Les idées clés
Les perturbateurs endocriniens sont un très vaste sujet : on sait qu’ils ont un impact sur notre santé, mais on ne comprend pas toujours quelles molécules sont concernées, quels sont leurs effets sur notre corps et surtout, comment les éviter dans notre quotidien.
Une sphère qui est particulièrement concernée par ce problème est celle des cosmétiques : en effet, les marques ont tendance à utiliser beaucoup de molécules chimiques dans leurs formulations, et certaines sont assez problématiques !
Dans cet article, on va essayer de dresser une sorte « d’état des lieux » afin d’y voir plus clair : quelles substances présentes dans nos produits de beauté sont suspectées de perturber nos hormones et surtout, comment les éviter ? Comment décrypter les listes d’ingrédients et quelles sont les marques cosmétiques sans perturbateurs endocriniens ? On vous explique tout 🙂
Les perturbateurs endocriniens : qu’est-ce que c’est ?
Depuis quelques années, on entend beaucoup parler des perturbateurs endocriniens et de tous leurs effets potentiellement néfastes sur notre santé. Mais pourquoi, exactement ?
Les perturbateurs endocriniens sont des molécules qui viennent interférer avec nos hormones (aka notre système endocrinien, d’où leur nom) et ce, de deux manières possibles :
Soit ils miment exactement l’une de nos hormones.
Soit ils se fixent sur les récepteurs de nos hormones naturelles, ce qui les empêche d’exercer leur action sur les organes cibles, comme nos ovaires par exemple.
Les perturbateurs endocriniens peuvent aussi affecter les glandes responsables de produire ou de réguler nos hormones, ou peuvent aussi interférer avec le transport de ces hormones dans notre corps, via le sang. Dans tous les cas, les perturbateurs endocriniens leurrent notre cerveau, ce qui peut entraîner des effets néfastes sur notre corps, à plus ou moins long terme.
Avant d’aller plus loin, quelle est la différence entre hormone et neurotransmetteur ? Les hormones sont sécrétées par des glandes (hypophyse, hypothalamus, ovaires, testicules, surrénales, pancréas etc.) et sont transportées via le sang vers leurs cellules cibles. Les neurotransmetteurs (comme la dopamine ou la sérotonine) circulent via les neurones et donc, au travers du système nerveux ! Ce sont bien deux choses très différentes 🙂
Certains médicaments sont des perturbateurs endocriniens « reconnus », que les médecins prescrivent justement dans ce but : on peut citer le Levothyrox qui vient remplacer nos hormones thyroïdiennes, les traitements à base d’insuline pour les diabétiques, ou encore la pilule, qui se substitue aux oestrogènes et la progestérone et, ce faisant, bloque le dialogue cerveau / ovaires pour mettre l’ovulation en pause.
Néanmoins, il y a aussi beaucoup de perturbateurs endocriniens qui s’invitent dans notre quotidien sans qu’on les y ait invités ! Ils peuvent être présents dans nos meubles, notre cuisine, l’air que l’on respire, mais aussi dans nos produits de soin et de beauté.
Les perturbateurs endocriniens à traquer dans vos produits de beauté
La plupart des marques cosmétiques ont l’habitude, pour formuler leurs produits, d’ajouter des molécules chimiques dans leur composition, pour en augmenter la sensorialité (la texture, l’odeur, etc.) ou la conservation, par exemple. Mais attention : si certains de ces ingrédients sont safe, d’autres sont à limiter, voire à bannir de votre salle de bain !
Certains conservateurs
Ces conservateurs présents dans nos produits d’hygiène et de beauté sont accusés d’être des perturbateurs endocriniens.
Les parabènes (methylparaben, propylparaben, etc.)
Les parabènes sont des conservateurs couramment utilisés dans les cosmétiques pour prévenir la prolifération des bactéries, des levures et des moisissures.
On en trouve dans certaines crèmes hydratantes, laits corporels, masques, gommages, shampooings, après-shampooings, produits coiffants, déodorants, gels douche, fond de teint, rouges à lèvres, mascara, etc.
Le souci, c’est que les parabènes sont suspectés de perturber le fonctionnement de la thyroïde : or, cette glande régule une très grande partie de nos mécanismes biochimiques, dont la fertilité et le cycle menstruel font partie ! Une autre étude a démontré que le butylparaben a un effet sur la qualité du sperme, la prostate, les testicules, mais aussi sur les ovaires et la poitrine.
Le triclosan
Le triclosan est un agent antibactérien et antifongique utilisé dans certains produits de beauté et d’hygiène pour prévenir la prolifération des bactéries et prolonger leur durée de vie.
