Les idées clés
Vous connaissez ce concept de « faire attention » au moment des rapports, l’homme se retirant avant d’éjaculer, pour éviter toute grossesse non désirée ? C’est la fameuse méthode du retrait ! En effet, sans spermatozoïde pour féconder l’ovule, il n’est pas possible de tomber enceinte, n’est-ce pas ?
En réalité, ce n’est pas tout à fait vrai : il est possible de tomber enceinte « juste » avec le liquide pré séminal, le liquide sécrété par l’homme sous l’effet de l’excitation, car ce dernier peut véhiculer des spermatozoïdes vivants, et ce, même sans éjaculation. Or, la méthode du retrait écarte cette réalité physiologique masculine :s
Dans cet article, on va vous expliquer ce qu’est concrètement le liquide pré-séminal (car cela peut être un peu flou) et on va bien sûr décrypter comment ce liquide pré éjaculatoire peut être à l’origine d’une grossesse non désirée. On va aussi aller plus loin et voir ensemble comment éviter de tomber enceinte à cause de la méthode du retrait, éventuellement grâce à d’autres méthodes de contraception plus fiables. Let’s go !
L'article, en bref
ToggleLe liquide pré séminal : qu’est-ce que c’est ?
Pour démarrer, de quoi parle-t-on ? Le liquide pré séminal (qu’on appelle aussi liquide pré-éjaculatoire, précum ou pré éjaculat) est un fluide sécrété par les glandes de Cowper, dès le début de l’excitation sexuelle. Les glandes de Cowper (ou glandes bulbo-urétrales) sont situées de part et d’autre de l’urètre, sous la prostate et le bulbe du pénis.
Le liquide séminal a trois rôles distincts :
Nettoyer l’urètre et expulser les éventuelles bactéries
Lubrifier pour faciliter la pénétration au moment des rapports
Préparer le passage des spermatozoïdes.
Il est composé de mucus, d’eau et d’enzymes, et sa sécrétion est involontaire dès le début de l’érection. Sa quantité est assez variable selon les hommes !
Attention, il ne faut pas confondre le liquide pré séminal et le liquide séminal : en effet, le liquide séminal est l’un des composants du sperme, qui est donc « éjecté » au moment de l’éjaculation uniquement. Le sperme contient donc les spermatozoïdes, qui baignent dans ce liquide séminal, riche en nutriments pour assurer leur survie 🙂 D’ailleurs, 95 à 98% du sperme est constitué de liquide séminal, les spermatozoïdes n’en constituent qu’une minuscule fraction !
Est-ce que le liquide pré séminal contient des spermatozoïdes ?
Mais quid du liquide pré séminal alors ?
Et bien le timing de leur entrée en piste n’est pas la seule différence entre le sperme, liquide séminal et liquide pré séminal, puisque ce dernier ne contient pas de spermatozoïdes… en tout cas, en théorie !
En réalité, le liquide pré séminal peut contenir des spermatozoïdes, même si, bien sûr, il en contient moins que le sperme lui-même.
Mais comment expliquer ça ? Déjà, le liquide pré-éjaculatoire peut contenir des spermatozoïdes résiduels d’une précédente éjaculation : comme il est chargé de nettoyer l’urètre, il peut entraîner avec lui des spermatozoïdes restés « prisonniers » dans le pénis, mais toujours vivants. C’est ce qui explique que sa concentration en gamètes mâles soit plus faible que le sperme, mais on ne peut pas être sûrs à 100% qu’il n’en contienne aucun ! Et il suffit d’un spermatozoïde pour féconder l’ovule, après tout 🙂
Par ailleurs, une étude a démontré que le liquide pré séminal de 41% des hommes observés contenait des spermatozoïdes (même sans précédente éjaculation récente).
Cette possibilité d’avoir des spermatozoïdes dans le liquide pré séminal dépend donc des hommes et de leurs habitudes !
La quantité et la composition de ce liquide peuvent varier d’un homme à l’autre en fonction de la taille et de l’activité des glandes de Cowper.
Plus une éjaculation précédente a eu lieu récemment, plus il y a de chances que des spermatozoïdes vivants soient présents dans le pré-séminal (et on insiste sur le « vivants »).
- En tout état de cause, le liquide pré séminal de certains hommes contient quelques spermatozoïdes, indépendamment de toute éjaculation précédente ayant pu en laisser sur zone.
Enfin, tout dépend aussi de l’efficacité de l’urètre à éliminer des spermatozoïdes résiduels (notamment via l’urine).
D’ailleurs, on entend parfois qu’il suffit pour un homme d’uriner avant ou après un rapport pour éliminer tous les spermatozoïdes restés coincés dans l’urètre : là encore, ce n’est pas tout à fait vrai ! En effet, si l’urètre contient encore des spermatozoïdes provenant d’une éjaculation précédente, ils peuvent rester présents dans le liquide pré-séminal, même après avoir uriné. Cela s’explique de manière très simple : bien que l’urine puisse éliminer une partie des spermatozoïdes, certains peuvent adhérer à la paroi de l’urètre ou se trouver dans des zones qui ne sont pas complètement « lessivées » par l’urine.
On en profite aussi pour dire que cela vaut également pour les femmes : en effet, uriner ne décroche pas les spermatozoïdes présents dans le vagin, puisque chez la femme, l’urètre et le vagin sont bien deux orifices distincts.
De la même manière, si prendre une douche permet de retirer le sperme présent sur la vulve, cela ne permet pas de déloger les spermatozoïdes présents dans le vagin. En effet, en présence de glaire cervicale (un mucus sécrété par le col de l’utérus pendant la période de l’ovulation), les spermatozoïdes sont maintenus en vie dans les cryptes du col, jusqu’à 5 jours. En revanche, en dehors de la période ovulatoire (et sans glaire cervicale, donc), les spermatozoïdes sont attaqués par l’acidité du vagin et meurent au bout de quelques minutes seulement.
Quel est le taux de fiabilité de la méthode du retrait ?
Le fait qu’une bonne proportion d’hommes puissent avoir des spermatozoïdes présents dans le liquide pré éjaculatoire met un peu à mal l’efficacité de la méthode du retrait, pratiquée par de nombreux couples.
La méthode du retrait, ou « coït interrompu » repose sur un principe tout simple : l’homme doit se retirer avant l’éjaculation, avant que le sperme ne soit éjecté dans le vagin. Et sur le principe, cela peut fonctionner pour éviter une grossesse non désirée, puisque l’éjaculation ayant lieu en dehors du vagin, aucun spermatozoïde ne peut venir féconder l’ovule.
Le hic, c’est que, comme nous l’avons vu, le liquide pré séminal peut contenir des spermatozoïdes ! Or, le pré-éjaculat est sécrété au moment même où l’excitation monte côté masculin, dès les préliminaires : l’éjaculation complète n’est donc pas forcément nécessaire pour qu’un spermatozoïde se retrouve « sur zone », aka aux portes du col de l’utérus. De la même manière, on peut tomber enceinte sans pénétration, si le liquide pré séminal et a fortiori séminal est en contact avec la vulve ou le vagin via les doigts, par exemple. La probabilité d’une grossesse est minime, mais elle n’est pas nulle non plus.
Autre gros souci de la méthode du retrait, c’est qu’il est parfois très difficile pour un homme de se retirer à temps : cela demande de bien se connaître, en plus d’un gros effort de volonté !
C’est ce qui explique que la méthode du retrait soit une méthode à l’efficacité très relative. Pour évaluer la fiabilité d’une méthode de contraception, on se base sur l’indice de Pearl : cet indice indique le nombre de grossesses non désirées déclarées dans l’année par les couples ayant adopté un moyen de contraception. Cet indice de Pearl est établi par mode de contraception (pilule, stérilet, préservatif, méthode naturelle, etc. ) et scindé en deux sous-catégories :
L’indice de Pearl théorique, qui s’appuie uniquement sur l’application de la méthode dans des conditions parfaites de laboratoire, avec des personnes qui maîtrisent totalement la méthode choisie.
L’indice de Pearl pratique, qui lui, est plus proche de la réalité, car il tient compte des aléas de la méthode dans les conditions « de la vraie vie », et des possibles erreurs commises par les personnes qui la pratiquent.
Ainsi, l’indice de Pearl théorique de la méthode du coït interrompu est de 96%, puisque le liquide pré séminal n’est pas censé contenir de spermatozoïdes, mais son taux de fiabilité pratique chute à 78% selon le gouvernement français, et à 80% pour l’OMS. Cela signifie que sur 100 couples pratiquant la méthode du retrait pendant un an, une vingtaine d’entre eux ont vécu une grossesse non désirée. L’indice de Pearl pratique prend en compte des éléments comme l’habileté de l’homme à se retirer à temps et le fait que le liquide pré-séminal puisse contenir des spermatozoïdes.
Cette méthode de contraception est d’ailleurs en déclin et utilisée par seulement 5% des couples dans le monde, en guise de moyen de contraception seul, du moins. En effet, il n’est pas rare que cette méthode soit utilisée alors que la femme prend aussi la pilule ou porte un stérilet par exemple, pour limiter encore davantage le risque de grossesse, ou éviter une infection sexuellement transmissible (même si le retrait n’est pas efficace non plus dans cet objectif, on en parle plus bas).
Avantages et inconvénients de la méthode du retrait
Faisons les comptes ! Quels sont les avantages et les inconvénients de la méthode du retrait pour éviter de tomber enceinte ?
Avantages
C’est une méthode gratuite
Il s’agit d’une méthode disponible quand on veut, sans avoir besoin de recourir à un dispositif externe ou de demander une prescription médicale
Cette méthode est naturelle, sans aucun effet secondaire sur nos hormones féminines ou celles de notre partenaire
Elle est totalement réversible, puisqu’on peut choisir, au cycle suivant, de concevoir sans aucune intervention médicale ou l’arrêt d’un traitement
Elle peut convenir aux couples qui ne sont pas fermés à une grossesse
Inconvénients
Son taux de fiabilité pratique est plutôt faible : 78-80% selon les sources, contre 99% pour le DIU au cuivre, 93% pour la pilule ou 98% pour la symptothermie, par exemple
La méthode du retrait (ou coitus interruptus) ne protège pas des infections sexuellement transmissibles (IST) comme le VIH, la chlamydia, la gonorrhée, la syphilis, le papillomavirus, etc.
Pour résumer – Questions fréquentes
Quelle est la différence entre le sperme et le liquide pré séminal ?
Le liquide pré séminal est le liquide émis par les glandes de Cowper lorsqu’un homme est sexuellement excité, et ce, bien avant la pénétration. Il contient de l’eau, des enzymes et du mucus, et son rôle est de lubrifier le pénis et de nettoyer l’urètre pour préparer le passage des spermatozoïdes. C’est l’équivalent de la cyprine chez les femmes !
Le sperme, quant à lui, est produit dans les testicules et composé de spermatozoïdes et de liquide séminal, riche en nutriments (protéines et fructose) pour lesdits spermatozoïdes. Il est chargé de conduire les gamètes mâles au plus proche de l’ovule ! Il n’est sécrété qu’au moment de l’éjaculation.
Théoriquement, seul le sperme contient des spermatozoïdes, mais le liquide pré séminal peut aussi abriter des spermatozoïdes vivants, issus notamment d’une précédente éjaculation.
Quelles sont les chances de tomber enceinte avec la méthode du retrait ?
Il existe un risque non négligeable de tomber enceinte avec la méthode du retrait, de l’ordre de 20-22%. Il ne s’agit donc pas d’un moyen de contraception fiable et si vous souhaitez éviter ou différer une grossesse, il vaut mieux utiliser une autre méthode, qu’il s’agisse d’une contraception hormonale ou d’une contraception naturelle.
Quels sont les jours dangereux du cycle menstruel ?
