Les idées clés
Certaines d’entre nous sont particulièrement sujettes aux maux de tête, voire aux migraines carabinées, qui nous obligent parfois à stopper toute activité pour aller dormir. Et souvent, ces migraines sont directement liées à… nos hormones féminines ! C’est probablement ce qui explique que les femmes soient deux fois plus concernées que les hommes par les crises migraineuses.
Mais pourquoi ? En quoi notre cycle menstruel et nos variations hormonales ont un rôle à jouer dans nos migraines ? Quels sont les mécanismes sous-jacents et les facteurs déclenchants, voire aggravants d’une migraine cataméniale ? Et surtout, comment soulager ces migraines hormonales ? Pas de panique : on vous explique tout 🙂
L'article, en bref
ToggleQu’est-ce qu’une migraine cataméniale et d’où vient-elle ?
La migraine cataméniale, définition
La migraine cataméniale est une migraine liée à notre cycle menstruel : les maux de tête surviennent généralement dans les 2 jours précédant les règles et jusqu’à 3 jours après leur début.
On parle généralement de migraine cataméniale pure quand elle survient uniquement pendant les règles. En revanche, une crise cataméniale « non pure » peut démarrer quelques jours avant le début des règles.
Les symptômes de la migraine cataméniale
Les symptômes de la migraine hormonale sont similaires à ceux d’une migraine classique sans aura :
Maux de tête intenses et pulsatiles, souvent d’un seul côté de la tête (parfois des deux côtés !)
Nausées et parfois vomissements
Sensibilité accrue à la lumière (photophobie) et au bruit
Fatigue intense
Quand une crise cataméniale débarque, on a généralement une seule envie : aller dormir, dans le noir et avec un bandeau sur les yeux, en attendant que ça passe ! #truestory
Dernier élément mais non des moindres, qui distingue la migraine cataméniale d’une migraine classique : elle concerne les femmes menstruées, et fait son apparition toujours au même moment du cycle, souvent juste avant les règles ou parfois, en milieu de cycle.
Quelle est la différence entre les migraines et les céphalées ? Les céphalées sont en général moins douloureuses et donnent une sensation d’étau, prenant tout le crâne, avec une douleur constante (non pulsatile). Elles ne s’accompagnent pas d’autres symptômes, et perturbent beaucoup moins la vie quotidienne.
Le diagnostic de migraine cataméniale est posé par votre médecin traitant, votre gynécologue ou votre sage-femme : toutefois, si vous avez une suspicion et pour vous assurer que vos crises de migraine sont bien liées à vos hormones, vous pouvez suivre votre cycle et noter, sur une application ou un carnet, les moments du cycle menstruel où elles surviennent, afin de réellement repérer une corrélation.
La migraine cataméniale est l’un des symptômes du syndrome prémenstruel (SPM), mais elle peut aussi survenir en milieu de cycle menstruel, plutôt juste après l’ovulation.
Quelles sont les causes de la migraine cataméniale ?
La chute des oestrogènes est à blâmer !
La migraine cataméniale est aussi appelée migraine hormonale, car elle causée par la chute des oestrogènes en fin de cycle menstruel. Chez certaines femmes, elles peut aussi se manifester immédiatement après l’ovulation, lors du shift hormonal entre les oestrogènes (hormones de la phase pré-ovulatoire et de l’ovulation) et la progestérone (hormone de la phase post-ovulatoire).
En effet juste avant l’ovulation, les oestrogènes sont à leur plus haut niveau du cycle (ils sont produits par le follicule dominant qui s’apprête à libérer son ovule), et du jour au lendemain, quand l’ovule est libéré, il n’y a plus du tout d’oestrogènes. Cette chute est brutale !
De même en fin de cycle, le corps jaune produit un peu d’oestrogènes, donc ils remontent après l’ovulation, puis redescendent avant les règles, avec de nouveau une chute assez brusque.
Mais pourquoi ? Tout simplement parce que les oestrogènes n’agissent pas uniquement sur notre système reproducteur, mais aussi sur d’autres mécanismes physiologiques, notamment dans notre cerveau !
Les oestrogènes et les neurotransmetteurs
Les œstrogènes modulent l’activité de plusieurs neurotransmetteurs importants comme la sérotonine, le GABA et l’acétylcholine. Leur diminution rapide perturbe cet équilibre neurochimique, ce qui peut favoriser l’apparition de migraines.
