Dans notre panorama des méthodes naturelles de gestion de sa fertilité, on ne pouvait pas occulter la grande star en la matière : la symptothermie !
Si ce terme ne vous dit pas grand chose, c’est parce que cette approche est récente et qu’elle n’a pas encore la renommée de ses consorts de la Méthode de l’Ovulation Billings® ou de la méthode Ogino (dont elle souffre de la mauvaise réputation en terme de fiabilité…).
Et pourtant, construite sur la base d’études scientifiques poussées, elle est bien plus rigoureuse et fait preuve d’une efficacité et d’une précision redoutables lorsqu’elle est correctement appliquée !
Le concept de symptothermie vous intrigue, ou vous aimeriez en savoir un peu plus avant de vous lancer dans cette méthode naturelle de contraception ? On vous explique tout !
Table des matières
- Qu’est-ce que la symptothermie ?
- Observer son cycle menstruel grâce aux biomarqueurs de l’ovulation
- Pourquoi observer son cycle menstruel avec la symptothermie ?
- Comment se situe la symptothermie dans le panorama des méthodes naturelles ?
- Quel est le taux de fiabilité de la méthode symptothermique ?
- À qui s’adresse la symptothermie ?
- Avantages et inconvénients de la symptothermie
- Nos conseils pour débuter en symptothermie
- Comment pratiquer la symptothermie au quotidien ?
- Le regard d’une gynécologue médicale sur la symptothermie
- Questions fréquentes
Qu’est-ce que la symptothermie ?
Commençons par une petite définition du mot « symptothermie » : il est la contraction des termes “sympto”, qui fait référence aux symptômes, aux indicateurs de la fertilité (glaire cervicale, position du col de l’utérus) et “thermie”, pour la température du corps au réveil (ou température basale).
Il s’agit d’une méthode d’auto-observation des signaux renvoyés par le corps lorsqu’il entre dans sa phase fertile, autrement dit lorsqu’il s’apprête à ovuler, puis quand il a ovulé. En étant capable d’identifier ces bio-marqueurs, une femme est donc en mesure de savoir quand elle risque de tomber enceinte et quand elle peut avoir des rapports non protégés sans risque (ou au contraire, quand elle doit être au taquet si son souhait est d’avoir un bébé !).
En effet, s’il est impossible de prédire l’ovulation (on vous voit, les appli magiques de calendrier d’ovulation basées sur la méthode de calcul Ogino !), on peut en revanche se réapproprier son cycle menstruel et le comprendre.
La symptothermie se présente donc comme une alternative aux contraceptifs chimiques et mécaniques, mais pas que ! C’est aussi un formidable allié pour les femmes qui ont un projet de grossesse et qui ne sont pas sûres de bien identifier “le bon moment” (aka la période fertile de leur cycle et l’ovulation).
Enfin, cette méthode est aussi et surtout une façon pour les femmes de se reconnecter à leur corps, à leur intimité, à leurs émotions et de s’émanciper de méthodes de contraception qu’on n’a pas forcément choisies et au contraire, de se réapproprier la gestion de sa fertilité. Et tout cela de façon écologique, gratuite et partagée avec son partenaire (et oui, il devient autant responsable que vous de votre contraception !).
C’est aussi une manière de faire en sorte d’organiser sa vie (sexuelle mais aussi émotionnelle) en fonction de lui. En effet, les fluctuations hormonales au cours du cycle ont un impact énorme sur notre sensibilité et nos performances !).
Observer son cycle menstruel grâce aux biomarqueurs de l’ovulation
On l’a dit, la symptothermie est une méthode qui se base sur les biomarqueurs de l’ovulation pour ouvrir et fermer la fenêtre de fertilité au cours du cycle menstruel, qui ne dure que 6-7 jours. Ils sont au nombre de 2, avec un petit troisième en complément !
La glaire cervicale
La glaire cervicale est un formidable signal envoyé par le corps pour nous renseigner sur notre fertilité. Elle est en effet produite par le col de l’utérus sous l’impulsion des oestrogènes, donc plutôt avant et pendant l’ovulation, en première partie de cycle. En gros, plus il y a d’oestrogènes, plus la glaire cervicale est translucide, étirable et lubrifiée ; côté sensation, on se sent mouillée et c’est un peu glissant quand on s’essuie aux toilettes. La glaire cervicale d’aspect « blanc d’oeuf cru » est LA glaire qui nous indique que l’ovulation est a priori imminente, voire en cours !
