Les idées clés
Le saviez-vous ? 30 à 40% des cas d’ infertilité d’un couple sont au moins en partie dûs à un problème de fertilité masculine, et selon une étude, « un homme d’aujourd’hui produit 2 fois moins de spermatozoïdes que son grand-père au même âge« . Ca fait un peu peur, non ?!
En effet, si on a tendance à systématiquement investiguer du côté de la femme lorsqu’un couple n’arrive pas à concevoir, il est tout aussi important de creuser aussi du côté masculin. Heureusement, il existe des solutions face à ce déclin de la fertilité masculine, et notamment un examen médical permettant de déceler une anomalie : le spermogramme.
Dans ce qui suit, on vous explique tout ce qu’il y a à savoir à son sujet : dans quelles conditions il doit être réalisé, ce qu’il évalue exactement et quelles anomalies il peut détecter. Aussi et surtout, on vous explique pourquoi et comment on peut améliorer son spermogramme !
L'article, en bref
TogglePour commencer : qu’est-ce qu’un spermogramme ?
Un spermogramme est un examen médical qui est souvent prescrit aux hommes dont le couple connaît une phase d’infertilité. Le diagnostic d’infertilité est posé quand un couple n’arrive pas à concevoir au bout d’un an d’essais.
Cet examen permet une analyse à la fois quantitative et qualitative des spermatozoïdes et fournit une vue d’ensemble des caractéristiques du sperme.
Les résultats arrivent généralement quelques jours après le recueil de sperme, même si les délais dépendent des laboratoires et de ce qui est recherché !
Comment se déroule l’examen du spermogramme ?
Le spermogramme est donc prescrit par un médecin, lors d’un bilan d’infertilité : il peut s’agir d’un généraliste, un urologue, un gynécologue, un andrologue (qui est l’équivalent du gynéco pour les hommes) ou encore un endocrinologue. On recommande généralement aux hommes de respecter une phase d’abstinence de quelques jours en amont, afin de garantir une concentration de spermatozoïdes fidèle à la réalité. Le jour de l’examen, il est important de bien boire (environ 2 litres).
Le recueil se déroule généralement dans une pièce dédiée dans le laboratoire, pour garantir sa « fraîcheur ». Néanmoins, il peut, sous certaines conditions et de façon très rare, être réalisé à domicile, mais le temps de transport vers le laboratoire doit être court (30 minutes) et le recueil doit être gardé à température du corps.
Il est aussi possible d’être accompagné de sa partenaire (mais c’est assez rare également !), mais le recueil de sperme se fait par masturbation uniquement (pas de rapport avec pénétration par exemple) et cette possibilité dépend vraiment de la politique des laboratoires.
À noter : en cas de fièvre ou de prise de certains médicaments dans les deux mois précédents, on recommande de repousser l’examen.
Quels sont les éléments observés par le spermogramme ?
La qualité du sperme de manière générale
Le spermogramme analyse le sperme, de manière générale. Voici les éléments qui sont étudiés :
Le volume de l’éjaculat (le volume de sperme)
Le pH du sperme
La viscosité du sperme
La présence d’agglutinats
Le présence de globules blancs dans le sperme.
Pour info, le sperme ne contient pas que des spermatozoïdes : il est composé à plus de 95% de liquide séminal et il a, lui aussi, toute son importance pour la fertilité masculine ! Il est en effet chargé de fournir un environnement sécurisé aux spermatozoïdes (et particulièrement un milieu alcalin pour survivre à l’acidité du vagin, ce qui explique qu’on teste son pH) et de les nourrir.
C’est la raison pour laquelle il contient des sucres (surtout du fructose, qui est la principale source d’énergie pour les spermatozoïdes), des vitamines (C et B12), des minéraux (zinc (très important !), citrate, magnésium, potassium, calcium), ainsi que des protéines, du cholestérol et des enzymes.
La bonne forme des spermatozoïdes
Au delà du sperme, ce que l’on regarde aussi (et surtout !), ce sont les spermatozoïdes.
Pour ce faire, le spermogramme peut être complété par un spermocytogramme qui analyse les spermatozoïdes de manière plus précise et se concentre spécifiquement sur l’analyse morphologique des spermatozoïdes :
Il étudie la forme et la structure des spermatozoïdes
Il détermine le pourcentage de spermatozoïdes ayant une morphologie normale (ou typique)
Il identifie et quantifie les anomalies morphologiques des spermatozoïdes.
