Les idées clés
Si pour la majorité des femmes, ce sont les périodes menstruelle et prémenstruelle qui sont difficiles à vivre, chez certaines, c’est plutôt l’ovulation qui pose problème. En effet, lorsque l’ovulation a lieu, elles peuvent ressentir une forte douleur au bas ventre, associée à des nausées, des maux de tête, une grosse fatigue, voire carrément une forte irritabilité !
Pourtant, on nous dit souvent que lors de l’ovulation, on est au « climax » de notre fertilité, clairement dans notre moment Beyoncé du cycle, avec l’envie d’aller vers les autres, de sociabiliser, etc. Sauf qu’il arrive parfois que ce soit pile à ce moment-là que notre cycle menstruel nous fasse souffrir et qu’on « profite » d’un petit SPM des familles… avant l’heure !
Pourquoi l’ovulation peut-elle être aussi douloureuse ? Est-ce le signe d’une ovulation de mauvaise qualité, d’un problème de santé ? Est-ce que cela peut entraver vos chances de grossesse et de tomber enceinte ? Comment faire pour soulager la douleur et les inconforts ressentis pendant l’ovulation ? Et comment retrouver l’effet Beyoncé de l’ovulation, plutôt que la version dragon des oestrogènes ?! On décrypte tout ça avec vous 🙂
L'article, en bref
ToggleQu’est-ce que l’ovulation ?
L’ovulation se produit à chaque cycle menstruel et correspond à l’expulsion de l’ovule dans la trompe utérine. Contrairement à ce qu’on lit souvent, l’ovulation ne se produit pas forcément le 14e jour, mais peut avoir lieu plus tôt ou plus tard !
Au début du cycle (qui correspond au premier jour des règles), le cerveau relance tranquillement le processus ovulatoire : l’hypothalamus envoie une hormone, la GnRH, qui va stimuler l’hypophyse (une autre aire du cerveau), laquelle va envoyer de la FSH aux ovaires. La FSH commande aux follicules ovariens, qui contiennent tous un ovocyte, de grandir et maturer ; ce faisant, ces derniers sécrètent beaucoup d’oestrogènes.
L’un d’eux finit par prendre le lead, c’est le follicule de De Graaf : il sécrète énormément d’oestrogènes et en réponse, le cerveau envoie une nouvelle hormone, la LH. La LH déclenche l’ovulation, qui a généralement lieu 36 heures plus tard. L’ovule va alors s’extirper à la fois de son follicule et de l’ovaire, pour aller s’installer dans la trompe utérine et attendre une éventuelle fécondation.
C’est l’ovulation proprement dite, qui dure seulement quelques instants.
Une fois l’ovulation passée, le follicule vide devient le corps jaune et sécrète de la progestérone, jusqu’aux règles suivantes !
Les pertes blanches sont l’un des symptômes de l’ovulation : il s’agit en effet de la glaire cervicale, dont la production est corrélée à celles des oestrogènes. C’est ce qui explique qu’elle gagne en abondance à l’approche de l’ovulation ! Elles sont donc absolument normales si elles sont crémeuses/laiteuses ou ressemblent à du blanc d’oeuf cru. Elles ne doivent pas avoir d’odeur, ni générer de douleurs, de démangeaisons ou d’inconfort. La glaire cervicale est l’un des bio-marqueurs de l’ovulation, avec la température.
La glaire cervicale d’ovulation est parfois accompagnée d’un petit saignement, un spotting d’ovulation. Ce spotting n’est absolument pas grave, ni un signe de « mauvaise ovulation », bien au contraire !
Il arrive parfois que les cycles soient dits anovulatoires, c’est à dire qu’il n’y ait pas d’ovulation entre deux périodes de saignements. En réalité, il s’agit d’un abus de langage car ces saignements, qui ne sont pas des règles (les règles suivent toujours une ovulation), ne marquent pas le début d’un nouveau cycle. Il s’agit de saignements inter-menstruels, qui « ponctuent » le cycle.
Quels sont les symptômes de l’ovulation douloureuse ?
On a vu comment se passait l’ovulation, sur un plan strictement théorique : mais comment se passe une ovulation douloureuse ?
À quoi ressemblent les douleurs ovulatoires ?
Les douleurs d’ovulation sont connues sous le terme de « Mittelschmerz » (lien), un doux nom à consonance allemande signifiant « milieu de cycle ».
