Les idées clés
Si on parle de plus en plus de démystifier les règles (et c’est génial !), il reste un sujet assez tabou et méconnu des femmes : celui des pertes vaginales.
Aussi appelées pertes blanches, leucorrhées, sécrétions, glaire cervicale voire “mouille”, ces pertes vaginales sont un phénomène 100% naturel qui en dit beaucoup sur notre corps, notre cycle menstruel, notre fertilité et notre santé.
Pour autant, elles peuvent aussi révéler une infection ou que quelque chose ne va pas, raison pour laquelle il est important de bien savoir distinguer ce qui est totalement normal et ce qui doit vous alerter.
L'article, en bref
ToggleLes pertes vaginales : qu’est-ce que c’est ?
On parle de pertes vaginales au pluriel, et ce n’est pas pour rien ! Il n’y a pas une seule sorte de perte vaginale et il n’y a pas réellement de norme en la matière non plus. Couleur, consistance, quantité, cela varie d’une femme à l’autre et d’un moment à l’autre du cycle.
Certaines de ces substances proviennent du col de l’ utérus (la glaire cervicale, produite sous l’effet des hormones), et d’autres de la paroi du vagin (les sécrétions vaginales, composées principalement de cellules mortes des parois du vagin qui se renouvellent constamment).
Elles n’ont en principe pas d’odeur ou alors une odeur discrète, et ne s’accompagnent d’aucune sensation d’irritation, de brûlure ou de rougeur. Elles sont blanches, légèrement jaunâtres ou incolores : leur aspect varie au cours du cycle.
Pour autant, elles peuvent être abondantes, provoquer une sensation d’humidité et laisser des traces dans les sous-vêtements : tout cela est complètement naturel !
L’important est de vous familiariser avec votre “profil” de pertes vaginales et d’apprendre à le décoder : vous serez ainsi à la fois en mesure de suivre votre cycle au quotidien (et donc votre fertilité), mais aussi d’identifier les dysfonctionnements et problèmes de santé éventuels.
Les pertes vaginales normales, ou physiologiques
Il existe trois types de pertes blanches tout à fait normales chez la femme 🙂
La glaire cervicale
Produite par le col de l’utérus, elle apparaît quelques jours avant l’ovulation et son aspect évolue de façon graduelle, de crémeuse et pâteuse jusqu’à devenir très visqueuse (comme du blanc d’oeuf) et glissante, voire transparente (elle peut aussi présenter une texture huileuse ou liquide, presque comme une fuite urinaire).
La glaire a une composition assez spécifique, car elle contient de l’eau, des glycoprotéines, des électrolytes, des enzymes et des acides aminés.
Elle est sécrétée sous l’influence des oestrogènes et son rôle est de favoriser la rencontre entre les spermatozoïdes et l’ovule. C’est sur son observation que reposent les méthodes naturelles de gestion de la fertilité.
On ne l’observe que 6 jours par cycle environ et il est donc normal pour une femme, à chaque cycle, d’avoir une période avec beaucoup plus de sécrétions (c’est même un indice d’un cycle qui fonctionne bien et d’une bonne fertilité !). D’après une étude, les sécrétions sont 30 fois plus importantes pendant l’ovulation !
A noter, qu’elle peut aussi être abondante pendant la grossesse et l’allaitement, du fait de la forte activité hormonale.
La cyprine
Il s’agit du liquide d’excitation sexuelle, sécrété lors des rapports sexuels par des glandes à l’entrée du vagin, pour le lubrifier. La cyprine est transparente et liquide et en principe, on ne la confond pas avec les deux autres !
Les cellules mortes, provenant du nettoyage du vagin
Elles sont visibles tout au long du cycle pour certaines femmes, tandis que d’autres n’en observent jamais ou presque. Il s’agit de la desquamation des cellules du vagin qui se renouvellent, et leur profil est toujours le même, il n’évolue pas (elles sont souvent de couleur crème, et laissent un amas collant dans la culotte).
Ces pertes jouent de nombreux rôles :
Elles lubrifient le vagin, favorisant ainsi les rapports sexuels
Elles renouvellement les cellules du vagin et le nettoient
Elles vous protègent contre les agressions extérieures et renforcent ainsi votre immunité.
