Les idées clés
Entre nous, qui ne s’est pas déjà posé de sérieuses questions face à la vue (ou la sensation) de pertes vaginales liquides, qui ressemblent à de l’eau et mouillent nos culottes (sans être de l’urine !) ? On vous rassure tout de suite : si cela vous est arrivé, vous n’êtes clairement pas la seule !
En effet, ces pertes blanches liquides nous arrivent à toutes car elles sont normales. On ne le sait pas forcément, car le sujet est un peu tabou, mais ces sécrétions ne sont pas sales ou honteuses : elles font juste partie des mécanismes naturels de notre corps et sont souvent liées à nos hormones et notre cycle menstruel. Il arrive néanmoins aussi que ces sécrétions soient le signe d’un souci de santé, et qu’elles méritent un avis et un traitement médical. D’où l’importance de les connaître et de savoir les décrypter, pour savoir quelles pertes sont normales… ou pas !
Envie de comprendre (enfin !) pourquoi il arrive parfois que vos pertes soient totalement liquides, ou du moins, un peu plus présentes que d’habitude dans votre culotte ? On vous explique toutes les raisons à ça et croyez-nous, vous n’allez plus regarder vos pertes blanches de la même manière 😉
L'article, en bref
ToggleLes pertes vaginales : qu’est-ce que c’est ?
Les pertes blanches ou pertes vaginales sont des sécrétions vaginales, qui sont aussi parfois appelées « leucorrhées » par les médecins. Elles sont naturelles et totalement normales dans 99% des cas : elles n’ont donc rien de sale et avoir des pertes blanches dans sa culotte ne veut absolument pas dire que vous avez un souci d’hygiène intime ou de santé, bien au contraire !
Il est important de réhabiliter les pertes blanches et, pour cela, il est essentiel de comprendre à quoi elles correspondent 🙂
Auto-nettoyage du vagin
Est-ce que vous saviez que le vagin est autonettoyant ? En effet, tous les jours, il procède à sa petite toilette intime et évacue tout ce qu’il souhaite « mettre dehors » (bactéries, cellules mortes, etc.) par le biais de pertes blanches. Ces pertes aident à maintenir le vagin propre, à éradiquer les bactéries et à prévenir les infections. En revanche, ces pertes n’ont pas un aspect liquide : elles vont être plutôt pâteuses et discrètes.
Ces pertes blanches peuvent aussi être très acides, et décolorer nos sous vêtements : le vagin est un milieu au pH très bas, et c’est sa principale arme de défense contre les agents pathogènes.
Cyprine
Lors d’un rapport sexuel ou d’un moment d’excitation, notre vagin sécrète un liquide très particulier, la cyprine. Cette sécrétion permet de lubrifier le vagin et les petites lèvres, de prévenir les lésions vaginales et de rendre les rapports plus agréables ! Son pH un peu acide lui confère également un rôle de protection contre les agents pathogènes.
Elle est généralement liquide comme de l’eau et inodore ; sa quantité dépend du niveau d’excitation, mais varie aussi selon les femmes. Elle est l’équivalent du liquide séminal chez les hommes !
Facile à reconnaître, elle intervient en réaction à une excitation, seule ou à plusieurs !
Glaire cervicale
Enfin, les pertes liquides peuvent aussi correspondre à de la glaire cervicale ! La glaire cervicale est un mucus sécrété par de petites glandes qui se trouvent dans le col de l’utérus. Sa particularité ? Sa consistance évolue en fonction des phases de notre cycle menstruel, sous l’action des oestrogènes.
Les oestrogènes sont les hormones de la première moitié du cycle menstruel, lorsque notre corps prépare une ovulation. Plus l’ovulation approche, plus les oestrogènes sont sécrétés en grande quantité par nos follicules ovariens (les petits sacs qui contiennent un ovule). C’est la raison pour laquelle la glaire cervicale est présente en abondance à ce moment-là, et devient transparente, étirable et lubrifiée au fur et à mesure que le jour J de l’ovulation arrive.