Toutefois, elle fait son apparition quelques jours avant, sous forme d’une glaire cervicale de type « houmous » ou « lait pour le corps » : elle n’a pas encore la texture optimale pour faciliter la rencontre ovule/spermato, mais ces deux types de glaire nous indiquent qu’on entre dans notre période fertile !
A contrario, une fois l’ovulation passée, la glaire cervicale s’assèche sous l’impulsion de la progestérone, hormone star de la deuxième partie de cycle.
La température basale
Côté température basale, il y a clairement un avant et un après l’ovulation : en effet, une fois l’ovule expulsé, son enveloppe désormais vide devient le corps jaune, qui sécrète de la progestérone. Or, cette hormone, en plus d’assécher la glaire cervicale, fait monter la température basale de 0,3 degré environ ! Cela peut paraitre minime, mais la prise de température quotidienne permet d’observer un décalage thermique qui nous indique que, ça y est, on a bien ovulé 🙂
On considère que la période de fertilité est terminée une fois que la température a augmenté de plus de 0,3 degrés et que cette augmentation de la température basale se maintient sur 3 jours et qu’en parallèle, la glaire a atteint un pic et a baissé en qualité pendant au moins 3 jours aussi. C’est sur ce double contrôle que repose la symptothermie !
En effet, le seul hic avec la température basale, c’est qu’elle nous indique l’ovulation a posteriori : c’est la raison pour laquelle, pour ne pas louper le coche si on veut un bébé ou au contraire, ne pas prendre de risque si on est en mode contraception, on croise la température avec l’observation de la glaire cervicale. La glaire cervicale permet d’ouvrir la fenêtre de fertilité, tandis que la montée de température + l’assèchement de la glaire sur 3 jours nous indiquent, par double contrôle, qu’on a bien ovulé et qu’on entre en phase d’infertilité certaine jusqu’aux prochaines règles.
Le col de l’utérus
En option et pour celles qui sont à l’aise, il est aussi possible d’observer son col de l’utérus pour essayer de déterminer si on se trouve en phase fertile ou non. En effet, en phase fertile, le col de l’utérus a tendance à remonter, à être un peu ouvert pour laisser s’écouler la glaire cervicale dans un sens et passer les spermatozoïdes dans l’autre, mais aussi à être plus doux.
Il va dans le même temps s’aligner avec le vagin, alors qu’en phases infertiles, il a tendance à se positionner sur le côté, se fermer, se durcir et redescendre (il est alors plus accessible depuis l’entrée du vagin). La position du col de l’utérus peut donc être un indicateur supplémentaire de l’ovulation !
En observant de façon quotidienne au moins 2 de ces indices (souvent glaire + température), il est donc possible de distinguer 4 phases dans le cycle :
- Les règles, qui contrairement à ce que l’on peut croire, ne sont pas forcément une phase de non-fertilité. En effet, pour celles qui ont un cycle menstruel un peu court, l’ovulation peut arriver très vite et comme la glaire cervicale permet aux spermatozoïdes de rester vivants durant 5 jours en attendant l’ovulation, un rapport non protégé durant les menstruations peut mener à une grossesse ;
- La phase pré-ovulatoire, qui est infertile tant qu’il n’y a pas de signaux telle que la glaire cervicale ou le changement de consistance du col de l’utérus ;
- La phase ovulatoire, aussi appelée fenêtre de fertilité : c’est à ce moment-là qu’il faut se protéger si on veut éviter une grossesse (ou au contraire tout donner si on souhaite tomber enceinte !). Cette phase dure en général 6-7 jours.
- La phase post-ovulatoire (ou phase lutéale), qui elle, est toujours infertile et peut durer jusqu’à 16 jours.
Pourquoi observer son cycle menstruel avec la symptothermie ?
La symptothermie est une méthode naturelle d’observation du cycle qui permet de repérer son ovulation et sa fenêtre de fertilité. Et ça c’est précieux, à plusieurs titres !
Pour concevoir
La méthode symptothermique peut être utilisée dans le but de favoriser ses chances de grossesse. Dans cette hypothèse, des études ont montré que l’approche symptothermique permettait de tomber enceinte dans 31 à 68% des cas, tandis que la probabilité n’est que de 24% si on a des rapports à des moments aléatoires du cycle. En effet, en repérant son ovulation, on sait quand avoir des rapports pour favoriser une fécondation !