Comment différencier la glaire cervicale de la cyprine et des pertes vaginales (et aussi du sperme !) ?
Il faut savoir que contrairement aux pertes vaginales, à la cyprine et au sperme, la glaire cervicale ne se dissout pas dans l’eau. Si vous avez un doute sur une sécrétion, vous pouvez donc la prendre et la déposer dans un verre d’eau : si elle se dissout, ce n’était pas de la glaire. Si en revanche elle reste compacte (c’est-à-dire qu’elle flotte ou qu’elle coule), alors c’était de la glaire cervicale !
Les pertes vaginales anormales : quelles sont les causes et quand consulter un médecin ?
Il est important de consulter votre médecin si vos pertes vaginales présentent un changement de couleur, de texture et/ou sont odorantes, provoquent des douleurs, des démangeaisons et inconforts. Elles sont parfois accompagnées de fièvre, l’un des symptômes supplémentaires d’une infection. Ce n’est pas forcément grave, mais il vaut mieux avoir un avis médical et un traitement approprié !
La plupart de ces infections ne sont absolument pas dues à un manque d’hygiène mais à une infection par un germe, à des douches vaginales trop fréquentes qui réduisent l’acidité du vagin, à un produit nettoyant irritant, à un traitement antibiotique qui a déséquilibré votre flore vaginale, à un corps étranger (par exemple un tampon oublié), à un déséquilibre hormonal ou encore à une IST (principalement Trichomonas et plus rarement Chlamydia, gonocoque ou herpès).
Dans tous les cas, on vous conseille de consulter votre médecin sans attendre !
Lors de la consultation, le médecin va vous poser quelques questions (si vous avez d’autres symptômes qui accompagnent vos pertes vaginales suspectes, si vous avez eu des rapports sexuels à risque d’IST, si elles surviennent uniquement à certains moments du cycle menstruel, etc), et procéder à un examen clinique, comme un prélèvement vaginal qui sera ensuite envoyé au laboratoire. On peut aussi vérifier par imagerie s’il n’y a pas de corps étranger dans le vagin (comme un tampon oublié !).
Pour résumer : colorimétrie des pertes vaginales normales et anormales
Pertes blanches ou transparentes : il s’agit de glaire cervicale, qui gagne en abondance au moment de l’ovulation, elles sont également plus crémeuses, translucides, lubrifiées et étirables. La glaire cervicale peut aussi avoir une consistance huileuse ou liquide quand on est au max de sa fertilité ! En dehors de l’ovulation, cette glaire cervicale peut être plus pâteuse, collante, comme du houmous, comme pour boucher le col de l’utérus : elle signale qu’on n’est a priori pas encore au max de la fertilité. Elles sont totalement normales et varient au cours du cycle menstruel.
Pertes jaunes : il se peut que ce soit simplement des pertes blanches qui se sont un peu « oxydées » à l’air libre, ainsi que des cellules mortes issues de l’auto-nettoyage du vagin.
Pertes blanches grumeleuses (qui ressemblent un peu à du lait caillé) : il se peut qu’il s’agisse d’une infection vaginale à levure (candidose vaginale au Candida Albicans, qu’on appelle le plus souvent mycose vaginale) et ces écoulements s’accompagnent généralement de brûlures et de démangeaisons.
Pertes vertes : elles peuvent être le symptôme d’une vaginite à Trichonomas, qui est une infection sexuellement transmissible. Les pertes vaginales peuvent aussi être malodorantes ou mousseuses, et provoquer des démangeaisons, voire une irritation. Les pertes vaginales peuvent aussi être vertes en cas de Chlamydia ou de gonorhée, et contenir du sang.
Pertes grises, jaunes ou vertes : cela peut être le signe d’une vaginose bactérienne. Il ne s’agit pas d’une IST, mais d’un déséquilibre du microbiote vaginal, avec une prolifération excessive de certaines bactéries comme Gardnerella vaginalis au détriment des lactobacilles protecteurs. Les pertes vaginales sont alors généralement accompagnées d’une odeur de poisson, mais pas forcément de démangeaisons ou d’irritations.
