Les idées clés
Crampes, sautes d’humeur, fatigue, sensibilité accrue, poitrine tendue, etc. : si vous vous demandez parfois (ou souvent) si vos symptômes de fin de cycle menstruel sont liés à une grossesse ou « simplement » à votre syndrome prémenstruel, vous n’êtes pas seules ! Cela concerne aussi bien les femmes qui ont envie d’avoir un bébé que celles qui ne sont absolument pas prêtes à en avoir un 🙂
Qu’on ait l’habitude d’avoir des symptômes saugrenus, ou qu’un cycle nous en fasse découvrir de nouveaux jusqu’alors inconnus, ces fluctuations peuvent clairement poser question : « je suis enceinte, ou pas ?!« , « SPM ou grossesse ?« . En effet, nos hormones nous jouent parfois des tours et leurs messages ne sont pas toujours clairs, surtout quand on a tendance à tout sur-analyser (on vous voit, et surtout, on vous comprend !).
Dans ce qui suit, on va tenter de vous expliquer comment faire la différence entre les symptômes du syndrome prémenstruel et ceux qui peuvent être des signes de grossesse précoces 🙂 Let’s go !
L'article, en bref
ToggleQue se passe-t-il dans notre corps à l’approche des règles ?
Pour comprendre les mécanismes hormonaux qui se jouent en cas de SPM ou de grossesse, voyons comment les choses se déroulent au cours du cycle menstruel, quand tout se passe plutôt normalement 🙂
Le cycle menstruel démarre avec les règles : à ce moment-là, les hormones sont au plus bas mais commencent tranquillement à remonter, car le cerveau met tout en oeuvre pour relancer une ovulation.
Pendant la phase pré-ovulatoire, le cerveau envoie une hormone, la FSH, aux ovaires, pour stimuler les follicules ovariens, qui contiennent chacun un ovocyte (un ovule). En réponse, les follicules sécrètent des oestrogènes, qui sont les hormones « stars » de la première moitié du cycle, des règles à l’ovulation.
Pendant la phase ovulatoire, l’un des follicules mature plus vite que tous les autres et sera le follicule qui ovulera sur ce cycle. Le cerveau détecte qu’il sécrète beaucoup d’oestrogènes et envoie une autre hormone, la LH, qui va permettre à ce dit follicule (le follicule de De Graaf) de rompre sa membrane et donc de libérer son ovocyte.
Une fois l’ovulation passée, notre cerveau et nos hormones mettent tout en place pour favoriser une grossesse (qu’on soit en essai bébé ou non, ils s’en fichent !) : ainsi, le follicule ovarien, vidé de son ovocyte, se met à sécréter de la progestérone. Cette progestérone est une hormone très précieuse pour démarrer une grossesse, car elle élève notre température, maintient la muqueuse utérine, nous apaise et détend nos muscles et nos ligaments (entre autres !).
Le corps jaune en produit de manière exponentielle pendant environ 7 jours, puis, sans grossesse, il finit par se détériorer : la progestérone amorce alors sa descente et quand elle est au plus bas, la muqueuse utérine se détache et est évacuée avec les menstruations.
Le SPM et ses symptômes
Tout ce que l’on vient d’expliquer, c’est quand le cycle est « normal » ou en tout cas relativement équilibré. Or, chez la plupart des femmes, la deuxième partie du cycle est plus compliquée à vivre : c’est le fameux SPM !
Qu’est-ce que le SPM ?
Le SPM est donc le syndrome prémenstruel, qui concerne beaucoup d’entre nous ! Comme son nom l’indique, il se déclare juste avant l’arrivée des règles (3-4 jours), même si certaines femmes souffrent de leur SPM pendant plus longtemps, parfois dès la fin de l’ovulation.
