Les idées clés
Si un grand nombre de femmes sont à l’affût du moindre signe de grossesse (qu’elle soit désirée ou non) et attendent avec impatience de pouvoir faire un test de grossesse, d’autres, bien plus rares, peuvent totalement passer à côté de leur grossesse. Elles font alors ce qu’on appelle un déni de grossesse et ce phénomène suscitent beaucoup de questions : pourquoi leur ventre ne grossit pas ? Pourquoi est-ce qu’elles continuent d’avoir leurs règles ? Comment est-ce possible qu’elles ne ressentent aucun des symptômes de grossesse ? Comment, finalement le fait d’être enceinte peut-il être complètement caché, dissimulé ?
Dans cet article, on va essayer de répondre à toutes ces questions, qui sont passionnantes. Une chose est sûre : notre cerveau, pour nous protéger, nous joue parfois de sacrés tours ! On va aussi voir ensemble qu’elles peuvent être les conséquences d’un déni de grossesse sur la maman et sur le bébé. Ready ?!
L'article, en bref
ToggleQu’est-ce qu’un déni de grossesse ?
Le déni de grossesse désigne le fait de ne pas avoir conscience d’être enceinte pendant au moins les 3 premiers mois de grossesse.
Très étrange et suscitant beaucoup de questions, le déni de grossesse est néanmoins assez rare, puisqu’il concerne 2 grossesses sur 1000. Comme le montre d’ailleurs cette étude, le déni de grossesse touche toutes les classes sociales, dans le monde entier, sans forcément que les femmes concernées n’aient d’antécédent psychiatrique (seulement 20% des cas).
On peut faire un déni de grossesse partiel (à plus de 3 mois de grossesse, mais avant l’accouchement) ou un déni de grossesse total (jusqu’à la naissance du bébé).
Déni de grossesse partiel
Le déni de grossesse partiel concerne les femmes qui découvrent leur grossesse après le premier trimestre, ce qui exclut la possibilité d’une IVG (une interruption volontaire de grossesse, légale jusqu’à la 14ème semaine de grossesse). La grossesse est souvent découverte lors d’une consultation pour un tout autre motif, tel que des saignements, des douleurs lombaires ou abdominales, avec notamment un examen d’imagerie qui montre qu’un fœtus se développe dans le ventre de la maman.
Déni de grossesse total
On peut également faire un déni de grossesse total, lorsqu’on découvre sa grossesse lors de l’accouchement. Cette situation est là encore bien plus rare, puisqu’elle concerne 0,3 grossesses sur 1000.
Dans les cas les plus extrêmes, il arrive même que la levée du déni de grossesse ait lieu après l’accouchement, la maman ne réalisant pas que « ce » bébé est bel et bien le sien. La prise de conscience a donc lieu après la naissance du nouveau né.
Quelle est la différence avec une grossesse nerveuse ? Une grossesse nerveuse, c’est en fait tout l’inverse : on développe tous les symptômes de la grossesse, alors qu’on n’est pas du tout enceinte. Le déni de grossesse est également différent de la grossesse cachée : la future maman ne cache pas sa grossesse, puisqu’elle n’a pas conscience d’être enceinte ! C’est un blocage inconscient, avec une négation totale de son état.
Une grossesse invisible
Le déni de grossesse démontre toute la puissance de l’inconscient, qui bloque les manifestations physiques de la grossesse. Comment expliquer qu’on soit enceinte sans le savoir, alors que le corps est normalement l’objet de si gros changements quand il s’apprête à donner la vie ?
Les règles qui restent présentes
L’absence de règles est l’un des principaux signes qui nous indiquent qu’une grossesse est en cours. Mais, comment expliquer que les femmes faisant un déni de grossesse aient toujours leurs règles ?
En fait, ces « règles » seraient plutôt des saignements de grossesse, qui sont pris par les femmes victimes d’un déni de grossesse pour des menstruations. Or tout saignement vaginal ne correspond pas forcément à des règles ! Les règles suivent toujours une ovulation : or, en cas de grossesse, on ne peut pas ovuler, même en cas de déni de grossesse.
Ces saignements peuvent être dus à des spotting ou des saignements légers qui se produisent parfois pendant la grossesse, mais que la femme interprète comme ses règles habituelles.
Le fait d’avoir ce qui semble être des règles peut renforcer le déni de grossesse, car la femme ne remet pas en question son état et ne pense pas à la possibilité d’être enceinte.