Pertes vaginales roses ou marron : cela signifie qu’elles contiennent du sang. Ce type de perte n’est pas forcément inquiétant, car il peut s’agir d’un spotting d’ovulation, de nidation ou de spotting avant les règles. En revanche, si vous constatez une perte de sang en dehors de ces cas de figure et/ou que vous avez d’autres symptômes, n’hésitez pas à consulter 🙂
Pertes rouges : les saignements hors règles ou spottings liés au cycle menstruel ne sont pas forcément graves, mais nécessitent toujours une consultation avec votre professionnel de santé.
Comment soigner des pertes vaginales anormales ?
Le traitement de vos pertes blanches anormales dépend vraiment de la cause de ces dernières, si vous avez une infection, un déséquilibre de la flore vaginale ou autre.
Vaginose : le médecin pourra vous prescrire des antibiotiques et aider à la restauration de la flore vaginale avec des probiotiques adaptés.
Mycose : il vous proposera un anti-fongique.
Trichonomas : il existe un traitement spécifique.
Vous pouvez aussi faire des bains de siège pour soulager les douleurs et démangeaisons. En revanche, évitez, vraiment, les produits d’hygiène intime et surtout les douches vaginales, qui ne pourront qu’amplifier le problème (s’ils n’en sont pas déjà à l’ origine !).
Et surtout, de manière générale, ne faites surtout pas d’auto-diagnostic sur la base de vos symptômes ni d’auto-médication, d’autant plus si vous êtes enceinte.
Les bonnes habitudes à prendre pour éviter les pertes vaginales anormales
Si la grande majorité des pertes sont normales et ne doivent surtout pas être évitées (non non non, on n’astique pas ses parties intimes comme son évier !!), on vous partage quelques réflexes à avoir pour éviter les pertes pathologiques :
Adoptez une toilette intime légère et sans savon
N’utilisez pas de parfum, déodorants ou savon intime agressif, ni même du papier toilette parfumé
Ne pratiquez pas la douche vaginale
Privilégiez les sous-vêtements en coton
Protégez vous si vous n’avez pas un partenaire régulier
Prenez des probiotiques pour équilibrer votre flore vaginale
Privilégiez les protections périodiques clean et changez les souvent
Questions fréquentes
Mes pertes vaginales décolorent mes culottes : c’est normal ?
Chez certaines femmes, les sécrétions vaginales peuvent tout à fait décolorer les sous vêtements et oui, c’est normal ! Cela signifie simplement que le pH de votre vagin est acide et c’est une bonne nouvelle. En effet, ce pH acide a pour rôle de protéger vagin, qui neutralise ainsi les micro-organismes pathogènes et limite les infections sexuellement transmissibles, par exemple, ou les mycoses. D’ailleurs, les femmes sont généralement plus sujettes aux infections au moment de leurs règles, car le sang menstruel rehausse le pH ; c’est aussi le cas du sperme !
De la même manière, lorsqu’une femme n’est pas en phase fertile et qu’elle ne sécrète donc pas de glaire cervicale, cette acidité du vagin tue les spermatozoïdes avant même qu’ils ne puissent atteindre le col de l’utérus.
Les pertes vaginales ont-elles forcément une odeur désagréable ?
Non, normalement, les sécrétions vaginales n’ont pas d’odeur, ou du moins, une odeur assez discrète. Si vos pertes blanches sentent un peu fort et ont notamment une odeur de poisson, cela signifie qu’il y a potentiellement un déséquilibre de la flore vaginale ou une vaginite à Trichonomas. Les deux sont très bien soignées par les médecins !
Est-il normal d’avoir beaucoup de pertes vaginales à l’adolescence ?
Oui, tout à fait ! En effet, lorsque le cycle menstruel se met en place, les oestrogènes sont produits en grande quantité pour tenter une ovulation. Or, au début de la vie menstruelle, le système n’est pas encore bien rôdé, le dialogue cerveau-ovaires peut être encore un peu balbutiant et moins efficace : on peut donc avoir plusieurs tentatives d’ovulation, avant que l’une d’elles ne réussisse.
C’est la raison pour laquelle, comme on a beaucoup d’oestrogènes qui boostent la sécrétion de glaire cervicale, mais sans progestérone qui vient l’assécher (la progestérone n’est présente qu’après l’ovulation), les pertes blanches restent abondantes.
Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à lire notre article sur les pertes blanches à l’adolescence !
Est-il normal d’avoir beaucoup de pertes vaginales durant la grossesse ?
Absolument ! Là encore, l’activité hormonale est au max chez les femmes enceintes, ce qui explique qu’il y ait une sécrétion accrue de glaire cervicale. Glaire cervicale qui, d’ailleurs, va également coaguler sous l’action de la progestérone, pour former le bouchon muqueux au niveau du col de l’utérus ! Le bouchon muqueux a pour rôle de protéger l’utérus et le bébé des éventuels intrus.
On a écrit tout un article sur les pertes blanches pendant la grossesse, il est à votre disposition 🙂
Est-il normal d’avoir beaucoup de pertes vaginales à la ménopause ?
Normalement, au moment de la ménopause, dans la mesure où le cycle est définitivement à l’arrêt, la glaire cervicale n’est plus sécrétée, puisque les oestrogènes sont beaucoup moins présents. C’est ce qui explique d’ailleurs pourquoi les femmes ménopausées sont plus sujettes à une certaine sécheresse au niveau de l’appareil génital, de la vulve et des muqueuses du vagin.
Ainsi, généralement, chez les femmes ménopausées, les pertes blanches abondantes sont plutôt un signe d’une inflammation ou d’une infection au niveau vaginal. Il est donc conseillé de consulter un médecin, surtout si ces sécrétions vaginales s’accompagnent de pertes de sang.
Si vous avez besoin de davantage d’infos, on a dédié tout un article à cette question des pertes blanches lors de la ménopause 🙂
Les pertes vaginales sont-elles un signe de grossesse ?
Oui et non ! La glaire cervicale est liée au cycle menstruel et sécrétée en abondance au moment de l’ovulation. Or, qui dit ovulation, ne dit pas forcément fécondation !
Après l’ovulation, la glaire cervicale est censée se faire plus discrète, sous l’influence de la progestérone : or, après la nidation (qui a lieu environ une semaine après l’ovulation), certaines femmes remarquent un retour de pertes blanches crémeuses, laiteuses, voire blanc d’oeuf cru, comme au moment de l’ovulation. Ces pertes blanches peuvent signaler un début de grossesse, surtout si elles sont inhabituelles chez vous après l’ovulation.
En revanche, on peut aussi observer un retour de glaire cervicale semblable à celle de l’ovulation juste avant l’arrivée des règles, lorsque la progestérone chute avant les oestrogènes : c’est là encore, tout à fait normal ! Ce retour de glaire cervicale sans grossesse après l’ovulation peut également s’observer en cas d’insuffisance en progestérone.
Si besoin, n’hésitez pas à lire notre article : Pertes blanches, grossesse ou règles ?
On espère vous avoir éclairé sur les pertes vaginales et leur caractère tout à fait normal : qu’il s’agisse de la glaire, de la cyprine ou des autres pertes blanches, elles ont toutes une fonction tout à fait physiologique ! Elles sont même un formidable moyen d’écouter votre corps pour observer votre cycle et adopter une approche 100% naturelle de votre fertilité.
Il existe néanmoins quelques cas particuliers facilement reconnaissables (changement dans la couleur, l’odeur, la texture ou la quantité habituelles et/ou apparition d’une irritation au niveau de la vulve) qui peuvent signaler un petit problème de santé. Les pertes blanches ne doivent donc pas être un sujet tabou pour vous, ni dans le cadre de vos échanges avec votre professionnel de santé 🙂
Vous avez encore des questions ou souhaitez en savoir plus sur les façons d’observer vos sécrétions pour maîtriser votre fécondité ? Venez nous en parler en commentaire !
2 réflexions au sujet de “Pertes vaginales : ce qui est normal et ce qui ne l’est pas”
Bonjour,
J’ai remarqué une glaire cervicale à J11 et J12 de mon cycle cependant dès le lendemain je n’ai pratiquement plus eu de glaire cervicale. Je suis mtn à J15 et tjrs pas de glaire cervicale franche.
Et-il possible qu’en plein milieu d’un cycle, la glaire cervicale se calme avant de reprendre quelques jours après? Ou est-ce que normalement elle ne s’arrête jamais avant l’ovulation ?
Mercii
Bonjour Coralie ! