L’ovulation, dans les manuels, ça ressemble à une mécanique parfaitement huilée qui suit un protocole minutieux sans la moindre encombre. Sauf que dans la vraie vie, parfois, l’ovulation ne se déroule pas de façon optimale, voire pas du tout, et un petit coup de boost peut être nécessaire pour la stimuler, notamment quand une grossesse est souhaitée. On peut alors recevoir de l’aide de la médecine via un traitement de stimulation ovarienne, par médicament ou injections d’hormones.
Cela étant, si l’ovulation est indispensable pour une grossesse, la glaire cervicale l’est tout autant, pour permettre la rencontre entre un spermatozoïde et l’ovule.
Or, les protocoles de stimulation de l’ovulation peuvent avoir des effets secondaires sur cette précieuse glaire cervicale, ce qui, vous en conviendrez, est ballot !
Dans ce qui suit, nous allons voir ensemble quels sont les potentiels effets (indésirables ou pas) de la stimulation ovarienne sur la glaire, mais aussi comment les protocoles d’insémination ou de FIV peuvent, quant à eux, apporter leur aide lorsque la glaire est un peu (beaucoup) défaillante. Let’s go !
Qu’est-ce que la stimulation ovarienne simple ?
Ovulation, petits rappels
Pour (bien) parler de stimulation ovarienne, il nous paraît important de revoir ensemble ce qu’est l’ovulation 🙂 L’ovulation se produit lorsqu’un ovule est expulsé de l’ovaire pour aller se loger dans la trompe afin d’attendre qu’un spermatozoïde vienne le féconder. Ce processus a lieu une seule fois par cycle menstruel et il y a clairement un avant et un après ovulation dans le cycle.
La phase pré-ovulatoire, quand l’ovulation se prépare
Pour qu’une ovulation se produise, il y a une succession d’étapes à respecter (la fameuse mécanique qui, parfois, est moins bien huilée).
Tout d’abord, en tout début de cycle, les hormones ovariennes que sont les oestrogènes et la progestérone sont au plus bas. Le cerveau, ou plutôt l’hypothalamus, va donc « relancer » le dispositif reproductif en sécrétant de la GnRH. Cette GnRH va être captée par l’hypophyse (une autre zone cérébrale), qui elle, va directement commander aux ovaires de faire maturer des follicules via une deuxième hormone, la FSH.
Les ovaires vont recevoir cet ordre et les follicules contenant des ovocytes (des futurs ovules) vont se développer : ce faisant, ils sécrètent des oestrogènes et plus ils se développent, plus ils en sécrètent !
Cette phase peut être plus ou moins longue : certaines femmes ovulent le dixième jour du cycle par exemple, tandis que d’autres vont ovuler au jour 20 (et c’est normal aussi), voire le jour 30 ou 40 pour les cycles plus longs.
L’ovulation proprement dite
Finalement, un seul follicule va prendre le lead et devenir l’ovule « élu » de ce cycle (c’est le follicule de de Graaf). Il va sécréter beaucoup d’oestrogènes et ce pic d’oestrogènes va être capté par l’hypophyse. En réponse, ce dernier va sécréter une autre hormone, la LH, dont le rôle est de déclencher l’ovulation une fois que l’ovocyte est suffisamment « mûr » pour quitter son follicule !
La phase post-ovulatoire
Et une fois que l’ovulation est passée ? Si l’ovule va aller sagement se loger dans la trompe utérine, son follicule désormais vide ne chôme pas pour autant : il sécrète de la progestérone. Et cette hormone a un rôle tout particulier : préparer notre corps à une éventuelle grossesse, dans l’hypothèse où l’ovulation est suivie d’une fécondation. Elle va augmenter notre température corporelle et bien vasculariser l’utérus pour que le futur embryon ait à sa disposition toutes les ressources dont il a besoin pour se développer 🙂
L’ovule survit pendant 12-24 heures après son expulsion : s’il n’y a pas de fécondation, il finit par se désagréger. Idem pour le corps jaune, qui finit par mourir lui aussi au bout de 16 jours maximum entraînant une chute de la progestérone. L’endomètre n’étant plus vascularisé, il se délite et est évacué par le vagin : ce sont les règles.
Cette phase dure maximum 16 jours !
Comment savoir si on ovule ou pas ?
Vous l’aurez compris, l’ovulation est le résultat de toute une cascade hormonale et il suffit qu’une seule hormone soit déréglée pour que l’ovulation soit compromise. Par exemple, un stress intense (mental ou physique) peut bloquer la sécrétion de GnRH par l’hypothalamus, qui considère que toutes les conditions ne sont pas réunies pour mener une grossesse à bien.