Les oestrogènes et la circulation sanguine cérébrale
Les œstrogènes ont un effet vasodilatateur sur les vaisseaux sanguins cérébraux. Leur chute brutale peut entraîner une vasoconstriction suivie d’une vasodilatation réactionnelle, mécanisme impliqué dans la douleur migraineuse.
Les oestrogènes influencent notre sensibilité à la douleur !
La baisse des œstrogènes semble augmenter la sensibilité du nerf trijumeau, responsable de la transmission de la douleur au niveau de la tête. Cela abaisse le seuil de déclenchement des migraines, puisqu’on est en fait plus sensible à la douleur.
Le shift hormonal provoque une inflammation
Les fluctuations hormonales peuvent favoriser la libération de substances pro-inflammatoires au niveau des méninges, contribuant à l’inflammation neurogène caractéristique des crises de migraine.
Les oestrogènes agissent sur l’hippocampe
La chute des œstrogènes affecte le fonctionnement de l’hippocampe, une région cérébrale impliquée dans la régulation du stress et des émotions, pouvant ainsi indirectement favoriser les migraines.
Petit point de « détail », mais qui a toute son importance : c’est spécifiquement cette fluctuation hormonale brutale, et non un taux bas d’œstrogènes en soi, qui est responsable du déclenchement des crises de migraine cataméniale chez les femmes sensibles à ces variations.
Une migraine cataméniale peut aussi être causée par votre contraception hormonale
Les contraceptifs hormonaux, en particulier les pilules combinées (œstrogènes + progestatifs), créent des variations artificielles des taux d’hormones dans le corps. Ces fluctuations, notamment la chute du taux d’œstrogènes pendant la semaine sans pilule, peuvent déclencher des migraines chez les femmes sensibles, voire carrément un SPM sous pilule.
De plus, les hormones contenues dans les contraceptifs peuvent affecter les niveaux de neurotransmetteurs comme la sérotonine, impliquée dans la régulation de la douleur et potentiellement dans la pathophysiologie de la migraine.
Enfin, les œstrogènes ont un effet vasodilatateur sur les vaisseaux sanguins cérébraux. Les variations de leurs taux dues à la contraception peuvent perturber cette régulation vasculaire et favoriser les migraines cataméniales.
La contraception orale peut même être une contre indication absolue en cas de migraine cataméniale dans certains cas !
Votre gynécologue peut vous la déconseiller si vos migraines sont des migraines avec aura : les migraines avec aura sont des migraines classiques, qui s’accompagnent de troubles neurologiques transitoires, comme des engourdissements, des troubles visuels (des points, des tâches ou des trous dans votre champ de vision) ou une difficulté à s’exprimer. Ces troubles peuvent précéder ou accompagner la crise de migraine.
Et si la pilule est alors déconseillée en cas de migraines cataméniales avec aura, c’est parce que les femmes qui en souffrent présentent un risque accru d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Ce sera aussi le cas si vous présentez d’autres facteurs de risque comme l’hypertension artérielle, le diabète, le tabagisme ou l’obésité, en plus des migraines cataméniales : le risque d’AVC est encore plus élevé et la contraception œstroprogestative est généralement contre-indiquée. Idem si vous avez plus de 35 ans !
Les facteurs déclenchants ou aggravants de la migraine cataméniale
En plus du shift hormonal qui semble être à la racine de la crise migraineuse hormonale, d’autres facteurs peuvent aggraver la récurrence ou l’intensité des maux de tête : le stress, le manque de sommeil, le manque d’hydratation, etc. L’hygiène de vie a donc toute son importance !
Petit aparté ! Si vos migraines surviennent plutôt au milieu du cycle (avant/pendant l’ovulation), il peut s’agir d’un autre mécanisme, où l’histamine est en cause. L’histamine est très liée aux oestrogènes (plus il y a d’oestrogènes, plus il y a d’histamine et plus il y a d’histamine, plus il y a d’oestrogènes) et est une molécule pro-inflammatoire : en soi, elle n’est pas mauvaise, mais quand elle s’emballe un peu trop, c’est elle qui déclenche nos allergies en faisant sur-réagir notre système immunitaire en présence d’un « intrus » (l’allergène).