La symptothermie est ainsi une belle alternative aux tests d’ovulation par exemple, qui ne fonctionnent pas toujours selon les cas, et qui ne donnent qu’une très courte fenêtre de fertilité (la veille et le jour de l’ovulation), alors qu’une femme est fertile jusqu’à 5 jours avant grâce à la glaire cervicale. Avec la symptothermie, on a donc une période plus longue pour optimiser ses essais bébés !
En contraception naturelle
La méthode symptothermique est aussi une méthode de contraception naturelle très fiable : là encore, repérer son ovulation avec précision permet d’éviter tout risque de grossesse non désirée. Loin d’être une méthode de grand-mère, la fiabilité de la symptothermie est démontrée et reconnue par l’OMS, avec un indice de Pearl de 98,2% en pratique.
Cela signifie que, pratiquée correctement, la symptothermie a permis d’éviter une fécondation dans 98,2% des cas. À titre de comparaison, la pilule présente quant à elle un taux de fiabilité pratique de 93%.
Pour s’assurer que tout va bien
La symptothermie est une méthode qui permet également de s’assurer que l’on ovule bien et que son cycle menstruel se déroule sans encombre.
Mais pourquoi, me direz-vous ? C’est tout simple : les hormones du cycle (oestrogènes et progestérone) sont utiles à bien des égards, et pas seulement sur le plan de la reproduction. Elles participent à une bonne santé cardiovasculaire, articulaire, à la régulation de notre système nerveux, de notre sommeil… bref, à notre bien-être général ! C’est la raison pour laquelle l’ovulation est le 5ème signe vital d’après le Collège des gynécologues américains, après la tension artérielle, la température corporelle, la fréquence cardiaque et la fréquence respiratoire 🙂
Par ailleurs, un déséquilibre hormonal peut conduire à des soucis de santé qu’on ne soupçonne pas forcément. Cette méthode d’observation du cycle permet de checker si on ovule bien et si notre phase lutéale est suffisamment longue, par exemple. Chez les femmes souffrant de syndrome prémenstruel (SPM), on remarque souvent une ovulation de mauvaise qualité et/ou un manque de progestérone, qui se traduit souvent par une phase post-ovulatoire assez courte, inférieure à 11 jours.
Si vous le souhaitez, voici le témoignage de Marion, qui explique comment elle s’est formée en symptothermie et a pleinement intégré la méthode dans sa vie de femme, de mère et dans son couple 🙂
Comment se situe la symptothermie dans le panorama des méthodes naturelles ?
Symptothermie vs autres méthodes naturelles
On l’a dit, la symptothermie est souvent rangée dans le même panier que des vieilles méthodes qui ne sont plus franchement d’actualité et qui ne brillent pas par leur efficacité (notamment la fameuse méthode Ogino dite “du calendrier”, ou encore la méthode des températures seules).
Pourtant, son approche combinée la rend singulière dans le monde des méthodes de contraception naturelles. Elle se distingue :
- Des approches basées sur un seul indice, comme la Méthode de l’Ovulation Billings® ou encore FertilityCare et la Méthode des 2 jours, qui n’utilisent que la glaire cervicale, ou encore la méthode des températures qui, comme son nom l’indique, ne se base que sur la température.
- Des méthodes prédictives, qui font des calculs pour prévoir la date d’ovulation (par exemple Ogino mais aussi la plupart des applications de suivi de cycle)
- Des tests d’ovulation consistant à détecter la présence de l’hormone produite juste avant l’ovulation (la LH) dans les urines, certaines écoles utilisant ces tests combinés avec l’observation de la glaire (par exemple FEMM Health et Marquette)
Les différentes écoles symptothermiques
Au sein même de la symptothermie, il y a plusieurs approches ! Elles se basent globalement toutes sur les mêmes travaux et recherches et sur les mêmes règles, mais ont développé quelques spécificités dans l’interprétation des indices de fertilité.
Si auparavant, les méthodes d’observation du cycle étaient surtout issues du milieu catholique, aujourd’hui on peut, en France, apprendre la symptothermie auprès de :
- CLER Amour et Famille, association française chrétienne (sa méthode s’appelle Cyclamen, anciennement MAO pour méthode d’auto observation)
- Planning Familial Naturel, association belge qui enseigne la méthode allemande Sensiplan
- Eden Fertilité, institut francophone qui a élaboré sa propre méthodologie sur le fondement des règles Sensiplan
- SymptoTherm, fondation suisse qui a développé une application de symptothermie
Vous pouvez trouver des monitrices de ces différentes écoles en ligne, il n’y en a pas beaucoup en France mais elles sont de plus en plus nombreuses.