On dit généralement que la glaire d’ovulation a une consistance semblable à du blanc d’œuf cru, et c’est tout à fait vrai ! Mais selon les femmes, elle peut être tellement lubrifiée qu’elle devient liquide, comme de l’eau, ou comme de l’huile. Il n’y a pas réellement de matière palpable à étirer, mais on se sent « mouillée » et on peut même avoir l’impression que ça « coule », comme pendant nos règles… sauf que c’est de la glaire cervicale !
La nature étant bien faite, la consistance liquide/lubrifiée de la glaire cervicale est très utile pendant l’ovulation :
Elle participe une meilleure lubrification pendant les rapports, avec la cyprine
Elle protège les spermatozoïdes de l’acidité du vagin et les nourrit
Elle leur ouvre l’accès au col de l’utérus, grâce à son maillage relâché, et les escorte gentiment jusqu’à l’ovule.
Une fois la phase fertile refermée (la phase fertile d’une femme dure environ 6 jours par cycle menstruel : 5 jours avant l’ovulation, grâce à la glaire, et le lendemain car l’ovule vit 12 à 18h), les oestrogènes chutent et la progestérone prend leur place. La progestérone vient assécher la glaire cervicale, qui va de nouveau former comme une espèce de « bouchon » au maillage resserré à l’entrée du col de l’utérus, pour empêcher les spermatozoïdes d’entrer.
À quel moment les pertes blanches peuvent-être liquides ?
Vous l’avez compris, les pertes blanches sont absolument physiologiques et leur présence n’a rien d’anormal. Voyons à quels moments elles peuvent avoir une consistance semblable à de l’eau 🙂
Au moment de l’ovulation
Quand on est au max de notre fertilité, on l’a vu, la glaire cervicale peut devenir aqueuse, car elle est hyper lubrifiée par les oestrogènes en présence. Cette glaire cervicale laiteuse/blanc d’œuf/huileuse/aqueuse est un signe que l’ovulation est imminente et un indice très précieux pour savoir où vous en êtes dans vos cycles !
Pendant et après un rapport sexuel
Ici, c’est plutôt la cyprine qui est responsable de vos pertes blanches qui ressemblent à de l’eau, puisqu’on l’a dit, elle permet la lubrification du vagin.
Après un rapport, vos pertes blanches peuvent être un mélange de cyprine, de sperme, voire de glaire cervicale. D’ailleurs, si vous souhaitez faire la distinction entre la glaire cervicale et les autres sécrétions, vous pouvez faire le test du verre d’eau !
Comment procéder ? Il vous suffit de prélever votre perte au niveau de la vulve (avec des mains propres !) puis de la mettre dans un verre d’eau : si elle coule et se dissout, c’est probablement du sperme, de la cyprine ou d’autres sécrétions ; si elle reste compacte, c’est de la glaire !
Pendant la grossesse
La grossesse est une période de la vie durant laquelle vous pouvez avoir l’impression qu’un tsunami se produit régulièrement dans votre culotte. Et on vous rassure, c’est normal ! En effet, votre niveau d’oestrogènes crève le plafond, ce qui a pour effet d’augmenter vos sécrétions de glaire cervicale (et oui, encore elle !).
Si vos pertes blanches sont très liquides, il se peut aussi qu’il s’agisse de fuites urinaires : elles sont très courantes chez la femme enceinte, et il y a zéro honte à avoir 😉 En effet, le poids de l’utérus fait pression sur la vessie et une hormone appelée la relaxine relâche les muscles du plancher pelvien. De plus, pendant la grossesse, nos reins tournent à plein régime pour bien éliminer les déchets générés par le bébé !
