Les idées clés
Une fois qu’on a réussi la prouesse de mettre un bébé au monde, on est généralement soumises à deux discours un peu contradictoires : reprendre les rapports ASAP (alors qu’on a parfois juste envie d’entrer au couvent !), mais surtout pas sans contraception (on ne voudrait surtout pas enchaîner les grossesses, n’est-ce pas ?).
En réalité, si on souhaite vraiment éviter une seconde grossesse consécutive, il est important de penser à sa contraception après l’accouchement et de prendre le temps de considérer toutes les options qui s’offrent aux jeunes mamans. Car oui, vous n’êtes pas forcément obligée d’opter pour la pilule ! Il existe plusieurs méthodes de contraception adaptées au post partum, qu’elles contiennent des hormones de synthèse ou non, allant du préservatif au stérilet, en passant par la méthode MAMA et la symptothermie (oui, spoiler, c’est possible !).
Néanmoins, bien sûr, ce choix de contraception est tout de même un tout peu moins large en post partum et certaines précautions sont à observer après l’accouchement, notamment si vous allaitez 🙂
L'article, en bref
ToggleLe retour de l’ovulation après l’accouchement
La plupart des jeunes mamans pensent qu’elles ne sont pas fertiles tant que leurs règles ne sont pas de retour et qu’elles ne peuvent pas retomber enceintes avant leur retour de couches : sauf que ! Pour qu’il y ait des règles, il faut qu’il y ait eu une ovulation en amont : cela signifie qu’on peut être potentiellement fertile jusqu’à 3 semaines avant son retour de couches : 2 semaines environ entre l’ovulation et les premières règles post accouchement, et 5-6 jours avant cette première ovulation réussie (car un spermatozoïde peut rester en vie jusqu’à 5 jours avant l’ovulation, grâce à la glaire cervicale). Il ne faut donc pas attendre le retour des règles pour se considérer comme à nouveau fertile !
Le timing de la reprise de l’ovulation dépend bien sûr de chaque femme en post partum. En revanche, selon la Haute autorité de santé, elle ne peut pas avoir lieu avant 3 semaines après l’accouchement (21 jours), le dialogue hormonal entre les ovaires et le cerveau ne se rétablit pas avant ce laps de temps. Ensuite, le délai est grandement influencé par l’allaitement, puisque la prolactine empêche ou du moins entrave l’ovulation après l’accouchement.
Chez une maman qui n’allaite pas, l’ovulation peut reprendre 3 semaines après l’accouchement
Chez une maman qui allaite au sein, l’ovulation est généralement retardée de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois. Toutefois, rien n’est garanti et l’ovulation peut faire son grand come-back à tout moment !
On peut donc potentiellement tomber enceinte assez vite après la naissance de son bébé, d’où la nécessité de réfléchir à une méthode contraceptive post accouchement.
Petit point sur le taux de fiabilité d’un moyen de contraception
Quand on ne veut pas avoir un enfant, le critère numéro 1 est bien sûr la fiabilité du moyen de contraception choisi.
Il faut savoir que ce taux de fiabilité est calculé selon l’indice de Pearl : cet indice, sur 100, indique le nombre de grossesses qui ont été observées sur l’année par les femmes utilisant le dit moyen de contraception. Ainsi, un indice de Pearl de 99% signifie que sur 100 femmes, seule 1 est tombée enceinte en utilisant ce moyen de contraception durant l’année écoulée.
Ensuite, cet indice de Pearl est sous-découpé en deux taux de fiabilité distincts :
Le taux de fiabilité théorique : il s’appuie sur l’application du moyen de contraception dans des conditions parfaites de laboratoire.
Le taux de fiabilité pratique : il s’agit du taux de fiabilité de la « vraie » vie, en tenant compte des erreurs, des oublis et des circonstances particulières. C’est ce qui explique que le taux de fiabilité pratique est souvent moins élevé que le taux de fiabilité théorique !
Cette précision étant faite, on peut maintenant dérouler la palette des moyens de contraception qui s’offrent à vous si vous venez d’accoucher 🙂 Pour info, on parlera toujours du taux de fiabilité pratique, puisque c’est celui qui nous intéresse le plus !