On en trouve dans les dentifrices et bains de bouche, les savons antibactériens (liquides ou solides), les déodorants, les nettoyants visage (notamment ceux contre l’acné) ou encore les lingettes nettoyantes pour le corps (entre autres).
Le problème avec le triclosan, c’est qu’il affecterait la thyroïde et les hormones sexuelles. En Europe, son usage est limité à des concentrations très basses (maximum 0,3 %) et seulement dans certains types de produits comme les dentifrices. Aux États-Unis, la FDA a interdit son usage dans les savons antibactériens depuis 2016.
Il est parfois remplacé par le triclocarban, tout aussi controversé.
Le phénoxyéthanol
Le phénoxyéthanol est un conservateur garantissant ainsi la stabilité et la sécurité des formules.
Les études scientifiques ne sont pas encore tout à fait arrêtées concernant le phénoxyéthanol, mais il vaudrait mieux l’éviter, ne serait-ce que par mesure de précaution, car il est potentiellement dangereux à haute dose. Et comme on peut cumuler les produits qui en contiennent, dans le doute, autant éviter !
Il est autorisé en cosmétique dans l’Union européenne, à des concentrations maximales de 1 %.
On peut en trouver dans les soins pour le visage, les sérums, les démaquillants (eaux micellaires et laits), les produits de maquillage (fond de teint, poudre, mascara, eyeliner, rouge à lèvres), les produits capillaires, les déodorants, les gels douche, les parfums, les produits solaires, mais aussi les lingettes pour bébé (bien que son utilisation dans ces produits soit critiquée et déconseillée par certains organismes de santé).
Les antioxydants synthétiques
Les antioxydants synthétiques tels que le BHA (Butylhydroxyanisole) et le BHT (Butylhydroxytoluène) sont ajoutés aux produits de beauté pour protéger les formules contre l’oxydation. L’oxydation est un processus chimique qui peut dégrader les ingrédients actifs (huiles, vitamines, parfums) en les rendant inefficaces ou en altérant leur odeur, leur couleur ou leur texture.
Ils sont souvent présents dans les crèmes et lotions hydratantes pour le corps et pour le visage, les rouges à lèvres, les produits solaires, le fond de teint et le maquillage en poudre, les shampooings et après shampooings et les parfums.
S’ils sont si controversés, c’est parce que le BHA est un cancérogène possible selon le CIRC (le Centre International de Recherche contre le Cancer) et suspecté d’être reprotoxique (c’est-à-dire qu’il altère la fertilité ou la grossesse). En Europe, le BHA est restreint à une concentration maximale de 0,5 % dans les produits cosmétiques.
Ensuite, le BHA et le BHT sont aussi et surtout peu biodégradables, ce qui pose de gros soucis environnementaux.
Les silicones
Les silicones (cyclopentasiloxane, cyclotétrasiloxane, cyclométhicone, etc.) sont utilisés dans un grand nombre de produits de beauté, notamment dans les produits pour les cheveux et pour le visage, pour leurs propriétés lissantes, adoucissantes et protectrices.
Les recherches sont encore en cours, mais selon un rapport de l’ECHA (l’Agence Européenne des produits chimiques) paru en octobre 2024, le cyclotetrasiloxane est suspecté « d’endommager la fertilité« , tandis que le cyclotetrasiloxane, de son côté, est lui aussi « susceptible de nuire à la fertilité » selon l’INRS. Le cyclométhicone, quant à lui, est un mélange de cyclopentasiloxane et de cyclotetrasiloxane.
Toutefois une chose est sûre : ils sont mauvais pour l’environnement et considérés comme des polluants éternels. Par ailleurs, ils ont tout de même un effet occlusif sur la peau et les cheveux : ils « cachent » les défauts de nos cheveux et de notre peau en apposant comme un filtre, un vernis qui ne soigne pas en profondeur, mais camoufle les défauts.
Mais aussi
Les phtalates, que l’on retrouve dans les vernis à ongles, les parfums, les produits coiffants, les savons parfumés ou encore les huiles corporelles. Ce sont des plastifiants chimiques, utilisés pour stabiliser les formules, améliorer la texture ou la tenue des produits.
Les alkylphénols : ils sont parfois utilisés pour leurs propriétés nettoyantes émulsifiantes et stabilisantes, notamment dans les shampoings et les gels douches, les soins du visage et les produits de maquillage.