De plus, les femmes qui ne suivent pas leur cycle et qui ont des cycles irréguliers et/ou très longs peuvent ne pas « s’inquiéter » de ne pas voir leurs règles arriver pendant plus de 3 mois. D’où l’intérêt de d’observer son cycle menstruel, pour voir s’il y a une ovulation ou non et permettre la détection d’une grossesse 🙂
Un bébé qui prend peu de place
Autre signe de grossesse qui ne trompe pas : le ventre qui grossit et s’arrondit ! Or, en cas de déni de grossesse, le ventre de la maman reste inchangé, ou ne prend que très peu de volume.
Dans ce cas, on peut se demander « mais où se trouve le bébé ?! » En fait, le corps s’adapte de manière surprenante, avec l’utérus qui se positionne différemment (vers l’arrière et le haut, le long de la colonne vertébrale) pour dissimuler la grossesse. Les muscles abdominaux restent contractés inconsciemment, masquant aussi les signes visibles !
Peu de symptômes de grossesse
Les femmes touchées par un déni de grossesse ont également très peu de symptômes de grossesse : elles n’ont pas de nausées, il n’y a aucune prise de poids, elle ne ressentent ni fatigue, ni tensions mammaires, ni des envies fréquentes d’uriner ou les mouvements du bébé.
En réalité, l’absence de mouvement du bébé et de symptômes tient surtout au fait que la femme n’a tellement pas conscience qu’elle est enceinte qu’elle ne prête pas attention aux signes, ou qu’elle les prend pour autre chose et les explique autrement. Les mouvements du bébé peuvent être pris pour des troubles digestifs, les nausées expliquées par une intoxication alimentaire et la fatigue imputée à une période de travail un peu chargée par exemple.
Ce qui est incroyable, c’est que lors d’un déni partiel, le corps de la femme enceinte se transforme en seulement quelques heures après l’annonce de la grossesse !
Lors d’un déni total, le principal symptôme est la douleur suscitant par les contractions précédant l’accouchement.
Comment expliquer un déni de grossesse ?
Comme dit précédemment, ce phénomène très mystérieux du déni de grossesse peut toucher toutes les femmes ! Leur entourage et même leur médecin peuvent également totalement ignorer la grossesse, tellement il n’en est a priori pas question.
Chaque femme enceinte faisant un déni de grossesse étant différente, avec des parcours très différents, il est difficile d’avoir une explication universelle. Il y a autant de dénis que de femmes, et les spécialistes eux-mêmes ont beaucoup de mal à l’expliquer !
Toutefois, il s’agirait d’un mécanisme de défense inconscient de la psyché, qui protège la femme enceinte d’une situation qu’elle n’est pas en mesure de gérer. Ce mécanisme de défense peut naître d’un traumatisme (un viol, par exemple), d’un non désir de maternité (ou d’un flou à ce sujet), du fait que ce que ne soit pas le bon moment / partenaire, d’un conflit psychique non résolu ou de tout autre chose.
Le déni de grossesse peut aussi toucher les femmes et les couples qui ont beaucoup de mal à avoir un enfant et qui se sont tellement persuadés qu’une grossesse est trop compliquée à obtenir qu’ils passent à côté de la grossesse.
Selon le DSM-V (le manuel de référence des troubles psychologiques), le déni de grossesse est classé parmi les « troubles liés aux traumatismes et au stress« .
Quelles sont les conséquences d’un déni de grossesse ?
Bien sûr, lorsqu’une grossesse n’est pas suivie dès le début, cela peut avoir des conséquences sur la mère comme sur l’enfant. Néanmoins, plus la grossesse est découverte tôt, plus la prise en charge est rapide et les conséquences sont amoindries !
Sur la maman
La maman peut être littéralement sous le choc, en état de sidération et ressentir un sentiment de honte et de culpabilité lors de la levée du déni de grossesse, même partiel. Il peut alors être bienvenu pour elle d’être prise en charge par un psychothérapeute, afin « d’encaisser » la nouvelle.
Par ailleurs, sur le plan physique, il va être nécessaire de faire tous les examens qui n’ont pas eu lieu auparavant, comme les différentes prises de sang et échographies de suivi de grossesse, afin de vérifier que la mère et le bébé vont bien, qu’il n’y a aucun souci ou pathologie.
Dans le cas d’un déni de grossesse total, la situation est plus délicate : la grossesse est alors découverte lors de l’accouchement, réalisé souvent sans assistance médicale, avec de possibles complications.
Il va donc être capital d’apporter tous les soins nécessaires à la mère, et de lui offrir le suivi d’un psychothérapeute pour gérer cette nouvelle maternité. Dans les situations les plus tristes et se sentant dans l’incapacité psychologique et/ou matérielle de l’élever, certaines mamans décident de faire adopter leur enfant.