Ainsi, certaines femmes ressentent des douleurs au moment exact de l’ovulation, lorsque l’ovule exerce une pression pour sortir de son follicule, puis de l’ovaire. Cette douleur abdominale, ressentie plutôt au niveau du bas ventre, ressemble à un pic très vif, un pincement que l’on ressent nettement du côté de l’ovaire qui travaille pendant l’ovulation.
En effet, généralement, seul un des deux ovaires travaille sur un cycle donné ! En revanche, ils n’alternent pas forcément : chaque ovaire dispose d’une quinzaine de follicules sur la ligne de départ, et chacun va faire la course, avant qu’un seul d’entre eux ne prenne le lead.
Cette douleur s’explique très bien : l’ovocyte transperce le follicule puis ensuite la paroi de l’ovaire ! Ce n’est pas rien, et ça peut entrainer une sensation telle une aiguille qui viendrait piquer l’ovaire.
Cette douleur peut aussi être plus diffuse, comme une sorte de gêne ou de lourdeur dans le bas ventre, ponctuée de quelques tiraillements et de crampes le jour de l’ovulation, voire pendant plusieurs jours.
Les douleurs d’ovulation n’ont pas forcément lieu à chaque cycle menstruel, ni du même côté, ni avec la même intensité.
Combien de temps durent-elles ?
Les douleurs d’ovulation peuvent se faire ressentir seulement à l’exact moment de l’ovulation (lors de la rupture du follicule), ou bien pendant quelques heures ou quelques jours. Ce sont alors des douleurs péri-ovulatoires, liée à la poussée des hormones, qui généralement cessent une fois l’ovulation passée.
Comment soulager les douleurs d’ovulation ?
Il n’y a à ce jour, par de traitement contre les douleurs d’ovulation. Un peu comme pour le SPM (syndrome prémenstruel), le médecin ou le gynécologue peut prescrire des anti-douleurs, voire une pilule contraceptive pour stopper l’ovulation, et donc les douleurs associées.
Certaines femmes posent une bouillotte sur leur bas ventre pour aider ! Mais d’autres solutions naturelles existent, on en parle plus loin 😉
Ovulation douloureuse : quand consulter ?
On vous recommande de consulter un médecin, un gynécologue ou une sage-femme si la douleur est vraiment trop intense et nécessite de prendre un médicament pour être soulagée.
Cela permettra de creuser et d’éliminer, grâce à des examens complémentaires (échographie, prise de sang par exemple), d’autres causes possibles de douleurs au bas ventre, comme un kyste ovarien, une endométriose ou autre.
Quelles sont les causes des douleurs d’ovulation et du SPM d’ovulation ?
Les causes des douleurs d’ovulation ne sont pas encore réellement connues, les études étant encore lacunaires à ce sujet. Toutefois, il semblerait que la forte sécrétion de LH soit en lien avec ces douleurs : en effet, la LH est l’élément déclencheur de la rupture du follicule, mais l’ovulation semble également faire intervenir des prostaglandines pro-inflammatoires pour contracter les muscles lisses du follicule afin de favoriser sa rupture, pouvant générer des douleurs lors de l’ovulation. D’ailleurs, une étude a démontré que la prise d’anti-inflammatoires pouvait entraver l’ovulation.
On peut bien sûr aussi parler de la pression exercée par l’ovule sur son follicule ET sur l’ovaire, qu’il transperce littéralement pour se rendre dans la trompe utérine. Pour vous faire une idée, sachez que l’ovule mesure à peine 0,1 mm : il va quand même réussir à percer le follicule qui mesure 25 mm environ ET l’ovaire qui mesure, quant à lui entre 3 et 5 cm ! Cette prouesse n’est rendue possible que par la pression énorme mise par l’ovule pour rejoindre la trompe.
Certains émettent également l’hypothèse que la douleur serait due au déversement de liquide folliculaire dans le péritoine au moment de l’ovulation.