Les raisons pour lesquelles le syndrome prémenstruel se manifeste sont encore peu étudiées, mais les recherches avancent à ce sujet : il semblerait qu’il soit lié à la chute hormonale de la fin du cycle menstruel, mais aussi à un manque de progestérone après l’ovulation, par rapport aux oestrogènes, ou encore à une carence en endorphines et/ou en sérotonine (si le sujet vous intéresse, on a un épisode de podcast qui explique les 4 principales causes du SPM).
Attention, l’insuffisance en progestérone par rapport aux oestrogènes peut être absolue ou relative : la progestérone peut être présente en quantité tout à fait normale, mais les oestrogènes peuvent être vraiment trop hauts ; il est aussi possible que la progestérone soit objectivement trop basse, alors même que les oestrogènes sont OK. Dans tous les cas, il y a un souci avec nos hormones, avec un déséquilibre en faveur des oestrogènes.
Les symptômes du SPM
Les manifestations du syndrome prémenstruel sont assez nombreuses et il n’existe pas une liste de symptômes totalement arrêtée (on en compte près de 150). On dit souvent que chaque femme peut avoir un SPM différent ! Néanmoins, dans ceux qui reviennent le plus souvent, on peut citer : les crampes utérines, les troubles de l’humeur, les fringales, ou encore les migraines hormonales et un sommeil perturbé. Entre autres !
Ces symptômes du syndrome prémenstruel ont aussi la particularité d’être très cycliques : ils reviennent au même moment du cycle et s’estompent lors de l’arrivée des règles.
Les symptômes communs du SPM et de la grossesse
En voyant la liste des symptômes du syndrome prémenstruel, vous vous dites peut-être : « ah oui, c’est un peu les mêmes qu’en début de grossesse !« , et vous avez totalement raison : faire la différence entre les deux est assez compliqué 🙂
Mais pourquoi ? Pour comprendre, voyons comment nos hormones se comportent après l’ovulation, en SPM ou en début de grossesse 🙂
Nos hormones en cas de SPM
Quand on a un SPM, la progestérone est donc sécrétée par le corps jaune après l’ovulation, sauf qu’elle peut n’être pas assez puissante face aux œstrogènes. Or, les oestrogènes ont tendance à nous « faire gonfler » : on peut avoir les seins tendus ou les jambes lourdes ! Ils peuvent aussi provoquer des maux de tête, migraines, des nausées.
Dans le même temps, quand la progestérone est basse, elle ne remplit pas son rôle relaxant à la fois sur nos muscles et notre système nerveux, ce qui peut expliquer nos changements d’humeur et les crampes ressenties dans le bas ventre ou certaines douleurs lombaires, par exemple.
Ensuite, ces deux hormones chutent à l’approche des règles, et notre cerveau peut avoir du mal à s’ajuster à ce changement hormonal brusque, ce qui impacte nos neurotransmetteurs, comme ceux de l’humeur, de la faim ou de l’apaisement, par exemple. On est dans une sorte de “sevrage hormonal”, qui peut être difficile à gérer.
Nos hormones en cas de grossesse
En début de grossesse, la progestérone se maintient car elle est essentielle à la grossesse 🙂 Cela peut expliquer qu’on soit assez fatiguée, puisqu’elle apaise notre système nerveux.
Par ailleurs, les oestrogènes sont également assez élevés, avec tous les symptômes associés : jambes lourdes, rétention d’eau, migraines, poitrine sensible et enflée, etc.
Cette forte production hormonale est due à la présence de la beta hCG, la fameuse « hormone de grossesse » qui est détectée par les tests, et qui ordonne au corps jaune de maintenir sa production de progestérone. Or, la beta hCG vient aussi avec son « lot » d’effets secondaires associés, comme les nausées, une grosse fatigue et des douleurs mammaires.
La check list des signaux communs du SPM et de la grossesse
Comme vous pouvez le voir, si les mécanismes hormonaux à l’oeuvre ne sont pas tout à fait les mêmes en SPM et en début de grossesse, ils peuvent néanmoins se manifester un peu de la même manière, notamment en raison de la présence d’oestrogènes.