On a par ailleurs créé le Serenity Club fondé sur les règles des méthodes Cyclamen et Sensiplan, mais à la sauce Emancipées ; ), pour vous former à la symptothermie sur 6 semaines. Avec cette formation, vous avez toutes les clés pour connaître votre corps et pratiquer la symptothermie en toute autonomie, de manière rigoureuse, bien sûr, mais aussi dans la bonne humeur et le partage d’expérience 🙂
Quel est le taux de fiabilité de la méthode symptothermique ?
Voilà LA grande question !! Celle qui fait malheureusement l’objet de nombreux préjugés, balayant d’un revers de main les études pourtant menées sur la question. Pourtant, comme dit précédemment, elle s’avère très efficace quand elle est utilisée dans un but contraceptif 🙂 Et a fortiori quand on la pratique dans le but de favoriser ses chances de grossesse !
En tant que méthode de contraception naturelle : 98% d’efficacité !
Vous le savez surement si vous avez l’habitude de nous lire, pour déterminer la fiabilité d’un mode de contraception, on utilise l’indice PEARL, qui mesure l’efficacité théorique (dans le monde parfait des labos) et l’efficacité pratique (tenant compte des aléas de la vie, des oublis, etc.). Il correspond au nombre de grossesses non planifiées pour 100 couples sur une période d’1 an.
Ainsi, la pilule a par exemple un indice PEARL théorique de 99,7% mais en pratique, il baisse à 93% (soit 7 femmes sur 100 qui tombent enceinte sous pilule).
S’agissant de la symptothermie, il ressort des études que son indice PEARL est de 99,6% en théorie (soit seulement 0,4 grossesses non désirées sur 100). Pour l’efficacité pratique, cela diffère selon les études et les écoles mais elle s’échelonne entre 98,5 et 93,5%. Selon l’OMS, elle est de 98%.
Soit bien autant (voire plus !) que la pilule et les autres contraceptifs hormonaux ! Le souci est que la plupart des sources font un amalgame entre la symptothermie et les autres méthodes de contraception naturelle “vieillottes”, et donnent donc des chiffres loin de ces résultats.
Pour autant, les chiffres de 99,6 et 98% sont bien les données officielles figurant tant sur le site de l’OMS que sur celui du gouvernement français questionsexualite.fr.
En revanche, il faut être clair sur un point : cette fiabilité repose uniquement sur la rigueur et la prudence des personnes qui appliquent une méthode symptothermique ! Autrement dit, il est indispensable de bien observer ses indices de fertilité et de respecter les périodes “sans rapports non protégés” ou avec une méthode barrière pour que la méthode soit efficace. Au moindre écart pendant la fenêtre fertile, le risque est grand, car il n’y a pas de filet ! Il est donc impératif de se former avant de se lancer « pour de vrai », auprès de professionnels sérieux.
La symptothermie est donc, contrairement aux croyances et aux discours fréquents du corps médical, une méthode très efficace, à condition d’être motivés et rigoureux dans son application (on parle ici des deux membres du couple !).
À qui s’adresse la symptothermie ?
Il n’y a pas de contre indication pour utiliser la symptothermie : les femmes jeunes, en pré-ménopause, qui viennent d’avoir un bébé et/ou qui allaitent peuvent totalement se former et appliquer la méthode pour suivre leurs cycles. Idem pour les femmes ayant un cycle très irrégulier (en cas de SOPK par exemple), ce sera même d’autant plus précieux !
Pour autant, selon les périodes, la lisibilité des cycles peut être plus ou moins facile. En post partum par exemple, c’est une période où il n’est pas toujours évident de se repérer, et où il convient d’être extrêmement prudente.
En revanche, il y a deux critères indispensables pour que cela fonctionne :
- Ne pas prendre de contraceptif hormonal, qui bloque le cycle et donc les signaux, que l’on ne peut pas observer. Et oui, les hormones de synthèse bloquent les fluctuations hormonales naturelles !
- Avoir un partenaire impliqué et à l’écoute, car toute l’efficacité de la méthode repose sur l’absence de rapports non protégés pendant les périodes fertiles.
A ce moment-là, c’est donc à lui de reprendre la responsabilité, soit en portant un préservatif, soit en trouvant ensemble des façons de vous amuser sans passer par la case pénétration (ne faites pas cette tête, c’est pas si compliqué que ça !).
Au-delà de la contraception, comme dit précédemment, la symptothermie peut permettre d’optimiser ses chances de grossesse, mais aussi d’identifier des anomalies dans le cycle, signes éventuels d’un dysfonctionnement à faire contrôler par un médecin (déséquilibre hormonal, endométriose, infertilité, etc.).
Avantages et inconvénients de la symptothermie
Comme toute méthode de gestion de sa fertilité, la symptothermie a ses points forts et ses points faibles. Les voici !
Avantages de la symptothermie
- Efficace si bien appliquée (99,6% en théorie et 98,5% en pratique)
- Respectueuse du cycle menstruel
- Écologique, sans hormones, sans déchets
- Sans effets secondaires
- Sans impact sur la libido
- Autonome (le couple s’auto-gère)
- Partage de la responsabilité de la contraception dans le couple
- Réversible (projet de grossesse possible à tout moment)
- Précieuse pour détecter des anomalies du cycle
- Applicable par toutes et à tout moment (de la puberté à la ménopause)
- Gratuit
Inconvénients de la symptothermie
- Nécessaire rigueur et implication du couple
- Nécessaire apprentissage / formation avant d’être autonome
- Absence de rapports non protégés pendant la période fertile
- Besoin d’être à l’aise avec son corps
- Pas de protection contre les infections sexuellement transmissibles
- La lisibilité du cycle peut être perturbée par des facteurs externes, comme le stress, la maladie, le décalage horaire, la prise de médicaments, etc.
Nos conseils pour débuter en symptothermie
Comme dit plus haut, il est essentiel de se former auprès d’une instructrice certifiée pour maîtriser la symptothermie : elle pourra ainsi vous expliquer les règles de la méthode, vous accompagner dans l’interprétation de vos graphiques et vous soutenir dans votre démarche. Il est possible de se former en ligne, en présentiel, en individuel ou en groupe, selon les besoins et les préférences de chacune.
Ensuite, il est important de bien vous équiper, et notamment de bien choisir votre thermomètre de symptothermie. Optez pour un thermomètre à double décimale, qui sera plus précis, connecté ou non. N’hésitez pas à aller lire notre comparatif des thermomètres pour choisir le vôtre !
Vous aurez aussi besoin d’un support de notation ! Pour débuter, on vous recommande de vous tourner vers un support papier, comme un cyclogramme imprimé. C’est en effet idéal pour bien intégrer la méthode ! Une fois que vous serez formée et/ou si vous préférez les supports digitaux, il existe des applications de symptothermie très chouettes, telles que Moonly et Read Your Body.
Par ailleurs, en symptothermie, on procède en deux temps : tout d’abord, on note tout ce qui nous paraît pertinent et le temps de l’analyse vient après. On observe, puis on interprète les différentes variations observées, mais on ne tire pas de conclusions hâtives 🙂
Enfin, dernière chose et non des moindres, on vous recommande d’être régulière et attentive, mais surtout d’être patiente avec vous-même : il est parfaitement normal de tâtonner au début, de ne pas tout comprendre, de faire des erreurs de notation ou d’interprétation ! Vous verrez que les choses vont devenir de plus en plus claires au fil des cycles, avec notamment des éléments qui vont revenir de cycle en cycle et qui vous permettront de mieux vous connaître. C’est aussi pour ça qu’il est précieux de se faire accompagner, pour être guidée et gagner un peu de temps au début 🙂
Comment pratiquer la symptothermie au quotidien ?