L’histamine peut donc provoquer des migraines, car elle augmente, elle aussi, la dilatation des vaisseaux sanguins dans notre cerveau. Elle serait à l’origine de 87% des migraines, notamment quand l’enzyme chargée de la dégrader, la DAO est en déficit dans notre organisme.
Pour info, ces migraines liées à l’histamine étant l’un des symptômes du syndrome pré-ovulatoire, on parle dans le Moody Club (notre club destiné à celles qui veulent équilibrer et apaiser leur cycle menstruel, leur SPM et leur SPO), en vous donnant plein de pistes pour les apaiser, ainsi que toutes les autres joyeusetés qui accompagnent parfois l’ovulation 🙂
Quels sont les traitements des migraines cataméniales ?
Une fois le diagnostic posé, il existe heureusement des solutions pour soulager, voire diminuer la fréquence des crises de migraine, que ce soit via une prise en charge et des traitements médicaux, ou des approches plus naturelles 🙂
Les traitements médicamenteux
Souvent, en cas de crise migraineuse, le médecin traitant prescrit un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) à prendre avant que les douleurs ne soient trop intenses.
Un autre type de traitements existe, les triptans, qui sont une classe de médicaments spécifiquement développés pour traiter les crises de migraine, et notamment les migraines cataméniales, ainsi que les symptômes associés comme les nausées, les vomissements et l’hypersensibilité à la lumière. Ils réduisent la dilatation des vaisseaux sanguins, l’inflammation et le signal de la douleur. Le souci, c’est qu’ils sont interdits aux femmes ayant des troubles cardiovasculaires :s
Si les triptans ne sont pas suffisants, votre médecin peut vous faire une ordonnance de traitement à base de dérivés ergotés (dérivés de l’ergot de seigle), qui vont notamment agir sur les récepteurs de la dopamine et de la sérotonine. Ils présentent tout de même un certain nombre d’effets secondaires (vertiges, engourdissements, douleurs dans les extrémités, voire des fibroses abdominales, thoraciques ou cardiaques) et de contre-indications (la présence de troubles cardio-vasculaires et la combinaison avec les triptans).
Outre les anti-inflammatoires, les triptans et les dérivés ergotés, d’autres médicaments peuvent être proposés, comme des anti-dépresseurs ou des beta bloquants (qui ont tous leurs contre-indications spécifiques).
Lorsque l’intensité des migraines menstruelles est trop forte, votre médecin peut aussi décider de stopper le cycle menstruel grâce à une contraception hormonale. Toutefois, la contraception hormonale pouvant aussi provoquer les crises migraineuses, il est également possible de changer de contraception, en optant pour une contraception non hormonale.
Les solutions naturelles
Outre ces traitements médicamenteux qui peuvent grandement soulager, les solutions naturelles et l’hygiène de vie peuvent avoir un réel impact sur la fréquence des crises de migraine cataméniale et leur intensité.
Lorsque les maux de tête surviennent, si vous le pouvez, allez vous reposer, dans le noir 🙂 Vous pouvez également boire des tisanes de camomille romaine, qui aident à soulager les migraines, tout comme l’huile essentielle de menthe poivrée, en appliquant une goutte sur vos tempes, que vous viendrez masser. Le gingembre est aussi souverain pour calmer les nausées, tout comme, là encore, la menthe poivrée, mais plutôt à prendre en infusion, cette fois.
On l’a dit, le stress, la fatigue et le manque d’hydratation peuvent être des facteurs aggravants de la migraine cataméniale : essayez alors d’intégrer des exercices de relaxation ou de respiration dans votre routine, de boire au moins 1,5 litre d’eau par jour et de prendre soin de votre sommeil.
La migraine cataméniale étant liée à la chute des oestrogènes, vous pouvez aussi tenter d’ajouter des phytoestrogènes dans votre alimentation, comme le soja ou les graines de lin, afin de moduler votre taux d’oestrogènes à la hausse. Néanmoins, l’effet des phytoestrogènes peut varier selon les personnes, donc notre recommandation serait plutôt d’essayer et d’aviser en fonction des résultats 🙂
Questions fréquentes
Comment faire passer une migraine cataméniale ?