Toutefois, les douleurs d’ovulation ne sont pas les seuls symptômes qui peuvent gâcher la vie des femmes concernées : en effet, pour certaines, cette ovulation douloureuse peut s’accompagner d’irritabilité, de migraines, de fatigue, de ballonnements… Oui, comme un SPM, mais bien avant les règles, plutôt en milieu de cycle ! Ainsi, au lieu de parler d’un syndrome prémenstruel, on peut ici plutôt parler d’un syndrome pré-ovulatoire… ou SPO 🙂
Le SPO, ou syndrome pré-ovulatoire
Le SPO semble être un phénomène aussi courant que le SPM, même si, là encore, la littérature médicale n’est pas très fournie à ce sujet. Sur Instagram, vous avez été 64% à nous dire que vous avez régulièrement affaire au SPO et 23% à penser en avoir un.
Voici quelques uns des symptômes qui peuvent se faire sentir pendant la période qui encadre l’ovulation, en cas de SPO :
Douleurs d’ovulation, crampes utérines
Irritabilité
Maux de tête
Fatigue
Nausées
Ballonnements
Insomnies
Démangeaisons
Troubles digestifs
Troubles du transit
Infections urinaires
Asthme
Entre autres !
Comme pour le SPM, il n’y pas de définition précise du syndrome pré-ovulatoire (qui n’existe pas vraiment médicalement parlant d’ailleurs, c’est un mot que l’on a inventé) et les symptômes peuvent varier d’une femme et d’un cycle à l’autre. La durée du SPO varie également !
Toutefois, le SPO est bien présent et concerne, quand on creuse, beaucoup de femmes autour de nous.
Mais, à quoi est-il dû ? Il semblerait que l’histamine ait aussi un grand rôle à jouer dans les douleurs d’ovulation et tous les symptômes désagréables associés.
Oestrogènes et histamine, le duo maléfique en période d’ovulation
L’histamine est une molécule ayant un effet vasodilatateur et inflammatoire, qui intervient notamment dans nos réactions immunitaires. Celles qui ont des allergies la connaissent bien, car quand on est allergique aux acariens, par exemple, notre système immunitaire sur-réagit et envoie beaucoup trop d’histamine quand on se trouve face à cet allergène. Dans ce cas, on prend généralement des anti-histaminiques !
Quel est le lien entre l’histamine, le cycle menstruel et l’ovulation ?
Et bien en fait, l’histamine est liée aux oestrogènes : plus ils augmentent, plus l’histamine augmente ! L’histamine a en effet des récepteurs dans nos ovaires et notre utérus. Pire encore : les oestrogènes désactivent l’enzyme chargée de dégrader l’histamine, la DAO. Pire encore bis : l’histamine stimule la production d’oestrogènes. C’est l’escalade !
Or, la période d’ovulation correspond à une production d’oestrogènes maximale, ce qui explique que l’histamine soit présente en grande quantité dans notre organisme à ce moment-là. En tant que moyen de défense de notre corps, l’histamine nous passe en mode « inflammation », ce qui peut expliquer les douleurs d’ovulation, et tous les autres symptômes du SPO comme les migraines ou l’irritabilité, par exemple.
Normalement, une fois l’ovulation passée, la progestérone entre en piste et réactive l’enzyme qui dégrade l’histamine. Le souci, c’est que dans nos sociétés modernes, on reste souvent en hyper-oestrogénie après l’ovulation, ce qui peut aussi causer ces désagréments en phase post-ovulatoire et les symptômes du syndrome prémenstruel :s
Que faire en cas d’ovulation douloureuse et de SPM d’ovulation (le SPO pour les intimes !) ?
Si, comme dit plus haut, il n’y a pas de médicament à prendre pour soulager la douleur et les symptômes du SPO sur la durée, il y a tout de même quelques pistes à explorer du côté des solutions naturelles et de notre hygiène de vie 🙂
Observer son cycle menstruel
Suivre son cycle menstruel et noter tout ce qui nous semble intéressant permet de voir si les symptômes se produisent bien toujours au moment de l’ovulation.
Réduire l’histamine
Puisque l’histamine semble être l’une des causes du SPO et des douleurs d’ovulation, on peut essayer de réduire les aliments riches en histamine avant l’ovulation (alcool, aliments fermentés, fromages affinés, charcuterie, poissons fumés, épinards, tomates, avocats, vinaigre, etc.), mais aussi ceux qui favorisent la sécrétion d’histamine sans en contenir eux-mêmes (bananes, chocolat, oeufs, lait, ananas, etc.)
