Double ovulation : mythe ou réalité ?

Le cycle menstruel est quelque chose d’assez obscur, très peu enseigné et parfois tabou. Pour autant, il fait aussi l’objet de nombreux mythes qui peuvent déstabiliser et inquiéter certaines d’entre nous, notamment lorsque l’on cherche à adopter une approche naturelle de notre fertilité. 

C’est le cas de la double ovulation, concept flou et plein de fantasmes (vous savez, ce genre d’histoires de femmes enceintes de deux bébés à plusieurs semaines d’intervalle ?!).

Vous avez entendu parler de la double ovulation et souhaitez savoir si ce phénomène existe réellement et ce qui se cache derrière ?

On vous explique ce qu’en dit la science !

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Rappel nécessaire sur ce qu’est l’ovulation

Avant de parler de double ovulation, faisons le point sur ce qu’est l’ovulation tout court. Car la réponse est peut-être dans ce simple rappel !

En effet, un cycle menstruel est composé de quatre principales phases :

• Les menstruations (ou règles), qui ouvrent le nouveau cycle menstruel. C’est la phase durant laquelle la muqueuse utérine se détache s’il n’y a pas eu de fécondation au cycle menstruel précédent. En parallèle, le cerveau relance très doucement une ovulation : l’hypophyse sécrète en effet un peu de FSH, une hormone qui vient stimuler les ovaires, pour faire maturer les follicules. Les hormones féminines sont néanmoins encore basses !

• La phase pré-ovulatoire : la FSH est sécrétée en plus grande quantité et une vingtaine de follicules sont ainsi stimulés, chacun contenant un ovocyte. Au cours de leur développement, les follicules se mettent à sécréter des oestrogènes, qui viennent épaissir l’endomètre et stimuler la sécrétion de glaire cervicale. Au fil des jours, l’un des follicules mature plus vite que les autres et sécrète plein d’oestrogènes : c’est le follicule de De Graaf, qui va pouvoir expulser son ovocyte au cours de l’ovulation.

• L’ovulation, qui correspond à la libération par l’un des deux ovaires d’un ovocyte. Le follicule dominant (de De Graaf) est suffisamment mûr et, en réponse, le cerveau envoie une hormone, la LH. Cette hormone permet au follicule de se rompre pour que l’ovocyte puisse en sortir et être « happé » par la trompe utérine, dans laquelle il attendra un spermatozoïde. L’ovule survit environ 18 heures : s’il n’est pas fécondé par un spermatozoïde dans ce laps de temps, il meurt (comme tous les autres ovocytes qui se sont lancés dans la course en début de cycle).

• La phase post-ovulatoire, marquée par une hausse de la progestérone : une fois que l’ovule part dans la trompe, son follicule, devenu le corps jaune, se met à sécréter de la progestérone. Si une grossesse n’a pas démarré, le corps jaune s’atrophie et meurt au bout de 16 jours maximum. Dans ce cas, l’endomètre se détache, et les règles surviennent.

Vous vous demandez pourquoi on vous précise ces jeux hormonaux ? Et bien car ils jouent un rôle primordial dans l’ovulation et (attention spoiler !), dans le fait qu’il ne peut y en avoir qu’une par cycle, ou presque !

L’ovulation est en effet suivie d’une hausse rapide de la progestérone : or, la progestérone, c’est l’hormone qui met tout en oeuvre pour maintenir une grossesse, même s’il n’y a pas eu de fécondation : elle augmente notre température, vascularise notre utérus, maintient l’endomètre en place, mais aussi et surtout, elle envoie un signal au cerveau pour l’empêcher d’envoyer de la LH. Et sans LH, il n’est pas possible d’ovuler ! Tant qu’il y a de la progestérone, il n’y pas de nouvelle ovulation possible, afin que, si l’ovule devait être fécondé par un spermatozoïde, il puisse s’implanter sans frasque dans l’utérus.

Autrement dit, une fois que l’ovulation a eu lieu, le profil hormonal de la femme change pour empêcher une autre ovulation dans le même cycle menstruel.

Ce phénomène de l’ovulation ne peut intervenir qu’une seule fois dans le cycle, c’est-à-dire que si vous ovulez le jour 16, vous n’allez pas ovuler à nouveau le jour 24. C’est fait, et rien ne se passera plus jusqu’à vos prochaines règles. Le cycle menstruel ne peut redémarrer qu’une fois la progestérone revenue à zéro !

Pour autant, à chaque ovulation il n’y a qu’un seul ovule qui est libéré, alors même que nous avons deux ovaires. C’est un peu le hasard à chaque fois, l’un gagne, l’autre perd : mais il arrive qu’il y ait des exceptions. C’est là que peut intervenir le fameux phénomène de double ovulation !