Il existe différentes manières de soulager une crise de migraine cataméniale, en mode SOS :
La prise d’anti inflammatoires ou d’un autre traitement médical (triptans, dérivés ergotés, etc.)
Mais aussi des solutions non médicamenteuses, comme aller se reposer + consommer des tisanes de plantes (camomille romaine, menthe poivrée, gingembre par exemple) ou des huiles essentielles.
Sur le long terme, il est intéressant de travailler sur son équilibre hormonal et son hygiène de vie pour réduire les crises de migraine cataméniale, notamment sur le stress et le sommeil.
Comment reconnaître une migraine hormonale ?
Une migraine hormonale survient toujours au même moment du cycle menstruel : souvent en fin de cycle (SPM) ou autour de l’ovulation.
Vous pouvez noter les dates auxquelles surviennent vos migraines et les comparer aux phases de votre cycle, pour voir s’il y a un lien entre les deux.
Qu’est-ce qu’une migraine hépatique ?
Une migraine hépatique est un type de migraine qui serait lié à un dysfonctionnement ou une surcharge du foie. Elle peut elle aussi être liée au cycle menstruel, notamment si le foie n’arrive pas bien à éliminer les hormones usagées après l’ovulation ou en fin de cycle.
Cela étant, la communauté médicale ne reconnait pas encore ce type de migraine (contrairement à la migraine cataméniale, qui elle, est bien connue et documentée !).
Qui consulter pour une migraine cataméniale ?
En cas de migraine cataméniale, vous pouvez consulter votre médecin traitant, votre sage-femme ou votre gynécologue, qui pourra procéder à un examen complet et éventuellement, revoir votre contraception avec vous, si besoin et si vos migraines cataméniales viennent bien de là.
En parallèle, vous pouvez aussi vous faire accompagner d’un naturopathe par exemple, pour ajuster votre hygiène de vie, votre alimentation et votre gestion du stress, si besoin.
La migraine cataméniale n’a désormais plus de secret pour vous 🙂 Vous l’aurez compris, elle est clairement liée aux variations des oestrogènes (et surtout à leur chute), ce qui explique qu’elles soient fréquentes avant ou pendant les règles.
Cela dit, si vous êtes concernées, on vous envoie toute notre force et gardez à l’esprit que vous n’avez pas à souffrir de crise migraineuse à chaque fin de cycle : des solutions existent, qu’elles prennent la forme d’une prise en charge médicamenteuse et/ou de pistes plus naturelles, liées à certaines plantes alliées et des ajustements dans votre hygiène de vie. Les deux sont d’ailleurs très complémentaires !
Qu’en pensez-vous ? Avez-vous des remarques, ou des astuces, des conseils pour d’autres lectrices qui seraient elles-aussi sujettes aux migraines cataméniales ? Partagez-nous tout ça en commentaire 🙂
Les sources complémentaires
4 réflexions au sujet de “Migraine cataméniale : tout comprendre sur ces maux de tête liés à nos hormones féminines”
Hyper intéressant ! Merci !! Boulot de dingue, je me sens reconnaissante d acoir croisé votre chemin dans ma vie !
Merci !
Merci beaucoup Julie ! 🙂
Je connais enfin le nom pour ce type de migraines! Le descriptif correspond exactement à mes symptômes merci. Et j’ai essayé de prendre la pilule et j’ai eu deux migraines à aura par jour jusqu’à ce que je fasse le lien entre la prise de la pilule et les migraines. J’ai arrêté la pilule et suis allée voir ma gynécologue.
Quand j’ai mal je prends de l’excedryn (paracétamol, aspirine et caféine), médicament sans prescription et qui est très efficace (demandez la posologie au pharmacien).
Quand je suis tombée enceinte, j’ai eu une énorme migraine comme j’en avais jamais eue. Et un mois avant d’accoucher j’ai recommencé à faire des migraines. Est-ce que vous avez une explication entre les changements hormonaux liés à ces moments de la grossesse et le déclenchement des migraines?
Coucou Jennifer ! Super si notre article peut t’aider ! <3 Oui, il est possible que la hausse des oestrogènes du début de grossesse ait augmenté ton taux d'histamine, qui, souvent, déclenche des migraines. Je ne peux rien affirmer à 100%, mais c'est une piste probable ! Merci encore pour ton petit mot et très bonne journée à toi !