C’est ainsi que certaines femmes sont en aménorrhée (elles n’ont plus leurs règles), ont des cycles anovulatoires avec des saignements inter-menstruels (qui ne sont pas des règles) ou encore des cycles très longs (pour les femmes atteintes de SOPK par exemple).
Pour savoir si on ovule ou pas, on peut faire des bilans hormonaux : on peut par exemple surveiller si les taux d’oestrogènes, de LH et de FSH sont dans les clous en tout début de cycle, ou encore si on observe bien une augmentation de la LH aux alentours de l’ovulation. De la même manière, la présence de progestérone atteste que l’ovulation a bien eu lieu.
Par ailleurs, quand on suit son cycle en symptothermie, on peut repérer son ovulation 🙂 En effet, la glaire cervicale va être de plus en plus sécrétée grâce aux oestrogènes et prendre une texture façon « blanc d’oeuf » au moment de l’ovulation. De son côté, la température va augmenter d’environ 0,3 degrés après l’ovulation et se maintenir élevée tant que la progestérone sera dans la place ! C’est aussi un moyen de monitorer son cycle menstruel et de savoir si on ovule ou pas.
Stimulation ovarienne, définition
Et quand on n’ovule pas, quelles sont les solutions ? Dans ce cas, la stimulation ovarienne peut faire partie de l’arsenal thérapeutique : il s’agit d’une technique de PMA qui consiste à administrer des traitements hormonaux (par voie orale ou en injection) pour stimuler le déclenchement de l’ovulation.
Ces traitements sont parfois combinés à des bloqueurs de l’ovulation : cela peut paraitre un peu contradictoire, mais ils ont pour fonction d’empêcher une ovulation naturelle trop précoce et incontrôlée et de ne laisser se concrétiser que l’ovulation stimulée.
La stimulation ovarienne dure environ 10 à 12 jours par cycle stimulé.
Les traitements de la stimulation ovarienne
Parmi les principaux types de traitements utilisés dans les protocoles de stimulation ovarienne, on peut trouver les gonadotrophines (LH et FSH) de synthèse (tels que l’Ovitrelle, qui déclenche artificiellement le pic de LH pour lancer l’ovulation), le citrate de clomifène (par exemple le Clomid, qui agit directement sur le cerveau en l’empêchant de détecter les oestrogènes, pour qu’il redouble d’effort pour stimuler les ovaires), ou encore les inhibiteurs de l’aromatase (un processus qui convertit la testostérone en oestrogènes).
A qui s’adresse la stimulation ovarienne ?
La stimulation ovarienne vise à augmenter les chances de grossesse en cas d’infertilité liée à une défaillance de l’ovulation, mais aussi à préparer une insémination artificielle ou une fécondation in vitro (FIV).
Elle s’adresse aux femmes qui n’ovulent pas ou peu, ou pas bien (ovulation de mauvaise qualité), ou encore aux femmes souffrant de SOPK ou ayant une phase post-ovulatoire courte (qui traduit une « mauvaise » ovulation en amont).
Glaire cervicale et ovulation
On l’a dit à demi-mot plus haut, mais la glaire cervicale intervient elle aussi dans le processus d’ovulation, et surtout de procréation 🙂
Qu’est-ce que la glaire cervicale ?
La glaire cervicale est un mucus sécrété par les cryptes du col de l’utérus, sous l’influence des oestrogènes. Elle est donc intimement liée au cycle menstruel !
En phase pré-ovulatoire, elle passe d’une texture « colle UHU » à une texture « lait corporel » avant de venir étirable et translucide comme du blanc d’oeuf cru au moment de l’ovulation. Plus il y a d’oestrogènes, plus la glaire cervicale gagne en abondance et en qualité.
Une fois l’ovulation passée et que les oestrogènes chutent, elle reprend un aspect pâteux, voire se tarit complètement, car la progestérone a tendance à l’assécher.
Le rôle de la glaire cervicale pour la fertilité
La glaire cervicale n’est pas sécrétée par hasard ! Elle a pour rôles de :
Sélectionner les bons spermatozoïdes
Les protéger et les nourrir
Les escorter jusqu’à la trompe où l’ovule les attend.
Sans glaire cervicale, les spermatozoïdes ne survivraient pas dans le vagin : sa composition et son pH alcalin forment un bouclier protecteur. Elle leur permet même de survivre pendant 5 jours ! C’est ce qui explique que les femmes sont fertiles 5-6 jours avant leur ovulation et 1-2 jours après puisque l’ovule vit 12 à 24h (donc elles sont fertiles entre 6 et 8 jours en tout).
