation peut très bien se produire au 15ème jour du cycle, comme au 27ème ou au 52ème.
Par ailleurs, même lorsque l’on a un cycle menstruel régulier, l’ ovulation peut être décalée de manière physiologique de quelques jours pour plein de raisons. On considère qu’un cycle reste régulier tant qu’il n’y a plus de 7 jours d’écart entre deux cycles. Ainsi, si on a un cycle de 27 jours, puis un cycle de 33 jours, puis un cycle de 30 jours, on reste sur un cycle menstruel considéré comme régulier. Mais cette fourchette de « tolérance » de 7 jours, tout à fait normale donc, met à plat la théorie de la méthode Ogino, qui voudrait qu’on soit toujours fertiles pendant les mêmes jours du cycle !
Enfin vous l’avez compris, la méthode Ogino part du principe que la phase post-ovulatoire (entre l’ovulation et les règles) dure 14 jours : or, encore une fois, la normalité physiologique fait que cette phase peut durer de 11 à 16 jours, selon les femmes et selon les cycles. Pour enfoncer le clou, chez certaines femmes ayant une insuffisance en progestérone après l’ ovulation, la phase post-ovulatoire peut durer moins de 11 jours.
Son manque de fiabilité
Ce sont toutes les raisons pour lesquelles la méthode du calendrier n’est pas très fiable. Pour évaluer la fiabilité d’une méthode de contraception, les scientifiques utilisent l’indice de Pearl, qui indique le nombre de grossesses non désirées sur 100 femmes ayant recours à la méthode pendant un an.
Pour la méthode Ogino, l’indice de Pearl est de 85% seulement, avec donc un taux d’échec de 15% : sur 100 femmes utilisant ce calcul, 15 sont tombées enceintes alors qu’elles ne le désiraient pas, en un an.
Cette méthode n’est donc pas recommandée en contraception et elle ne l’est pas non plus en conception : en effet, si la fenêtre de fertilité est évaluée de manière erronée, les rapports sexuels n’auront pas lieu au bon moment… Les couples en désir d’enfant peuvent ainsi « rater le coche » et réduire drastiquement leurs chances de concevoir, alors qu’ils n’ont aucun problème de fertilité.
Quelles sont les autres méthodes naturelles à considérer ?
Ceci étant dit, quand on recherche une méthode naturelle pour avoir un enfant, ou au contraire, pour éviter une grossesse, on peut se retrouver un peu démunie et se dire qu’aucune de ces méthodes n’est fiable ! Autant vous rassurer tout de suite : bien que la méthode du calendrier soit une figure de proue des méthodes naturelles, elle est loin d’être la seule et il existe d’autres méthodes bien plus fiables 🙂
Méthode Billings
La méthode Billings® repose sur l’observation de la glaire cervicale : la glaire cervicale est en effet l’un des indicateurs de l’ovulation et permet de repérer la fenêtre fertile.
C’est un mucus produit par le col de l’utérus, sous l’influence des oestrogènes : or, plus les oestrogènes sont présents, plus l’ovulation approche et donc, plus la glaire est abondante et présente une texture crémeuse, voire « blanc d’oeuf cru », huileuse ou liquide.
Une fois l’ovulation passée, les oestrogènes chutent et la glaire cervicale s’assèche. C’est grâce à ces consistances différentes de la glaire cervicale que l’on sait quand l’ovulation arrive et quand elle est passée.
Méthode Fertility Care
La méthode Fertility Care est une méthode dérivée de la méthode Billings, un peu plus cadrée et standardisée, mais qui évalue elle aussi la fenêtre de fertilité grâce à la glaire cervicale. Elle peut aller de pair avec la NaPro (NaProTechnologie) pour les couples ayant des soucis de fertilité et ayant besoin d’un suivi médical, mais qui préfèrent éviter la PMA.
Méthode symptothermique
La symptothermie est une méthode naturelle qui se base sur la glaire cervicale mais aussi sur la température au réveil pour ouvrir et refermer la fenêtre de fertilité.
En effet, si la glaire cervicale est formidable pour repérer l’approche de l’ovulation, il est préférable de confirmer l’ovulation et fermer la fenêtre fertile grâce à un double contrôle, permis par la prise de température au réveil (en plus de l’observation de la glaire). Pourquoi ? Parce qu’après l’ovulation, les oestrogènes cèdent leur place à la progestérone : or, cette hormone a pour effet de faire légèrement augmenter la température (de 0,3 degrés environ) !