On peut aussi intégrer des aliments riches en vitamines B6 et C, qui boostent la sécrétion de DAO, l’enzyme qui dégrade l’histamine
Travailler sur l’excès d’oestrogènes
Pour casser ce cycle infernal histamine-oestrogènes, il faut également limiter l’hyper-oestrogénie. L’idée est donc de réduire les xéno-oestrogènes (les oestrogènes apportés par l’alimentation ou les perturbateurs endocriniens) et de favoriser leur élimination.
La progestérone ayant un effet anti-histaminique, on peut aussi booster cette dernière en travaillant sur la qualité de l’ovulation et du corps jaune 🙂
Les douleurs d’ovulation sont-elles un moyen fiable de détecter l’ovulation ?
Les femmes qui connaissent une ovulation douloureuse à chaque cycle menstruel savent que l’ovulation est généralement proche ou en cours. Les douleurs ovulatoires peuvent être considérées comme l’un des symptômes de l’ovulation 🙂
Toutefois, en symptothermie par exemple, il s’agit d’un indicateur secondaire de l’ovulation, qui ne supplante pas l’évaluation de la glaire cervicale et la prise de température pour confirmer le jour de l’ovulation. En effet, l’ovaire peut travailler, puis finalement ne pas recevoir un message hormonal suffisant pour libérer l’ovule. Le follicule peut aussi ne pas se rompre, au dernier moment.
Pour résumer – Questions fréquentes
Pourquoi j’ai des douleurs au moment de l’ovulation ?
Pour le moment, les recherches n’ont pas de réponse exacte à apporter sur la cause de la douleur ressentie par certaines femmes lors de l’ovulation.
Néanmoins, plusieurs pistes sont évoquées, comme la tension exercée par l’ ovule sur le follicule + l’ovaire, l’inflammation générée par la LH et les prostaglandines pour rompre le follicule, la présence de liquide folliculaire dans le péritoine, ou encore une trop forte présence d’histamine.
Est-ce un signe d’une ovulation de mauvaise qualité ?
Non, pas forcément ! Ressentir une gêne, une petite tension ou des crampes au niveau du bas ventre n’est pas forcément signe d’une mauvaise ovulation, d’un déséquilibre hormonal ou d’un problème de santé.
Néanmoins, si la douleur est trop intense le jour de l’ovulation ou si vous vous sentez mal les jours qui la précèdent (crampes intenses, maux de tête, nausées, fatigue, tension nerveuse, etc.) au point que cela impacte votre quotidien, n’hésitez pas à prendre rendez vous avec votre médecin et à mettre en place quelques bonnes habitudes d’hygiène de vie pour soulager les douleurs et autres inconforts.
Une ovulation douloureuse est-elle un signe de grossesse ?
Non, ressentir une douleur lors de l’ovulation ne veut pas dire que vous allez forcément tomber enceinte ou qu’une grossesse a démarré. Cela signifie seulement que le corps prépare l’ovulation, ou que celle-ci a bien eu lieu 🙂
Pour rappel, vous pouvez ressentir une crampe ou une tension dans le bas ventre en milieu de cycle, ce qui signifie que les ovaires travaillent. En revanche, cela ne veut pas forcément dire que l’ovulation a abouti, seule la prise (et la hausse !) de la température peut le confirmer.
Peut-on avoir une ovulation douloureuse sous pilule ?
Non, et pour une raison simple : sous pilule, le cycle menstruel est en principe à l’arrêt et l’ovulation est bloquée. C’est d’ailleurs souvent pour cela qu’il arrive que le médecin recommande de prendre la pilule pour stopper les douleurs ovulatoires.
Toutefois, avec certaines pilules micro dosées, l’ovulation n’est pas bloquée et peut alors se faire ressentir.
Vous l’aurez compris : si vous ressentez une douleur ou comme une sorte de SPM de milieu de cycle, vous n’êtes pas la seule 🙂 C’est tout simplement le moment de l’ovulation qui est plus compliqué pour vous.
La bonne nouvelle, c’est que si les pistes médicales sont encore à explorer pour mieux comprendre les mécanismes à l’oeuvre derrière une ovulation douloureuse ou le SPO, il existe néanmoins des solutions naturelles pour apaiser tout ça et retrouver un certain bien être pendant l’ovulation et les jours qui l’encadrent 🙂
Et vous, est-ce qu’il vous arrive de vous sentir moins bien au moment de l’ovulation ? Dites-nous tout en commentaire !
Les sources complémentaires