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Les possibilités de double ovulation

La libération de deux ovules en simultané : les faux jumeaux 

Tout d’abord, s’il ne peut pas y avoir deux ovulations au cours du même cycle menstruel, il est possible que deux ovules soient expulsés au cours d’une même ovulation, à maximum 24h d’intervalle : l’espace d’une journée, pas plus ! Pour schématiser, les deux ovaires ont tout donné et arrivent ex aequo à la fin de la phase pré-ovulatoire : ils libèrent tous les deux un ovocyte. Cela peut même avoir lieu dans un seul ovaire très vaillant, qui a réussi à faire maturer 2 follicules.

On est donc dans la même ovulation, mais elle est double, un ovaire n’a pas réussi à court-circuiter l’autre (ou plusieurs follicules sont arrivés gagnants dans le même ovaire). Ce phénomène donne naissance aux “faux” jumeaux (voire des triplés ou plus, si 3 ovules ou plus sont libérés !). Ils ne se ressemblent pas et peuvent être de sexe opposé car ils ne proviennent pas du même ovocyte, contrairement aux “vrais” jumeaux qui eux, proviennent du même ovule divisé en deux.

Ce phénomène de double ovulation, que l’on devrait plutôt appeler ovulations simultanées, se rencontre en priorité chez les femmes :

• Ayant des faux-jumeaux dans leur famille (facteur héréditaire)

• Qui prennent des médicaments ou un traitement pour favoriser la procréation (c’est souvent le cas en PMA).

La tentative d’ovulation qui n’aboutit pas

L’autre phénomène qui peut induire en erreur et faire croire à une double ovulation est lorsque votre corps, du fait d’une période de stress, de l’arrêt d’une contraception hormonale ou encore à la puberté et en pré-ménopause, a des difficultés à lancer une ovulation. 

Pendant cette tentative, vous ne risquez pas de tomber enceinte, vous n’êtes pas fertile, l’ovule n’ayant pas été libéré (même si un test d’ovulation pourrait laisser penser le contraire, car il aura détecté la présence de l’hormone LH). 

Les raisons qui expliquent une tentative d’ovulation qui ne réussit pas

Si vous venez d’arrêter la pilule, il est probable que vous soyez sujette à de telles tentatives infructueuses. Vous aurez dès lors une montée d’oestrogènes, mais pas suffisamment forte pour déclencher le pic de LH et l’ovulation. Pas d’inquiétude, le cycle menstruel va retrouver son cours naturel. 

Cela produit aussi chez les femmes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : assez souvent, l’hormone LH est constamment élevée, dès le début du cycle. Or, au-delà de la quantité de production de cette hormone, c’est surtout son pic, son augmentation soudaine, qui permet l’ovulation. Si elle est toujours haute, sans pic, elle ne remplit pas ce rôle. C’est la raison pour laquelle, pour les femmes en SOPK, les tests d’ovulation réagissent souvent !

Cela peut aussi arriver en post-partum, car la prolactine inhibe l’ovulation, ou encore après un arrêt de grossesse précoce, le temps que la bêta HCG et la progestérone retrouvent un niveau minimal, puis que le cycle redémarre normalement. Pour certaines femmes, cette phase de tentatives s’éternise et lorsqu’elle dure plus de 3 mois, on parle d’aménorrhée : les règles sont absentes. Un choc émotionnel, des carences alimentaires ou du sport en excès peuvent aussi bloquer le cycle.

Néanmoins, le corps essaie toujours d’ovuler, coûte que coûte, puisque nous sommes « programmées » pour nous reproduire, dans un souci archaïque de préservation de l’espèce (oui, sur ce point, notre cerveau n’a pas évolué depuis la nuit des temps !).

Comment reconnaître une tentative ratée d’ovulation ?

Ces tentatives d’ovulation se font connaître avec une apparition de glaire cervicale, des « départs de glaire » qui ne s’accompagnent pas d’une hausse de votre température. Si vous utilisez une méthode naturelle comme la symptothermie, vous serez donc capable de distinguer cette tentative d’ovulation d’une véritable ovulation. 

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Comment reconnaître une double ovulation ?

Il n’est pas vraiment possible de reconnaître une double ovulation, car, comme il s’agit en fait d’une seule ovulation, les symptômes sont les mêmes :

• Apparition de glaire cervicale fluide, lubrifiée et translucide
• Une température qui augmente de 0,3 degrés environ après l’ovulation
• Le col de l’utérus s’ouvre, devient plus doux et remonte
• Eventuellement des douleurs péri-ovulatoires (des crampes, des tiraillements qui encadrent l’ovulation).