Voici quelques astuces pour distinguer fuites urinaires et glaire cervicale :
Les fuites urinaires ont une odeur caractéristique d’urine (souvent très légère), alors que la glaire cervicale n’a pas d’odeur
L’urine est jaune pâle, quand la glaire est blanche ou transparente
Les fuites urinaires surviennent souvent après un effort ou un éternuement, tandis que la glaire s’écoule de manière « inopinée »
Les fuites urinaires s’accompagnent d’une sensation de chaleur au moment de l’écoulement, ce qui n’est pas le cas de la glaire
Enfin, si vous avez des pertes à la texture liquide pendant votre grossesse, il se peut qu’il s’agisse du liquide amniotique : il s’agit du liquide dans lequel baigne votre bébé et qui assure sa protection contre les chocs et les infections.
Le liquide amniotique est transparent, inodore, sa sécrétion est plus abondante qu’une fuite urinaire et et il s’écoule en continu (l’écoulement ne s’arrête pas quand on contracte les muscles). Lorsque la poche est franchement rompue, l’écoulement est abondant ; s’il s’agit seulement d’une fissure, l’écoulement est moindre.
Si cela vous arrive alors que vous n’êtes pas proche de votre terme (avant 37 semaines d’aménorrhée ou 35 semaines de grossesse), on vous recommande de consulter votre médecin, gynécologue ou sage femme.
En périménopause
Au moment de la périménopause, notre cycle menstruel commence à dérailler un peu, car le dialogue entre notre cerveau et nos ovaires se brouille : les deux étages se comprennent de moins en moins, avant que la communication soit définitivement rompue au moment de la ménopause.
Au début de la périménopause (parfois 10 ans avant l’arrêt définitif des cycles), la progestérone commence à faiblir et les oestrogènes prennent le dessus : or, si vous avez bien suivi, ce sont eux qui boostent la production de glaire cervicale ! C’est la raison pour laquelle on peut se retrouver avec des pertes blanches plus abondantes, à la consistance laiteuse voire liquide durant cette phase de transition.
Par ailleurs, les dysfonctionnements hormonaux à l’oeuvre provoquent des bouffées de chaleur, qui nous font transpirer et peuvent décupler la sensation d’humidité au niveau vaginal.
Pendant l’adolescence
Les jeunes filles peuvent expérimenter un processus similaire : au moment de la puberté, le corps se met à vouloir lancer le cycle menstruel et l’ovulation. Or, de la même manière qu’il met plusieurs années à s’arrêter, le cycle met plusieurs années à démarrer et se rôder !
Ainsi, les œstrogènes peuvent aussi être prédominants à l’adolescence et provoquer une forte sécrétion de glaire très lubrifiée. On vous rassure, cette période est transitoire !
En post-partum
Comme pour la périménopause ou l’adolescence, le post-partum est un moment durant lequel les hormones sont un peu chamboulées et les oestrogènes peuvent être un peu trop zélés, d’où la forte présence de glaire cervicale à la consistance crémeuse ou laiteuse ! C’est normal et les choses devraient rentrer dans l’ordre avec votre retour de couches, ou un peu après, le temps que vos cycles soient de nouveau réguliers 🙂
De plus, après l’accouchement, on a ce qu’on appelle des lochies : ce sont des sécrétions issues de l’expulsion des derniers restes de la grossesse de la part de l’ utérus. Elles sont sanguinolentes au début, avant de devenir plus translucides et avoir une texture visqueuse/liquide au bout de quelques semaines.
À quel moment faut-il consulter un médecin ?
Si les pertes blanches sont normales 9 fois sur 10, il arrive parfois qu’elles soient un signal d’alarme, le signe d’une infection ou d’un autre problème de santé. Dans ces cas-là, il est important de consulter !
Si elles s’accompagnent d’autres symptômes
Si vous constatez un changement de couleur ou d’odeur de vos pertes blanches, cela doit vous alerter. En effet, si elles deviennent verdâtres, jaunâtres et/ou malodorantes, cela peut indiquer une infection ou une mycose :s Cela vaut aussi si vous observez un changement de texture, si vos pertes blanches deviennent mousseuses ou grumeleuses, par exemple.
Idem si vous ressentez des démangeaisons, une irritation, une sensation de brûlure, voire de la fièvre ! De manière générale, au moindre inconfort, parlez-en à votre médecin (qui a l’habitude, donc n’ayez pas honte !).