Le formaldéhyde et libérateurs de formaldéhyde : le formaldéhyde est un conservateur que l’on retrouve dans les produits lissants pour les cheveux, mais aussi dans les lingettes, shampooings ou nettoyants pour bébé. Dans l’Union européenne, le formaldéhyde en tant qu’ingrédient direct est strictement limité ou interdit dans de nombreux produits. Les libérateurs de formaldéhyde sont également surveillés et leur concentration est réglementée. Bien qu’il ne soit pas considéré comme un perturbateur endocrinien, il vaut mieux l’éviter, car le Centre International contre le Cancer a classé le formaldéhyde comme un « cancérogène avéré pour l’homme«
Éthoxylates de nonylphénol (NPE) : on en trouve dans les produits nettoyants pour le visage et le corps, les shampooings et après-shampooings, les lingettes nettoyantes et certains produits de maquillage comme les fonds de teint ou les crèmes teintées. Ils sont interdits dans les produits cosmétiques en raison de leur dangerosité pour l’environnement aquatique et de leur persistance : ils se dégradent en nonylphénol, molécule reconnue comme perturbateur endocrinien et toxique pour la reproduction.
Certains filtres solaires, comme les benzophénones (dont l’oxybenzone) et l’ethylhexyl methoxycinnamate.
Comment choisir un produit de beauté sans perturbateurs endocriniens ?
Comme vous avez pu le constater, il y a toute une liste de substances à éviter dans nos produits de soin et nos cosmétiques. Quand on prend conscience de tous ces ingrédients problématiques, on peut se dire qu’on ne s’en sortira jamais et qu’on est condamnés à se laver uniquement à l’eau !!
On vous rassure tout de suite : il est tout à fait possible de trouver des produits de beauté plutôt clean, en adoptant certains gestes, certains réflexes au quotidien 🙂
Premièrement, essayez d’avoir cette petite liste en tête de molécules problématiques, même si ce n’est effectivement pas évident, surtout que leurs noms sont très difficilement décryptables au dos d’un flacon et que certains fabricants sont très forts pour les nommer autrement, histoire qu’ils soient moins reconnaissables ! C’est la raison pour laquelle on vous recommande aussi de télécharger l’application mobile INCI Beauty, qui note les produits de beauté en fonction de leur composition et vous alerte si le produit que vous vous apprêtez à acheter contient des perturbateurs endocriniens. L’application Yuka est pas mal aussi, même si elle est moins restrictive.
Par ailleurs, on attire votre attention sur l’effet cocktail : certains de vos produits de beauté peuvent contenir une dose infime d’un ingrédient susceptible de perturber vos hormones, ce qui explique que sa présence soit autorisée par les autorités sanitaires. Toutefois, si tous vos produits contiennent une petite quantité de ces molécules, vous pouvez vous exposer à une dose qui serait potentiellement problématique, donc prudence 🙂
C’est aussi la raison pour laquelle il vaut mieux miser sur des produits à la composition la plus courte possible, voire, si vous le pouvez / souhaitez, opter pour des produits bruts comme des huiles végétales, ou des hydrolats.
Sachez également qu’en France, la loi AGEC va progressivement imposer aux marques d’informer les consommateurs de la présence de « substances préoccupantes » et donc de perturbateurs endocriniens dans la composition de leurs produits, notamment via l’application Scan4Chem. De plus, selon l’INSERM, « depuis 2023, le règlement européen CLP (Classification, Labelling and Packaging) impose en outre aux distributeurs de perturbateur endocrinien des règles d’étiquetage et d’emballages pour indiquer les risques associés à l’utilisation / l’exposition à ces produits.«
Enfin, sachez que les labels bio tels que Cosmos Organic, Ecocert ou Slow Cosmétique bannissent un grand nombre de perturbateurs endocriniens dans la composition des produits labellisés.
Notre liste des meilleures marques de produits de beauté sans perturbateurs endocriniens
Pour encore davantage vous guider dans le choix de vos cosmétiques sans perturbateurs endocriniens, voici une petite sélection de marques qu’on aime beaucoup, et qu’on vous recommande les yeux fermés 🙂
Pour certaines, on a fait en sorte d’avoir des codes promos, car vous nous le demandez beaucoup !
Moom Skincare, qui est certifiée par un laboratoire indépendant sans perturbateurs endocriniens (le code de marrainage EMANCIPEES10 vous offre 10 euros sur votre commande)
Oden (le code EMANCIPEES vous offre 10% de réduction)
Soin de soi (le code EMANCIPEES vous offre 10% de réduction)
Vous pouvez aussi trouver des produits de beauté clean sur la markeplace Greenweez : (le code EMANCIPEES vous offre 10% de réduction dès 59 euros d’achat). Vérifiez les compos avant de glisser les produits dans votre panier 🙂
Pour les plus petites bourses, Avril et Aroma-Zone, ainsi que Clémence & Vivien sont aussi de bonnes alternatives !