Les anomalies potentiellement détectées dans le spermogramme
Voici les normes de l’OMS (datées de 2010) pour établir si le spermogramme est normal ou non :
Volume de l’éjaculat : supérieur ou égal à 1,4 ml
pH : entre 7,2 et 8,0
Concentration en spermatozoïdes : ≥ 15 millions/ml
Numération totale de spermatozoïdes dans l’éjaculat : ≥ 39 millions
Mobilité totale : ≥ 40% – Mobilité progressive : ≥ 32%
Vitalité (pourcentage de spermatozoïdes vivants) : ≥ 58%
Morphologie normale : ≥ 4% (selon la classification de Krüger ou ≥ 15% (selon la classification de David) ou > 23% (selon la classification de David modifiée) – d’où l’importance de bien regarder la classification utilisée car les normes sont bien différentes (et dans tous les cas, retenez que la plupart des spermatozoïdes ont une forme anormale, chez tous les hommes !)
Globules blancs : < 1 million/ml
Absence d’agglutinats
Il est important de noter que ces valeurs sont des seuils minimaux et qu’un spermogramme est considéré comme normal lorsque tous ces paramètres sont atteints ou dépassés. Cependant, même si un ou plusieurs paramètres sont en dessous de ces normes, cela n’implique pas nécessairement une infertilité, mais peut indiquer la nécessité d’investigations supplémentaires ou de traitements spécifiques 🙂
Anomalie de volume de sperme
Au vu de ces « normes labo », on peut diagnostiquer une anomalie de volume :
Une hypospermie, si le volume de l’éjaculat est inférieur à 1,4 ml
Et une hyperspermie s’il est supérieur à 6 ml
On parle même d’aspermie s’il y a bien un orgasme, mais aucun éjaculat.
Anomalie de concentration en spermatozoïdes
Il est également possible de constater, grâce au spermogramme, qu’il n’y a pas assez de spermatozoïdes dans le sperme :
On parle d’oligozoospermie, si la concentration est inférieure à 16 millions/ml ou à 39 millions de spermatozoïdes dans l’éjaculat
Et on parle d’azoospermie s’il n’y a aucun spermatozoïde.
Anomalie dans la forme, la mobilité et la vitalité des spermatozoïdes
Forme : s’il y a moins de 4% de spermatozoïdes de forme typique selon la classification de Krüger (ou 15% ou 23%, si une autre classification est utilisée) dans le spermocytogramme, il y a un problème de tératozoospermie. Cette anomalie de forme peut être localisée sur la tête, le corps ou le flagelle des spermatozoïdes.
Mobilité : l’asthénospermie est diagnostiquée s’il y a moins de 32% de spermatozoïdes mobiles progressifs
Vitalité : il est question de nécrospermie si le sperme contient moins de 58% de spermatozoïdes vivants.
Il est fréquent d’observer des associations d’anomalies chez un même homme, comme l’oligoasthénotératozoospermie (OATS) qui combine une faible concentration, une faible mobilité et des anomalies morphologiques. Cette OATS peut être légère, modérée ou sévère.
Ces anomalies des spermatozoïdes peuvent être la cause d’une infertilité mais aussi d’arrêts de grossesse précoces (“fausses couches”) répétés.
La présence d’anticorps anti spermatozoïdes
Lorsque le spermogramme révèle des agglutinats de spermatozoïdes et une asthénospermie, il est possible de pousser les investigations et de faire un MAR test.
Le MAR test vise à détecter la présence d’anticorps anti-spermatozoïdes (ACAS) fixés directement sur les spermatozoïdes. Ces anticorps peuvent affecter la fertilité masculine en entravant la mobilité et la capacité de fécondation des spermatozoïdes.
Le test repose sur le principe suivant :
Des billes de latex enrobées d’IgG humaines (une classe d’anticorps) sont mélangées avec l’échantillon de sperme.
Un antisérum anti-IgG est ajouté au mélange.
Si des anticorps anti-spermatozoïdes sont présents sur les spermatozoïdes, ils formeront des complexes avec les billes de latex et l’antisérum.
Le test est considéré positif si 50% ou plus des spermatozoïdes mobiles sont agglutinés aux billes de latex.
En cas de résultat positif au MAR test, une recherche indirecte d’anticorps anti-spermatozoïdes peut être recommandée pour déterminer leur localisation précise (tête, pièce intermédiaire, flagelle) et leur classe (IgA et/ou IgG)3. Ces informations supplémentaires peuvent aider à orienter la prise en charge en procréation médicalement assistée.
Une infection
On peut aussi rechercher des germes pathogènes dans le sperme, grâce à un examen appelé la spermoculture. Il s’agit d’un examen complémentaire, mais il est indispensable dans le cadre d’un protocole de procréation médicalement assistée (PMA), pour éviter le risque d’infection pour la future maman.