Les méthodes contraceptives disponibles après l’accouchement
Il n’est pas rare que les mamans ressortent de la maternité avec une prescription de pilule : cela étant, il existe donc tout un panel de méthodes de contraception possibles après l’accouchement 🙂
Méthodes hormonales
Pilules combinées (et autres méthodes oestro-progestatives)
Côté pilule, il est possible de recourir aux pilules combinées (qui contiennent à la fois des oestrogènes et de la progestérone de synthèse) après l’accouchement, mais sous certaines conditions :
Si vous allaitez au sein : elles ne sont pas recommandées pendant 6 mois après l’accouchement, car les hormones pourraient passer dans le lait maternel et être ingérées par votre bébé.
Si vous n’allaitez pas : vous pouvez commencer votre pilule combinée à partir de 42 jours après l’accouchement (soit environ 6 semaines). En effet, les autorités de santé préfèrent recommander ce délai, car le risque de problèmes cardiovasculaires (notamment de thrombose) est majoré après l’accouchement. Néanmoins, ce délai peut passer à 21 jours, si votre médecin estime que vous ne présentez pas de risque : donc discutez-en avec votre sage femme ou votre gynécologue 🙂
Outre la pilule, d’autres moyens de contraception fonctionnent sur le même principe, en délivrant à la fois des oestrogènes et de la progestérone de synthèse, tels que le patch et l’anneau vaginal, qui répondent aux mêmes contraintes de délai d’utilisation, en cas d’allaitement notamment et contre-indications.
Le patch contraceptif est un petit timbre adhésif carré d’environ 5 cm de côté qui se colle sur la peau. Il contient des oestrogènes et de la progestérone de synthèse, qui sont libérés progressivement à travers la peau et passent dans la circulation sanguine. Il bloque l’ovulation, épaissit la glaire cervicale et altère la paroi de l’endomètre pour rendre l’implantation d’un embryon plus difficile. Le principe est d’appliquer un nouveau patch toutes les semaines (sur le ventre, les fesses, le haut du bras ou du dos), pendant 3 semaines consécutives, et respecter une semaine de pause avant de reprendre.
L’anneau vaginal, quant à lui, est un anneau souple et transparent, qu’on vient mettre au fond de son vagin, comme un tampon et qui y reste pendant 3 semaines consécutives. On le retire pendant 7 jours, avant d’en remettre un autre, pour 3 semaines. Il a moins d’impact sur la charge mentale que la pilule et le patch, puisqu’il ne faut pas y penser tous les jours ou toutes les semaines, mais « seulement » au moment de le mettre, puis de le retirer 3 semaines plus tard.
Le patch et l’anneau, comme la pilule, nécessitent une prescription médicale, de la part de votre médecin, gynécologue ou sage femme. Ils peuvent être utilisés, hors allaitement, 6 semaines après l’accouchement.
Voici leur taux de fiabilité pratique respectifs :
Pilule combinée : 93%
Patch : 91%
Anneau vaginal : 93%
Le patch et l’anneau vaginal comporte les mêmes risques et effets secondaires que la pilule combinée.
Pilules micro-progestatives (et autres méthodes à base de progestatifs)
Les pilules microprogestatives sont utilisables dès 3 semaines après l’accouchement, que la maman allaite ou non. Elles présentent en effet moins de risques, car elles ne contiennent que de la progestérone de synthèse.
Les pilules progestatives présentent néanmoins des contre-indications : elles ne sont pas recommandées aux femmes qui ont des saignements génitaux non expliqués, une grave maladie du foie, ou encore un cancer du sein ou de l’utérus, ou certains problèmes cardiovasculaires, entre autres.
D’autres méthodes de contraception reposant sur un progestatif sont également proposées aux femmes qui viennent d’accoucher (ou non, d’ailleurs !). En post partum, il est par exemple également possible de recourir à l’implant : l’implant est un petit bâtonnet glissé sous la peau qui délivre seulement un progestatif (étonogestrel), pendant 3 ans. C’est la raison pour laquelle il peut, lui aussi, être posé 3 semaines après l’accouchement et présente les mêmes contre-indications que la pilule micro-progestative.