Est-il possible d’ovuler sans glaire cervicale ?
Oui, on peut tout à fait ovuler sans glaire cervicale, mais son absence ou sa faible quantité/qualité peut démontrer un déséquilibre hormonal et surtout, cela peut entraver la fécondation, puisque la glaire cervicale est indispensable à la rencontre ovule/spermato.
La stimulation ovarienne et son impact sur la glaire cervicale
En fonction du type de médicament, de la dose, de la durée, de la réaction individuelle de chacune, la stimulation ovarienne peut tout à fait avoir des effets secondaires et surtout des effets indésirables sur la glaire cervicale :s
A chaque traitement son impact sur la glaire
Les injections de gonadotrophines
En stimulant les ovaires, les injections de gonadotrophines (LH et FSH de synthèse) peuvent augmenter la quantité et la qualité de la glaire cervicale et la rendre plus filante et élastique. La période de l’ovulation va donc être plus facile à repérer et on pourra tout donner au bon moment 🙂
Le Clomid
Le Clomid (citrate de clomifène) est un médicament pris par voie orale qui stimule l’ovulation. En revanche, il peut aussi assécher la glaire cervicale et la rendre moins favorable à la progression des spermatozoïdes.
En effet, le Clomid agit directement au niveau du cerveau : il leurre l’hypophyse en lui cachant les oestrogènes naturels en circulation. En réaction, l’hypophyse va sur-stimuler les ovaires ! Le souci, c’est que ce leurre entraîne souvent un assèchement de la glaire cervicale, qui fait partie des effets secondaires reconnus et signalés du traitement.
Les antagonistes de la GnRH
Souvenez-vous, la GnRH est la toute première hormone de la cascade hormonale menant à l’ovulation, sécrétée par l’hypothalamus. Les antagonistes de la GnRH bloquent donc sa sécrétion et peuvent réduire la production de la glaire cervicale et/ou la rendre plus épaisse et collante.
Les protocoles de PMA peuvent aussi être des solutions en cas de glaire cervicale défaillante
Lorsque la glaire cervicale n’est pas suffisamment produite ou qu’elle bloque le passage (parce qu’elle est trop épaisse ou trop acide, par exemple), la stimulation ovarienne simple peut être couplée à d’autres techniques de PMA pour contourner cet obstacle.
On pense par exemple à l’IAC (Insémination Artificielle intra-utérine avec sperme du Conjoint), qui consiste à directement implanter des spermatozoïdes dans l’utérus, sans passer par le col. Dans ce cas, la stimulation ovarienne va faire en sorte de maturer 1 à 3 ovocytes en amont. Les spermatozoïdes étant déposés directement dans l’utérus, on contourne le col et on s’affranchit donc du rôle de la glaire, qui est justement de permettre leur survie et leur passage au niveau du col. L’insémination est donc une réponse à la mauvaise qualité voire à l’absence de glaire, quand il s’agit d’un souci identifié.
On a aussi la FIV (Fécondation in vitro), où là, la rencontre entre spermatozoïde et ovule a lieu dans une éprouvette et l’embryon sera ensuite implanté dans l’utérus de la future maman. Dans ce cas, la stimulation ovarienne sera beaucoup plus intense, car l’idée est de permettre à un maximum de follicules de se développer pour optimiser les chances de tomber enceinte. Là encore, le col et donc la glaire sont contournés, donc leur qualité n’est plus un enjeu en soi.
Comment optimiser sa glaire cervicale en cas de stimulation ovarienne ?
Vous l’avez compris, avoir une glaire de compétition n’augmente pas les chances d’ovulation, mais de fécondation. Cela étant, après avoir favorisé le déclenchement de l’ovulation par stimulation, autant mettre toutes les chances de son côté pour tomber enceinte ; surtout que, comme nous l’avons vu, les traitements de stimulation ovarienne peuvent avoir des effets indésirables sur la glaire !
En parallèle de votre traitement de stimulation, vous pouvez par exemple :
prêter attention à votre hydratation (car la glaire est composée d’eau) et boire suffisamment
adopter une alimentation équilibrée
éviter le café, le tabac, l’alcool
éventuellement prendre des compléments alimentaires comme l’huile d’onagre, etc.