Ainsi, la méthode symptothermique considère que l’ovulation est passée et que l’on n’est plus fertile lorsque la glaire s’assèche ET que la température au réveil augmente pendant minimum 3 jours. Une fois l’ovulation confirmée, la femme n’est plus fertile sur ce cycle jusqu’au début du suivant, au premier jour des règles suivantes.
La méthode symptothermique est la méthode naturelle la plus fiable pour gérer sa fécondité, avec un indice de Pearl de 98,2%.
Si vous souhaitez vous former à la symptothermie, le Serenity Club est fait pour ça, c’est un programme qui vous apprend la méthode en 6 semaines !
Si vous êtes une jeune maman allaitante : la Méthode MAMA
Enfin, si vous êtes en post-partum et ne souhaitez pas retomber enceinte tout de suite, sachez que la méthode MAMA peut vous être utile. Cette méthode s’appuie sur l’allaitement, car la prolactine (l’hormone de la lactation) interfère avec l’ovulation : elle fonctionne pendant les 6 premiers mois du bébé, si vous l’allaitez exclusivement au sein (pas de biberon), à un rythme d’une tétée toutes les 4 heures en journée et de toutes les 6 heures la nuit. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, la méthode MAMA est fiable à 98%.
En revanche, son efficacité n’est plus garantie si vous allaitez votre bébé au biberon, s’il a commencé sa diversification alimentaire, s’il a plus de 6 mois ou que vous avez eu votre retour de couches.
Questions fréquentes – Pour résumer
Quelle est la différence entre la méthode Ogino et la méthode des jours fixes ?
La Méthode des Jours Fixes est une méthode plus récente que la méthode Ogino, développée dans les années 2000 par l’Institut de Santé Reproductive de l’Université de Georgetown et qui considère les jours 8 à 19 du cycle comme fertiles pour tous les cycles entre 26 et 32 jours.
Elle a les mêmes désavantages que la méthode Ogino (elle est même encore plus restrictive, puisqu’un cycle menstruel « normal » dure plutôt entre 21 et 35 jours) et sa fiabilité est de 88% en pratique.
Quel est le bon moment pour faire l’amour sans tomber enceinte ?
Si on souhaite éviter une grossesse, les rapports sexuels avec pénétration doivent avoir lieu en dehors de la fenêtre de fertilité. Chez la femme, la fenêtre de fertilité s’ouvre 5 jours environ avant l’ovulation (grâce à la glaire cervicale) et se referme le lendemain (l’ovule ne survit que 12 à 18 heures maximum s’il n’est pas fécondé). Les rapports sexuels doivent donc avoir lieu avant ou après ces jours « à risque » (dès qu’il y a d ela glaire, il faut se considérer comme fertile).
À noter que le retrait ne fonctionne pas tout à fait, car des spermatozoïdes peuvent être présents dans le liquide séminal, avant l’éjaculation.
Comment éviter une grossesse avec une méthode naturelle ?
Pour éviter de tomber enceinte, il est donc très important de savoir reconnaître sa période de fertilité et son ovulation, en sachant qu’on ne peut pas prévoir l’ovulation, qui peut aussi bien arriver au 10ème jour du cycle qu’au 18ème jour ou au 23ème jour, par exemple 🙂 C’est ce qui explique que les méthodes de calcul ne fonctionnent pas.
Ainsi, l’idéal est d’observer son cycle menstruel, sa glaire + sa température pour repérer l’ovulation et ouvrir / ferme sa fenêtre fertile avec sécurité.
Quand on sait repérer avec précision sa fenêtre de fertilité, on peut éviter les rapports sexuels avec pénétration sur ces jours « risqués ».
Pour conclure, la méthode Ogino, qui est certainement la méthode naturelle la plus connue pour gérer sa fertilité, est une méthode peu recommandable qui ne brille pas par son efficacité ! Elle est effet trop éloignée des réalités du corps de la femme pour être fiable : nous ne sommes pas des robots et notre corps ne répond pas à des règles mathématiques !
Il existe néanmoins des méthodes naturelles bien plus fiables, sur lesquelles il est possible de s’appuyer, telles que la symptothermie, qui, elle, en revanche, ne s’appuie QUE sur les signaux du corps pour détecter l’ovulation ! Cette observation au jour le jour, sans prédiction, garantit son efficacité (et pour en découvrir plus, rendez-vous dans le Serenity Club !)
Qu’en pensez-vous ? Avez-vous découvert des choses à la lecture de cet article, que ce soit sur la méthode Ogino ou sur les autres méthodes naturelles ? N’hésitez pas à nous faire part de vos ressentis, mais aussi de vos questions si vous en avez 🙂