La spermoculture vise donc à déceler une éventuelle infection des spermatozoïdes ou de l’appareil génital et à opter pour un traitement antibiotique approprié s’il s’avère qu’il y a bel et bien une infection.
Les tests complémentaires de fertilité masculine
Le test de migration survie, pour les couples en PMA
Le test de migration survie (TMS) est un examen important dans le cadre d’un bilan de fertilité masculine et de la préparation à une procréation médicalement assistée (PMA). Il permet en effet d’évaluer la capacité des spermatozoïdes à se déplacer et à survivre dans des conditions simulant la glaire cervicale, afin d’estimer leur fertilité et leur aptitude à féconder un ovocyte.
En fonction des résultats du TMS, l’équipe médicale pourra choisir la meilleure technique de PMA pour le couple :
TMS > 3 millions/ml : Insémination intra-utérine possible
TMS entre 1 et 3 millions/ml : Fécondation in vitro (FIV) classique recommandée
TMS < 1 million/ml : FIV avec micro-injection (ICSI) généralement préconisée.
Le test de la fragmentation ADN
Le test de fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes consiste à analyser l’intégrité du matériel génétique contenu dans les spermatozoïdes : il permet de distinguer les spermatozoïdes avec un ADN fragmenté de ceux qui ont un ADN intact.
Le test de fragmentation de l’ADN apporte des informations complémentaires au spermogramme sur la qualité du sperme et peut aider à orienter la prise en charge en cas d’infertilité masculine.
Ce test est recommandé dans plusieurs situations, notamment en cas d’échecs répétés en PMA, d’arrêts de grossesse précoces à répétition, de mauvaise qualité embryonnaire, de varicocèle, si l’homme a plus de 45 ans ou encore en cas d’infertilité inexpliquée.
Le résultat est exprimé en pourcentage de spermatozoïdes avec ADN fragmenté (indice DFI) et un résultat normal correspond à un DFI inférieur à 15% (moins de 15% des spermatozoïdes ont un ADN altéré).
Il n’est toutefois pas pris en charge par la sécurité sociale et doit être réglé de votre poche.
Est-ce qu’il est possible d’améliorer un spermogramme ?
La question importante ! Tout d’abord, il faut préciser qu’il ne faut pas se baser sur un seul spermogramme : en cas de résultats pas tout à fait optimaux, le médecin prescrit généralement un second spermogramme 3 mois après.
Pourquoi 3 mois ? C’est le temps de la spermatogénèse, le processus de création des gamètes mâles, alias les spermatos 🙂 Cette production est continue, de la puberté à la mort de l’homme (même si elle décroît avec l’âge), contrairement aux gamètes femelles, les ovules, puisque la petite fille naît avec son stock de follicules et n’en produit pas d’autres au cours de sa vie.
Au bout de 3 mois, on a donc une nouvelle fournée de spermatos (le stock est totalement renouvelé), qui peut être améliorée grâce à l’hygiène de vie ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les médecins recommandent souvent aux fumeurs d’arrêter de fumer plusieurs semaines avant un spermogramme.
On peut aussi améliorer un spermogramme en soignant son alimentation, en évitant les perturbateurs endocriniens, les sources de chaleur trop répétées (les spermatozoïdes n’aiment pas la chaleur et c’est bien pour ça que les testicules sont « en dehors » du corps, pour être plus au frais) et l’alcool. On peut aussi booster tout ça avec des plantes et compléments alimentaires bien choisis (contenant notamment du zinc et de la B9 méthylée !)
Par ailleurs, soigner une infection décelée par la spermoculture peut aider, tout comme l’opération d’un varicocèle. Un varicocèle se forme lorsque les veines du cordon spermatique se dilatent et entravent la spermatogénèse. Il s’agit d’une pathologie complètement bénigne, mais qui vient vraiment altérer la fertilité masculine !
En matière de spermogramme, il n’y a donc vraiment pas de fatalité et il y a plein de choses à faire pour avoir des spermatos en pleine forme 🙂 Si vous ressentez le besoin d’être accompagnés, on aborde largement ce sujet de la fertilité masculine et du spermogramme dans le Fertility Club, avec tout un module dédié 🙂
En conclusion, le spermogramme est un examen pas forcément évident car il touche un peu à la virilité, mais il est néanmoins indispensable en cas d’infertilité 🙂 Et surtout, il peut largement s’améliorer grâce à des ajustements d’hygiène de vie, et ça, c’est toujours porteur d’espoir !
Qu’en pensez-vous ? Est-ce que vous connaissiez toutes ces subtilités concernant le spermogramme et la fertilité masculine ? Si vous avez des questions, des remarques ou envie de partager votre expérience, l’espace commentaires ci-dessous est là pour vous !