Quant au stérilet ou dispositif intra-utérin hormonal, il délivre une dose de progestatif (lévonorgesrel) en continu et peut être posé à partir de 4 semaines après l’accouchement, après avoir vérifié l’absence d’une infection sexuellement transmissible ou génitale.
Enfin, certaines femmes font le choix des injections intramusculaires de progestatif (généralement de la médroxyprogestérone), à réaliser toutes 8 à 12 semaines. L’injection est réalisée par un professionnel de santé (médecin, infirmière, sage-femme) dans le bras ou la fesse.
Voici les taux de fiabilité pratique des différentes méthodes à base de progestatifs :
Pilule progestative 93%.
Implant : 99,9%.
Stérilet (DIU) hormonal : 99,8%
Injection : 94%
Pilule du lendemain
Il est également possible de recourir à la contraception orale d’urgence, plus communément appelée « pilule du lendemain » : néanmoins, demandez toujours conseil à votre médecin avant d’y avoir recours notamment si vous allaitez, afin qu’il vous donne une pilule du lendemain adaptée en post partum et à l’allaitement. La pilule du lendemain doit être prise dans les 3 ou 5 jours qui suivent le rapport à risque (selon la molécule utilisée) et gardez en tête que l’ovulation est décalée, mais pas annulée : c’est signifie que vous devrez utiliser une méthode barrière jusqu’à vos prochaines règles.
Petit mot sur le retour de couches si vous employez une méthode contraceptive hormonale avant le retour de vos règles : l’ovulation étant entravée, il n’y aura pas de véritable reprise de votre cycle menstruel. Les saignements vaginaux que vous observerez sous pilule, implant, patch etc. sont des saignements de privation et non de « vraies » règles. Ces saignements ne sont donc pas, au sens strict du terme, un « retour de couches ».
Méthodes non hormonales
Après l’accouchement, on peut aussi opter pour une méthode contraceptive sans hormones, qui ne bloque pas la reprise de votre cycle menstruel et votre ovulation 🙂
Préservatif
Il s’agit de la seule méthode de contraception qui protège des IST (infections sexuellement transmissibles), mais elle présente une fiabilité pratique plus faible que d’autres méthodes, de l’ordre de 85% pour le préservatif masculin et 79% pour le préservatif féminin. Le préservatif a également l’avantage de ne pas présenter de contre indication majeure et de pouvoir être utilisé assez vite après un accouchement, dés que vous vous sentez prête à reprendre les rapports. Il permet aussi de répartir la charge contraceptive dans le couple.
DIU au cuivre
Le stérilet ou DIU au cuivre peut être posé dans les 4 semaines après l’accouchement (parfois 48 heures après, mais de manière plus rare), après avoir vérifié qu’il n’y ait pas d’infection sexuellement transmissible ou vaginale (comme pour le stérilet hormonal). Il s’agit également d’une méthode de contraception d’urgence.
Ligature des trompes
Lorsqu’on est sûre de ne pas vouloir d’autre enfant après son accouchement, il est également possible d’avoir recours à la ligature des trompes, qui est irréversible. Elle est généralement réalisée 6 semaines après l’accouchement, le temps que l’utérus retrouve sa taille initiale.
Dans certains couples, c’est l’homme qui choisit une méthode contraceptive définitive, la vasectomie. Cette dernière n’empêche la production de sperme, ni l’éjaculation : en revanche, le sperme ne contient pas de spermatozoïdes.
MAMA
Comme expliqué précédemment, la prolactine, l’hormone de la lactation, bloque l’ovulation. Ainsi, certaines femmes s’appuient sur ce phénomène pour éviter une grossesse après l’accouchement : cette méthode de l’allaitement s’appelle la MAMA (Méthode de L’Aménorrhée et de l’Allaitement Maternel).