Voici quelques principes de base pour intégrer la méthode symptothermique dans votre quotidien 🙂
Prendre sa température basale au réveil
La température corporelle doit être prise tout de suite au réveil, avant de vous lever. Vous pouvez opter pour une prise buccale, vaginale ou rectale, si possible toujours à la même heure (dans la même fenêtre d’1h30) et pendant 3 minutes (oui, même si le thermomètre bipe avant !). Ne changez pas de mode de prise de température ou de thermomètre en cours de cycle 😉
Observer sa glaire cervicale
La glaire cervicale peut être observée à chaque fois que vous allez aux toilettes, avec vos doigts ou en vous essuyant avec du papier toilette. Vous pourrez ainsi juger de sa couleur, de sa consistance et de son étirabilité ! Les sensations à la vulve sont également importantes, alors n’hésitez pas à checker si vous vous sentez « sèche », « humide », ou « mouillée ». On a rédigé tout un article intitulé Comment observer sa glaire cervicale, n’hésitez pas ;))
Vérifier son col de l’utérus
La vérification du col est optionnelle, mais peut être utilisée à la place de la glaire cervicale si vous avez du mal à l’observer. Pour observer votre col, insérez un doigt propre dans le vagin et vous devriez sentir, au fond, si votre col est ouvert/fermé, dans l’axe du vagin/désaligné, dur/mou, haut/bas. Ne forcez rien, ne vous faites pas mal et essayez de l’observer toujours au même moment de la journée, plutôt le soir. De la même manière, commencez à l’observer à la sortie des règles, avant d’entrer dans votre fenêtre de fertilité, afin d’avoir un bon référentiel de col de l’utérus loin de l’ovulation 🙂
Noter ses observations
Quand vous avez tous les éléments, n’hésitez pas à les reporter, au quotidien, dans votre carnet, sur votre cyclogramme ou votre application de suivi de cycle en symptothermie. Plus vous serez précise, mieux ce sera ! Vous pouvez alors noter la date, la température, l’horaire de prise de la température, la couleur, la consistance, la quantité et la sensation de la glaire cervicale, ainsi que tous les éventuels facteurs perturbateurs (maladie, stress, alcool, médicaments, etc.).
Adapter sa pratique selon son objectif
La magie de la symptothermie, c’est qu’on peut s’en servir à la fois en projet bébé et en guise de méthode de contraception ! Ainsi, si vous souhaitez tomber enceinte, vous pourrez avoir des rapports sexuels pendant la période fertile, ou vous abstenir/utiliser une méthode barrière pendant la période fertile si vous ne voulez pas concevoir sur ce cycle !
Le regard d’une gynécologue médicale sur la symptothermie
🎞 🎧 Dans cet épisode de podcast, la gynécologue médicale Clotilde Mayolle nous explique pourquoi et comment elle a intégré la symptothermie dans sa pratique, auprès de ses patientes. Un éclairage hyper précieux qui montre que oui, la symptothermie est une méthode suffisamment fiable pour être recommandée par des professionnels de santé 🙂
Questions fréquentes
Les femmes n’ayant pas une relation stable peuvent-elles recourir à la symptothermie ?
On l’a dit, on a toutes intérêt à apprendre à observer notre corps. On vous encourage donc à vous former à la symptothermie ou à une autre méthode d’auto-observation, que vous ayez une vie sexuelle stable, instable, voire inexistante (toutes les jeunes filles devraient recevoir cette information d’utilité publique !!!).
Pour autant, on doit être honnêtes, si on veut l’utiliser comme moyen de contraception, c’est une pratique plus adaptée aux femmes en couple qui peuvent partager cette responsabilité avec leur partenaire. Ou alors les femmes ayant des partenaires multiples doivent systématiquement utiliser un préservatif (seul moyen de se protéger contre les IST de toute façon !).
Doit-on avoir de cycles réguliers pour utiliser une méthode symptothermique ?
Non, justement ! Contrairement aux approches prédictives qui requièrent d’avoir un cycle très régulier (et se contentent de calculer la date d’ovulation 14 jours avant les prochaines règles), avec la symptothermie, l’observation se fait au jour le jour. Peu importe que le cycle soit régulier ou complètement anarchique, les signaux nous montreront si on est dans une période fertile ou non.
De même, on dit souvent qu’il est préférable d’avoir une routine assez établie pour être à l’aise avec la méthode symptothermique. Ce n’est pas complètement faux, notamment pour la prise de la température, qui doit se faire tous les jours à peu près à la même heure. Mais aujourd’hui, il existe des outils connectés qui prennent la température sans qu’on ait besoin de faire quoi que ce soit : ça peut être une piste pour les plus désorganisées d’entre nous 🙂
N’hésitez pas à lire notre article sur la symptothermie en cas de cycle irrégulier pour aller plus loin 🙂
Quel thermomètre choisir en symptothermie ?
Pour pratiquer la symptothermie, il est important de choisir un thermomètre à double décimale, qui sera bien plus précis qu’un thermomètre classique. Hormis cela, vous pouvez choisir un modèle manuel comme le Cyclotest Lady, ou bien un thermomètre connecté comme le Tempdrop (même si on vous recommande de commencer avec un thermomètre manuel si vous êtes débutante en symptothermie).