Voici leurs symptômes communs, qui peuvent clairement prêter à confusion :
Fatigue
Troubles du sommeil
Tensions mammaires
Tiraillements dans le bas ventre
Changements d’humeur, irritabilité, sentiment d’être « à fleur de peau », émotions décuplées
Troubles digestifs
Ballonnements
Nausées
Maux de tête, migraine hormonale
Envies plus fréquentes d’uriner, car la progestérone est diurétique
Retour de glaire cervicale : ce mucus produit par le col de l’utérus est corrélé à la sécrétion d’oestrogènes. Si elle est très présente au moment de l’ovulation, elle peut aussi faire son come-back avant les règles, mais aussi en début de grossesse !
Les signes précoces de grossesse
Les signes précoces de grossesse ressemblent donc beaucoup au SPM ou à l’arrivée des règles, mais voici ceux, plus singuliers, qui peuvent vraiment vous mettre la puce à l’oreille !
Le saignement de nidation
L’un des symptômes assez différenciant est le saignement de nidation ou saignement d’implantation : il correspond à la petite perte de sang induite par l’accroche du bébé dans l’utérus. Il a généralement lieu 6-7 jours après l’ovulation et est assez ponctuel, il se produit en une fois.
Petite nuance néanmoins : il ne faut pas confondre le saignement de nidation avec un spotting prémenstruel, celui qui annonce l’arrivée des règles.
Voici comment faire la différence 🙂 Les spottings prémenstruels s’étalent généralement sur plusieurs jours et les saignements s’intensifient jusqu’aux règles. Ils surviennent également plus tardivement, (environ 10 jours après l’ovulation) mais ceci n’est pas une science exacte : en effet certaines femmes peuvent avoir une carence en progestérone, et avoir des spottings sur toute la phase lutéale, ou encore avoir une phase post-ovulatoire raccourcie. Leurs règles peuvent alors survenir 8-9 jours après l’ovulation, et les spottings démarrer dès les jours qui suivent l’ovulation !
Par ailleurs, beaucoup de femmes enceintes n’ont pas ce saignement de nidation 🙂
Les tubercules de Montgomery
Un autre symptôme du début de grossesse se situe au niveau des seins : ce sont les tubercules de Montgomery, qui sont plus visibles ! Les tubercules de Montgomery sont de petites glandes situées autour de l’aréole (la zone pigmentée entourant le mamelon), qui apparaissent sous forme de toutes petites bosses. Quand on est enceinte, ces tubercules deviennent blancs car nos seins se préparent déjà pour l’allaitement !
Il en va de même pour les veines de la poitrine, qui peuvent elles aussi être plus visibles 🙂
Nausées avec vomissements
En raison de la présence de beta hCG, les femmes enceintes ont souvent la « joie » d’avoir des nausées, voire des vomissements en début de grossesse (lien), ce qui peut être un symptôme assez évocateur !
Toutefois, certaines femmes qui ont un syndrome prémenstruel sévère ou de l’endométriose peuvent aussi avoir ce symptôme, donc prudence. Néanmoins, si ce n’est pas votre cas, il s’agit d’un bel indice ! Il est également possible de ressentir une nouvelle aversion pour certains aliments, ou certaines odeurs.
Maintien de la température corporelle
Pour celles qui pratiquent la symptothermie, votre courbe de température peut vous donner un indice ! En effet, sous l’influence de la progestérone, la température reste haute en début de grossesse : ainsi, si vous avez plus de 16 températures hautes après votre ovulation, c’est très bon signe (en tout cas si vous espérez une grossesse !), car c’est l’une des particularités des femmes enceintes !
Votre courbe peut aussi faire un petit décroché et retomber au moment de la nidation, avant de remonter : c’est ce qu’on appelle entre nous, le V de la Victoire !
Si vous voulez voir à quoi ça ressemble, n’hésitez pas à aller voir les Courbes de la Victoire 😉
Col de l’utérus haut et mou
Le col de l’utérus est aussi une partie de notre corps qui change au cours du cycle menstruel et en début de grossesse.