Le principal objectif de la méthode du retrait, c’est d’éviter que l’un des spermatozoïdes puisse entrer en contact avec l’ovule et le féconder. Toutefois, contrairement aux hommes qui sont fertiles 365 jours par an, ce n’est pas tous les jours qu’un ovule attend d’être fécondé dans le corps d’une femme !
En effet, une femme est fertile environ 6-7 jours par cycle menstruel : 5 jours avant l’ovulation grâce à la glaire cervicale qui protège les spermatozoïdes de l’acidité du vagin, et 1-2 jours après l’ovulation, c’est-à-dire l’expulsion d’un ovule dans l’une des trompes utérines, lieu d’une potentielle fécondation. En dehors de cette fenêtre de fécondité, il n’est pas possible de tomber enceinte, puisque soit l’ovule n’est pas encore sur place et les spermatos ne survivront pas jusqu’à l’ovulation, soit il est déjà mort (sa durée de vie est de 18 heures environ).
Ainsi, en dehors de la fenêtre fertile, un couple n’a pas besoin de pratiquer la méthode du retrait pour se protéger d’une grossesse non désirée .Toutefois, il est important de savoir repérer cette fenêtre de fertilité et l’ovulation pour être sûrs d’éviter tout accident !
Pour ce faire, il est possible d’observer son cycle grâce à la symptothermie, car elle s’appuie sur les deux bio-marqueurs scientifiquement prouvés de l’ovulation que sont la glaire cervicale et la température. Ces deux indicateurs évoluent selon les phases de notre cycle menstruel et les hormones en présence, ce qui permet de voir venir l’ovulation, puis de confirmer qu’elle a eu lieu. À ce moment-là, on sait que la partenaire féminine n’est plus fertile jusqu’à ses prochaines règles.
Cette méthode naturelle est très efficace (98,2% en pratique, bien plus que le retrait donc), mais elle demande une phase d’apprentissage pour être correctement mise en place. Si vous avez envie de connaître avec précision vos jours fertiles dans vos cycles, le Serenity Club est là pour vous ! Il s’agit de notre formation en symptothermie, qui vous apprend comment repérer cette fameuse ovulation, avec rigueur (hyper important !), mais de manière simple et intuitive, pour qu’elle puisse faire partie de votre routine quotidienne 🙂
En revanche, on ne vous recommande pas les calendriers d’ovulation ou les applications de suivi de cycle, qui se trompent assez souvent quand il s’agit de déterminer la date de l’ovulation !
La méthode du retrait protège-t-elle des IST ?
Non, seul le préservatif protège des infections sexuellement transmissibles.
Une étude a par ailleurs démontré que le pré éjaculat pouvait contenir des traces du VIH, le virus responsable du SIDA. Il est donc important de se protéger, même pendant les préliminaires, puisque le liquide pré séminal est présent dès le début d’un rapport sexuel et peut contenir, comme le sang ou la salive, des virus et des bactéries porteurs d’IST telles que le VIH donc, mais aussi de la gonorrhée, de la syphilis, du HPV ou autre.
Se retirer ne suffit donc pas à se protéger et il est préférable de se munir d’un préservatif dès le début des préliminaires en cas de doute 🙂
Pour conclure, la réponse à la question « peut on tomber enceinte juste avec le liquide pré séminal ? » est oui, puisqu’il peut contenir quelques spermatozoïdes !
Les chances sont minces, mais elles ne sont pas nulles : ainsi, la méthode du retrait n’est pas suffisamment fiable pour les couples qui ne souhaitent pas avoir de bébé et on vous recommande d’adopter un autre mode de contraception si c’est votre cas.
Qu’en pensez-vous ? Est-ce que vous saviez qu’il est potentiellement possible de tomber enceinte dès lors que du liquide pré séminal entre en contact avec la vulve ou le vagin, qu’il y ait pénétration ou non ? En tout cas, si vous avez un retour d’expérience à partager, ou des questions à nous poser, surtout, n’hésitez pas, les commentaires sont là pour ça !
Les sources complémentaires