Quelle application pour la symptothermie ?
Deux applications sont particulièrement bien faites : Moonly et Read Your Body. La première est en français, tandis que la seconde est anglophone 🙂 On ne vous recommande pas en revanche les applis de suivi de cycle « classiques », comme Clue par exemple, qui calculent votre prochaine ovulation et vos prochaines règles de manière prédictive.
Comment savoir si on est enceinte avec la symptothermie ?
La symptothermie est en effet une méthode qui peut vous permettre de détecter une grossesse 🙂 L’un des premiers signes sera éventuellement un saignement de nidation environ 7 jours après votre ovulation (validée par double contrôle de la température et de la glaire), qui n’est pas systématique. Le second sera une température basale qui ne baisse pas au bout de 18 jours après l’ovulation, preuve que la progestérone est toujours dans la place ! En effet, cette hormone est sécrétée par le corps jaune, dont la durée de vie n’excède pas 16 jours sans fécondation 🙂
Bien sûr, une absence de menstruations est le principal signe de début de grossesse ! Toutefois, gardez en tête qu’une grossesse se confirme avec certitude grâce à un test de grossesse ou une prise de sang.
Est-ce qu’on peut pratiquer la symptothermie sous pilule ?
La plupart des pilules bloquent le cycle et ses incidences sur le corps : il n’est donc pas possible d’observer sa glaire cervicale et ses fluctuations de température. Avec un stérilet au cuivre, le cycle restant naturel, on peut voir des signaux, mais moins que sans contraceptif.
Il est donc possible de commencer à se sensibiliser à la symptothermie avec une contraception, pour se reconnecter avec son corps et comprendre comment il fonctionne, mais cela n’aura pas trop d’intérêt. Pour l’utiliser comme contraceptif ou comme aide à la fertilité, il est nécessaire d’arrêter toute contraception hormonale. En revanche, la méthode symptothermique est OK quand on porte un stérilet au cuivre, non hormonal.
Est-ce qu’on peut pratiquer la symptothermie en post-partum ?
Oui, il est possible de pratiquer la symptothermie après son accouchement. Toutefois, cela requiert d’être bien accompagnée, et quand on allaite, ce n’est pas le moment le plus facile pour se former (en revanche si on était déjà formée, on peut parfaitement reprendre la pratique après l’accouchement).
Côté pratique, on vous recommande de reprendre votre température basale lorsque vous observez un retour de glaire : cela voudra dire que vos ovaires recommencent à travailler et que votre ovulation se prépare. En revanche, les cycles peuvent être perturbés en post-partum et la glaire peut aller et venir, avec des faux départs qui indiquent que l’ovulation n’aboutit pas forcément. Il est d’autant plus important d’être accompagnée par une conseillère à ce moment-là pour y voir plus clair !
Est-ce qu’on peut pratiquer la symptothermie en PMA ?
Tout à fait ! La prise de température corporelle et l’observation de la glaire ne viennent pas perturber le protocole en place. Vous pourrez ainsi checker que les stimulations fonctionnent bien (en voyant l’ovulation se faire) et vous sentir un peu plus actrice de votre parcours PMA 🙂
Alors, qu’en pensez-vous ? On espère vous avoir donné des clés de compréhension sur cette méthode naturelle d’observation de sa fertilité, qui gagnerait beaucoup à être enseignée à toutes les femmes !
Si elle peut effrayer par sa nécessaire rigueur, la symptothermie est souvent comparée au permis de conduire : il faut bien se former au départ pour être à l’aise et autonome (en général pendant 3 cycles), et après c’est parti pour toute la vie sans se prendre la tête !
Vous avez encore des questions ? Une expérience ou un avis sur la symptothermie ? Venez nous en parler en commentaire !
2 réflexions au sujet de “Comprendre son cycle menstruel grâce à la symptothermie”
Merci pour cet article très complet, j’ai néanmoins dû passer à côté d’une information. Si on a un des réveils nocturnes (biberons bébé) et un petit budget, quel est le thermomètre le plus adapté ? Merci !
Coucou B,
Voici un article qui te permettra de trouver celui qui pourrait te correspondre au mieux : https://www.emancipees.com/comparatif-thermometres-symptothermie/
À bientôt