Pendant la ménopause
Au moment de la ménopause, le cycle menstruel est à l’arrêt et vous n’êtes plus censée sécréter de la glaire cervicale très lubrifiée. Vous pouvez avoir des sécrétions un peu pâteuses liées à l’auto-nettoyage du vagin, ou de la cyprine sécrétée au moment des rapports, mais la ménopause se caractérise plutôt par une certaine sécheresse vaginale (que l’on peut traiter avec de l’huile d’onagre, par exemple, pour retrouver du confort, ou un traitement hormonal de la ménopause !).
Ainsi, de manière générale, il est préférable de toujours consulter quand on a des pertes blanches liquides pendant la ménopause, surtout si vous avez d’autres symptômes associés, voire une perte de sang. Il se peut qu’il s’agisse d’une infection ou d’un autre problème de santé ! Ce n’est pas forcément grave, mais il vaut mieux avoir un avis médical 😉
Si elles arrivent un peu tôt dans la grossesse
Les pertes blanches liquides sont fréquentes pendant la grossesse : toutefois, si vous avez un doute et/ou si vos pertes sont abondantes et continues, il se peut qu’il s’agisse d’une fuite de liquide amniotique, surtout si c’est soudain et que cela se produit bien avant la fin de votre grossesse. Dans ce cas, vous pouvez vous rapprocher de votre médecin, qui vous fera un test de détection de liquide amniotique, pour déterminer la nature de votre fuite.
Par ailleurs, les mycoses et infections sont fréquentes pendant la grossesse et nécessitent un traitement : donc là encore, si vous avez des pertes blanches un peu douteuses en termes de couleur, d’odeur ou d’inconfort, demandez toujours l’avis de votre gynécologue ou de votre sage femme.
Comment gérer les pertes vaginales liquides ?
Maintenant qu’on a vu toutes les raisons qui peuvent expliquer la présence de pertes blanches liquides, voyons comment on peut gérer cette abondance de sécrétions et retrouver un certain confort 🙂
Tout d’abord, n’hésitez pas à porter des sous-vêtements en coton, qui laissent bien respirer votre vulve et atténuent la sensation d’humidité. Si vous êtes enceinte ou en post-partum et que vos pertes blanches sont vraiment pénibles à gérer, vous pouvez passer aux culottes de règles !
Le protège slip est OK dans l’idée, mais les protections jetables ont souvent des compositions un peu douteuses : donc dans le doute et, sauf exceptions, il est préférable de s’en passer 🙂 Sinon, préférez une version lavable, en tissu.
On vous recommande aussi d’éviter d’avoir une toilette intime trop poussée : le vagin étant autonettoyant, il n’est pas nécessaire de le laver avec du savon ! Cela peut même s’avérer contre-productif, puisque certains produits peuvent déséquilibrer la flore vaginale et son pH (qui sont ses mécanismes de défense) et ainsi faciliter l’installation des agents pathogènes et des infections. On évite aussi formellement les douches vaginales et on privilégie un rinçage quotidien de la vulve à l’eau uniquement 🙂
Pour conclure, il arrive finalement assez souvent, dans la vie d’une femme, d’avoir des pertes blanches, des leucorrhées assez liquides : si elles peuvent questionner, elles sont néanmoins normales et un signe que notre corps de femme fonctionne correctement, en termes d’hygiène et de fertilité. La grossesse est aussi une période durant laquelle on cohabite avec ces sécrétions !
Toutefois, quand on voit que ses pertes blanches changent et qu’elles deviennent inconfortables, elles nous alertent de la présence d’un problème de santé. Dans tous les cas, ces pertes sont infiniment précieuses, car elles sont des messagères de ce qu’il se passe à l’intérieur de nous 🙂
Qu’en pensez-vous ? Est-ce que vous connaissiez toutes ces subtilités concernant vos pertes blanches ? En tout cas, si vous avez des questions qui n’auraient pas trouvé de réponse dans cet article, n’hésitez pas à nous en faire part en commentaire !