Attention, veillez bien à faire tout ça en accord avec les indications de votre gynécologue/médecin de PMA ! D’ailleurs, il n’est pas rare que le gynécologue donne lui-même un traitement à base d’oestrogènes pour contrer l’assèchement lié au Clomid 🙂
Par ailleurs, en cas de stimulation ovarienne par Clomid, vous pouvez utiliser un lubrifiant ayant un pH respectueux des spermatos (ce n’est pas le cas de la plupart !!) pour compenser la sécheresse de la glaire cervicale et adoucir vos rapports :). Vous avez par exemple le Ferti-Lily qui est fait pour ça (mettre lien + code promo). Attention toutefois, le lubrifiant ne joue pas le rôle protecteur de la glaire donc elle reste indispensable pour la fécondation !
En cas d’insémination ou de FIV, vous l’avez compris, la glaire perd son rôle protecteur, nourricier et accompagnateur de spermatos, puisque ces derniers, voire l’embryon conçu in vitro, sont déposés directement dans l’utérus. Mais en cas de stimulation simple, pensez à chouchouter votre glaire, elle fait une grande partie du boulot elle aussi !
Pour aller plus loin, n’hésitez pas à lire notre article Comment améliorer sa glaire cervicale, voire à opter pour notre mini-programme pour booster sa glaire 🙂 Vous veillerez simplement à éviter les plantes à action hormonale, qui ne sont pas compatibles en PMA (en tout cas pas sans l’accord de votre médecin !).
Questions fréquentes
Quand commencer une stimulation ovarienne ?
Généralement, une stimulation ovarienne démarre entre le 3ème et le 5ème jour du cycle menstruel. En sachant qu’au préalable, on voit son gynécologue en entretien pour prévoir des examens hormonaux et déterminer le traitement le plus approprié, en fonction du résultat de la prise de sang et de son cas personnel.
Combien de temps peut durer la stimulation ovarienne ?
La stimulation ovarienne peut durer entre 10 à 12 jours par cycle menstruel, mais cela dépend des femmes et des protocoles.
Quels sont les possibles effets secondaires de la stimulation ovarienne ?
Parmi les effets secondaires les plus fréquents de la stimulation ovarienne, on peut citer :
Des troubles digestifs, tels que des nausées, des vomissements, des ballonnements ou de la constipation.
Des troubles du sommeil, de l’humeur ou de la libido, liés aux fluctuations hormonales.
Des maux de tête, des vertiges ou des bouffées de chaleur.
Des douleurs au niveau des seins, des ovaires ou du bas-ventre, dues à la stimulation ou à la ponction des ovocytes.
Des réactions au niveau du site d’injection, comme des rougeurs, des démangeaisons ou des hématomes.
Un assèchement de la glaire cervicale !
Ces effets secondaires sont généralement bénins et temporaires, et disparaissent après l’arrêt du traitement ou la survenue des règles. Toutefois, si vraiment ces effets indésirables sont trop pénibles, parlez-en à votre gynécologue ou votre sage-femme afin d’adapter le traitement si nécessaire.
Est-ce normal d’avoir mal après une stimulation ovarienne ?
Les douleurs peuvent en effet faire partie des effets secondaires de la stimulation (cf ci-dessus), mais surtout, n’hésitez pas à consulter si la douleur est trop forte, afin que votre gynécologue puisse revoir votre traitement si besoin (on insiste, mais c’est important !).
Comment savoir si la stimulation ovarienne a fonctionné ?
Pour déterminer le succès de la stimulation ovarienne, un monitorage de l’ovulation est nécessaire. Cela signifie qu’on surveille l’ovulation et la réponse de la patiente au traitement (par prise de sang et/ou échographie), pour éventuellement provoquer son déclenchement et éviter les grossesses multiples et les complications.
Et voici ! Vous savez désormais tout ce qu’il faut savoir sur le lien entre glaire cervicale et stimulation ovarienne 🙂 Si cette dernière peut avoir des effets indésirables sur la glaire (en la rendant plus sèche, épaisse et collante), certains protocoles de procréation médicalement assistée, comme l’insémination ou la fécondation in vitro, permettent de contourner des problèmes d’infertilité liés à la glaire cervicale et ça, aussi, c’est précieux quand on veut un bébé !
Si vous êtes vous-même en stimulation ovarienne, vous savez que votre glaire peut avoir besoin d’une petite routine pour être améliorée et favoriser une fécondation 🙂 Et surtout, surtout, on espère que cet article vous aura été utile et on vous envoie toutes nos bonnes ondes !
2 réflexions au sujet de “Quels sont les impacts de la stimulation ovarienne sur la glaire cervicale ?”
Je vous remercie de tout cœur, cet article m’a été très utile
Avec plaisir, Samiratou ! 🙂