Voici les marques qui ont notre confiance, mais n’hésitez pas, de votre côté, à vérifier leur composition via INCI Beauty, car certains produits de la même marque sont meilleurs que d’autres, selon la gamme choisie, par exemple 😉 Les compositions peuvent également évoluer !
Questions fréquentes
Quel est le pire perturbateur endocrinien ?
Il n’y a pas vraiment de « pire » perturbateur endocrinien dans les produits de soin, surtout que les recherches sont loin d’être finies à ce sujet et on n’est pas à l’abri d’en découvrir de nouveaux.
Néanmoins, il est vraiment recommandé d’éviter certaines substances comme les parabens, le triclosan, le BHA, les silicones, les phtalates, etc.
Sans oublier l’effet cocktail ou la combinaison de plusieurs perturbateurs endocriniens dans votre routine beauté qui peuvent faire exploser le quota de perturbateurs « tolérés » au quotidien (du moins, selon les autorités sanitaires).
Comment se laver sans perturbateurs endocriniens ?
Les perturbateurs endocriniens sont effectivement très présents dans les produits lavants, à la fois pour faire mousser les gels douche par exemple, ou pour leurs propriétés anti-bactériennes ou conservatrices.
Là encore, il faut « traquer » la liste des ingrédients, pour limiter les parabens, le phénoxyéthanol, les alkylphénols ou encore les éthoxylates de nonylphénol souvent présents dans ce type de produits (entre autres).
Est-ce qu’il faut forcément choisir des produits bio et naturels ?
De manière générale, c’est mieux ! Les labels sélectionnent généralement des produits aux ingrédients d’origine naturelle, sans perturbateurs endocriniens.
En revanche, encore une fois, outre la marque ou le label, c’est la composition qui prime : certaines marques qui se présentent comme « clean » peuvent contenir des substances controversées, alors que certaines petites marques plus confidentielles, qui n’ont pas les moyens de s’offrir un label, peuvent être de jolies surprises. De la même manière, certaines marques très connues peuvent développer une gamme bio ou des produits très clean, tout en conservant des produits pas safe du tout pour votre santé.
Quelles sont les marques de produits beauté « safe » pendant la grossesse ?
S’il est important de toujours faire attention aux perturbateurs endocriniens pour sa santé générale et surtout, hormonale, la grossesse est particulièrement concernée ! En effet, une étude a démontré que l’exposition prénatale aux perturbateurs endocriniens pouvait exposer les enfants à un risque plus grand syndrome métabolique sur le long terme, et que les bébés filles sont particulièrement touchées par ce phénomène. Le syndrome métabolique est un ensemble de perturbations hormonales qui augmentent le risque de développer des maladies cardiovasculaires et du diabète de type 2. Il y a donc un effet transgénérationnel des perturbateurs endocriniens :s
Pour faire le bon choix, n’hésitez pas à vous référer à la liste qu’on a partagée un peu plus haut dans l’article : Soin de Soin, Moom Skincare, Oden, La Rosée, etc.
Néanmoins, faites bien attention aux produits naturels qui contiennent des huiles essentielles (par mesure de précaution) et privilégiez les versions sans parfum (qui sont également parfaites pour les peaux sensibles, même chez les femmes qui ne sont pas enceintes !). Les hydrolats sont en revanche tout à fait OK 🙂
On évite également les produits à base de rétinol, qui peut provoquer des malformations chez le foetus :s
Si vous avez un doute, n’hésitez pas à demander à la marque si le produit qui vous fait envie est safe pour vous et votre bébé 🙂 C’est également un point qu’on aborde encore plus en profondeur dans le Mama Club, notre programme dédié aux 3 premiers mois de la grossesse !
Pour conclure, il est essentiel de bien choisir ses produits de beauté pour préserver ses hormones, sa santé et sa fertilité, en évitant ces fichus perturbateurs endocriniens 🙂
Le souci, c’est qu’ils sont partout, ou du moins dans la plupart des produits de beauté les plus couramment mis à disposition sur le marché, ce qui peut parfois être décourageant : on espère quand même que cet article vous aura permis d’y voir plus clair et vous aura donné des pistes et des conseils pour bien choisir, que ce soit grâce à INCI Beauty ou notre petite liste de recos !
Si vous avez des questions complémentaires, n’hésitez surtout pas 🙂 De la même manière, n’hésitez pas à partager vos marques préférées, garanties sans perturbateurs endocriniens en commentaire !
Les sources complémentaires