Après l’ovulation et en l’absence de grossesse, le col est assez bas, dur et fermé. Il peut aussi se désaligner avec le vagin, et être davantage sur le côté.
Si une grossesse a démarré, le col peut rester haut (il était déjà haut au moment de l’ovulation) et plus mou ! Il reste néanmoins fermé, pour protéger le bébé. C’est d’ailleurs à l’entrée du col que se forme le bouchon muqueux, une sorte d’amas de glaire cervicale qui coagule et « scelle » le col de l’utérus pendant la grossesse.
Attention néanmoins, là encore : bien évaluer la position du col de l’utérus demande de bien le connaître et de l’avoir déjà observé sur plusieurs cycles. De plus, le timing de la remontée du col dépend de chaque femme !
Absence de règles
Et bien sûr, l’un des symptômes de grossesse qui peut carrément mettre le doute est l’absence de règles ! En effet, la progestérone a pour rôle de maintenir l’endomètre en place et quand elle chute, l’endomètre se détache et les menstruations surviennent. Toutefois, en cas de grossesse, la production de progestérone est maintenue, par la présence de beta hCG, ce qui permet à la muqueuse utérine de rester en place (avec votre bébé :)).
Attention néanmoins ! Les règles peuvent aussi être simplement en retard, si vous avez ovulé plus tard sur ce cycle. N’hésitez pas à lire notre article sur le retard de règles, qui vous explique en détail pourquoi nos règles peuvent se faire attendre, sans que l’on soit enceinte 🙂
De la même manière, on peut aussi observer des saignements en début de grossesse, qui sont parfois confondus avec des règles.
Pour résumer
Pour que ce soit plus simple visuellement pour vous, voici un visuel qui récapitule les symptômes communs au SPM et à la grossesse et ceux qui sont spécifiques à la grossesse 🙂
Syndrome prémenstruel ou grossesse : comment vraiment savoir ?
Vous l’avez compris, être à l’écoute de son corps peut donner des indices précieux pour faire la différence entre SPM et grossesse, même si ce n’est pas non plus hyper évident !
Ce qui peut vous aider, ce sont les symptômes différenciants comme les tubercules de Montgomery, les nausées, la température et bien sûr, l’absence de règles. Le timing et la durée des symptômes peuvent aussi vous aiguiller, car les symptômes du début de grossesse peuvent survenir dès 6-7 jours après l’ovulation, alors que les symptômes du SPM sont normalement plus tardifs, sauf si vous avez une progestérone vraiment basse.
Un autre élément qui peut vous mettre sur la bonne voie, c’est le fait de constater des signaux différents par rapport à vos autres cycles, même si chaque cycle menstruel peut présenter de nouveaux symptômes 🙂
Ainsi, la seule manière d’être sûre est de faire un test de grossesse ou une prise de sang pour détecter la beta hCG ! Les tests de grossesse les plus précoces fonctionnent dès le 10ème jour après l’ovulation, mais attention à ne pas les faire trop tôt : en effet, il faut bien laisser 6-7 jours à l’embryon pour aller se nicher dans l’utérus, puis quelques jours supplémentaires pour que son trophoblaste (le futur placenta) sécrète suffisamment de beta hCG pour qu’elle soit décelée par le test de grossesse.
And that’s it ! On espère que cet article vous donnera des clés pour limiter la confusion entre les symptômes qui surviennent avant l’arrivée des règles et les signes d’une grossesse 🙂
On vous le concède, ce n’est pas évident et, en toute franchise, le meilleur moyen de savoir si vous êtes enceinte ou pas est de faire un test de grossesse, même si on sait qu’il est parfois compliqué d’attendre plusieurs jours avant de savoir, ou que vous avez peur d’être à nouveau déçue par un résultat négatif.
Dans tous les cas, on est là et on vous envoie plein de bonnes ondes, et si vous avez d’autres questions à nous poser à ce sujet, on sera ravis d’y répondre en commentaire !