En termes de gestion de votre fertilité, si vous utilisez une méthode naturelle de contraception, cela ne correspond donc qu’à un seul pic, que vous observerez avec un seul pic de glaire et une seule montée de température. En effet, tout se passe à peu près au même moment, dans une période de 24h tout au plus.

Néanmoins, les méthodes naturelles tiennent compte de cette possibilité de double ovulation, puisqu’il n’est possible de reprendre des rapports non protégés que 3 voire 4 jours après l’ovulation, selon les méthodes. On part du principe qu’un ovule survit grand maximum 24 heures : mais si un autre ovule est sécrété dans ce laps de temps, on peut donc rester fertile jusqu’à 48 heures après l’ovulation. Si on ne souhaite pas démarrer de grossesse, il faut donc attendre le 3ème jour pour reprendre des rapports non protégés si on le souhaite. En revanche, si on est en mode conception, cela nous laisse un peu plus de marge 😉

Mais il ne s’agit pas de deux ovulations car vous l’avez compris, il n’est pas possible d’avoir une nouvelle montée d’oestrogènes et de LH aboutissant à la libération d’un ovule quand l’un d’entre eux a déjà été libéré, la progestérone bloque ce processus. 

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Mais alors, pourquoi ce mythe autour de la double ovulation ? 

La fameuse étude canadienne de 2003

Si de nombreux médias et même professionnels de la santé parlent de double ovulation, c’est parce qu’ils reprennent une étude menée en 2003 par des chercheurs canadiens, qui a été largement médiatisée, mais aussi déformée.

Son auteur lui-même a d’ailleurs dû mettre en garde contre l’exagération de ses conclusions.

On vous explique : les chercheurs ont étudié 50 femmes et ont remarqué que chez certaines, il y avait plusieurs vagues de croissances folliculaires au cours d’un même cycle. Rien d’étonnant, cela correspond aux tentatives d’ovulation dont on vient juste de parler, les ovaires travaillant d’arrache pied à faire mûrir des ovocytes, mais n’y arrivant pas toujours du premier coup.

Sauf que des journalistes ont reformulé cette conclusion en “il peut y avoir plusieurs ovulations dans un même cycle menstruel”, et que cette information a été très très largement reprise. D’où la révélation à l’époque (malheureusement toujours répétée) selon laquelle il pourrait y avoir une double ovulation, voire une triple ovulation !

Commentant le principal article ayant parlé de double ovulation (celui qui a fait un énorme buzz), le Dr Roger Pierson, l’auteur de l’étude canadienne, a d’ailleurs dit “cet article prétend que les femmes ovulent deux ou trois fois par mois et ce n’est tout simplement pas vrai”. Seule la dernière vague de croissance folliculaire aboutit à l’ovulation.

Mais trop tard, la machine médiatique était en marche et le mal était fait.

Vous au moins, vous savez !

Le phénomène de superfétation

Enfin, l’autre événement pouvant créer la confusion, qui figure d’ailleurs plus souvent dans la rubrique “faits divers” que dans les articles scientifiques, est le phénomène de superfétation. 

Super… quoi ? La superfétation correspond à l’implantation d’un nouvel embryon dans un utérus qui en contient déjà un, d’une grossesse antérieure. Cela arrive chez certains animaux, notamment les souris et les lapins. Autrement dit, il y a deux embryons qui se développent en décalé, issus de deux fécondations différentes.

Chez la femme, autant dire que ce phénomène relève plutôt de la science-fiction (s’agissant de la science tout court, il n’y a pas encore eu de confirmation à notre connaissance) ! Pour autant, une dizaine de cas auraient été recensés dans le monde, qui ont, là aussi, fait grand bruit. 

Certaines théories considèrent que cela pourrait être dû à un taux anormalement élevé de FSH, l’hormone qui stimule les follicules, au point qu’elle pourrait résister à l’effet inhibiteur de la progestérone, permettant une nouvelle ovulation malgré une grossesse en cours.

Pour mieux comprendre ce phénomène de la superfétation, n’hésitez pas à consulter notre article dédié !

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Alors, la double ovulation, c’est possible ?

Vous l’aurez compris, la double ovulation au sens de deux ovulations différentes au cours d’un même cycle menstruel n’est pas envisageable, pour des raisons principalement hormonales. Tout est fait pour qu’on n’ovule qu’une seule fois par cycle menstruel !

En revanche, ce qui est possible, c’est la libération de deux ovules (voire plus) au cours d’une même période ovulatoire, donnant naissance à des faux jumeaux ou des grossesses multiples. Ou encore les tentatives d’ovulation qui n’aboutissent pas mais qui peuvent être observées, à tort, comme des ovulations réussies. 

On espère vous avoir permis d’y voir plus clair face à cette croyance un peu inquiétante, qui peut largement vous induire en erreur. S’il vous reste une question en suspens, venez nous en parler en commentaire !