Elle est efficace à 98% en pratique, mais répond à certaines exigences :
Elle ne fonctionne que les 6 premiers mois du bébé
Le retour de couches ne doit pas avoir eu lieu
L’allaitement doit être exclusif : pas de biberon, pas de tétine, pas d’alimentation diversifiée
L’espace entre deux tétées ne doit pas être de plus de 4 heures en journée et 6 heures la nuit
Si l’un de ces 4 critères n’est pas respecté, cette méthode contraceptive n’est plus efficace :s
Symptothermie
Enfin, en post partum, il est également possible de recourir à la symptothermie !
Cette méthode de contraception s’appuie sur l’auto-observation des symptômes de l’ovulation, à savoir la glaire cervicale et la température.
La glaire cervicale, en période d’ovulation, devient crémeuse, laiteuse, voire « blanc d’oeuf cru » sous l’influence des oestrogènes
La température au réveil augmente d’environ 0,3 degrés après l’ovulation sous l’impulsion de la progestérone.
Le seul « souci », c’est qu’après l’accouchement, il est assez compliqué de déceler l’ovulation, car le cycle est bien moins lisible, puisque le dialogue entre le cerveau et les ovaires peut avoir du mal à se faire, d’autant plus en cas d’allaitement. L’idée est alors de s’appuyer sur la glaire cervicale, qui annonce que le corps tente une ovulation : à partir de ce moment-là, on peut reprendre sa température et si elle augmente, c’est que l’ovulation a bien eu lieu ! Il faut garder en tête qu’il peut y avoir plusieurs « départs de glaire », qui signalent autant de tentatives d’ovulation. C’est la raison pour laquelle les femmes ont l’impression d’avoir plein de pertes blanches en période post-natale ! On vous rassure, c’est totalement normal 🙂
Mais dans tous les cas, présence de glaire = fertilité potentielle = prudence (même si parfois, l’ovulation ne se concrétise finalement pas).
On vous recommande vivement d‘être formée et accompagnée si vous souhaitez pratiquer la symptothermie en post partum, qui vous permettra à la fois d’anticiper votre retour de couches (si vous repérez votre première ovulation réussie, vous pourrez vous dire que vos règles seront de retour d’ici 16 jours maximum) et éviter une grossesse surprise !
Voici leur taux de fiabilité pratique respectifs de ces différentes méthodes de contraception sans hormones en post partum :
Préservatifs : 85% pour le préservatif masculin et 79% pour le préservatif féminin
DIU cuivre : 99,2%
Ligature des trompes : 99,5% – Vasectomie : 99,8%
MAMA : 98%
Symptothermie : 98%.
De manière générale, les méthodes non hormonales sont tout aussi efficaces que les méthodes hormonales, voire parfois plus efficaces (sauf pour le préservatif).
Les méthodes contraceptives non recommandées après l’accouchement
Après avoir vu les méthodes de contraception qu’il est possible d’adopter après l’accouchement, voici celles qui ne sont pas recommandées chez la femme en post partum :
Capes cervicales, diaphragme, spermicides : selon la Haute Autorité de Santé, ces méthodes barrières ne doivent pas être utilisées dans les 6 semaines après l’accouchement. De plus, la taille de la cape et du diaphragme doivent être revues par votre médecin ou votre sage femme.
Pilules oestroprogestatives dans les 6 mois après l’accouchement si vous allaitez
La MAMA, en cas d’allaitement mixte, et/ou 6 mois après l’accouchement, ou bien si le retour de couches a eu lieu.
En conclusion, vous l’aurez compris, la pilule n’est absolument pas le seul moyen de contraception à votre disposition après l’accouchement ! Vous avez accès à toute une palette de contraceptifs et la possibilité de faire votre choix en fonction de votre situation, de votre état de santé et de vos préférences, avec l’appui de vos professionnels de santé (médecin, gynécologue ou encore sage-femme). L’idée est vraiment que vous puissiez choisir en toute conscience une méthode qui vous convient et qui présentera le moins d’effets secondaires possibles.
Quelle méthode a votre préférence ou bien quelle est la méthode de contraception que vous avez adoptée, vous, après la naissance de votre bébé ? 🙂