Sur le bébé
Le déni de grossesse a également des conséquences sur le bébé : en effet, sa maman n’ayant pas conscience d’être enceinte, elle n’a pas pu adapter son comportement à sa grossesse en cours. De ce fait, elle a pu continuer à boire de l’alcool, fumer, consommer des drogues ou encore des aliments et des plantes ou compléments alimentaires non recommandés pendant la grossesse.
Par ailleurs, le manque de suivi médical peut exposer le fœtus à un risque de pathologie, d’une malformation ou d’un retard de croissance. Le risque de naissance prématurée ou de mort néo-natale est majoré, du fait d’un accouchement sans assistance médicale en cas de déni de grossesse total. L’enfant va alors avoir besoin de soins immédiats et d’être l’objet d’une série d’examens pour s’assurer qu’il va bien.
Sur le plan psychologique, l’enfant et la maman peuvent avoir du mal à nouer un lien et l’enfant peut avoir le sentiment de ne pas avoir été désiré. Il est parfois dit qu’un enfant né à l’issue d’un déni de grossesse est généralement assez calme et discret, prenant « peu de place ».
Questions fréquentes
Comment savoir si on fait un déni de grossesse ?
La plupart des dénis de grossesse sont détectés de manière fortuite lors d’un examen d’imagerie révélant la présence du fœtus, ou à la suite d’un test de grossesse si le praticien a un doute.
Peut-on faire un déni de grossesse sous pilule ou stérilet ?
Oui, tout à fait ! Aucun moyen de contraception n’est fiable à 100% et le fait d’être enceinte peut paraître encore plus lointain pour les futures mamans, qui se sentent protégées par la pilule ou le stérilet. Par ailleurs, on a de fausses règles sous pilule, qui peuvent maintenir l’illusion qu’aucune grossesse n’est en cours, tandis que les femmes ayant un stérilet peuvent connaître des saignements, qu’elle prennent pour des règles.
A noter que sous stérilet, le danger d’un déni de grossesse peut être plus grand, car l’embryon peut s’accrocher dans la trompe utérine ou le péritoine : on parle alors de grossesse extra-utérine, qui est une urgence vitale absolue.
Peut-on avoir un test de grossesse négatif en cas de déni de grossesse ?
Non, un test de grossesse ne peut pas être négatif en cas de déni de grossesse ! En effet, même en cas de déni de grossesse, le corps de la femme enceinte produit de la bêta hCG, une hormone uniquement sécrétée par les femmes enceintes et qui est détectée par les tests de grossesse, que la maman soit consciente ou non de son état.
Sans beta hCG, la grossesse ne peut en effet pas se poursuivre, car cette hormone commande à la progestérone (une hormone essentielle chez les femmes !) de maintenir l’endomètre, la muqueuse utérine afin d’assurer la survie du fœtus. Si la progestérone chute, l’endomètre se détache et la grossesse s’arrête. Cette chute de progestérone, on la vit d’ailleurs à chaque cycle ! La progestérone est produite après l’ovulation, puis sa production se tarit au bout de 16 jours maximum : la muqueuse utérine se détache et nos règles arrivent 🙂
Tout ça pour dire qu’il y a forcément une sécrétion de beta hCG en cas de grossesse et que le test sera forcément positif, même en cas de déni de grossesse. Sauf que, le problème dans le déni de grossesse n’est pas que le test serait négatif, mais plutôt que la future mère ne pense pas à faire un test, tellement, de son point de vue, il est impossible qu’elle soit enceinte.
Peut-on faire un déni de grossesse en y pensant ?
A priori non, car si on y pense, c’est qu’on ne peut pas faire un déni de grossesse 🙂 Le déni de grossesse est vraiment un blocage de l’inconscient et on ne pense pas du tout à l’éventualité d’une grossesse.
Si vous vous demandez si vous êtes en train de faire un déni de grossesse, rassurez-vous : ce n’est probablement pas le cas 🙂 Et au moindre doute, si quelque chose vous met la puce à l’oreille, n’hésitez pas à faire un test de grossesse !
Pour conclure, le déni de grossesse, qu’il s’agisse d’un déni partiel ou d’un déni total, est une manifestation incroyable du lien entre notre corps et notre esprit, qui oeuvrent ensemble pour nous protéger. Toutefois, la prise de conscience d’une grossesse, en cours de route ou parfois à la toute fin, est généralement un choc, qui nécessite une prise en charge efficace sur tous les plans, à la fois pour la maman et pour le bébé.
Si cela vous est déjà arrivé, ou si vous traversez cette épreuve peu commune, vous avez tout notre soutien ❤️ Si vous le souhaitez, n’hésitez pas à nous transmettre votre témoignage en commentaire : il pourra sûrement aider d’autres femmes, car non, vous n’êtes pas seule ❤️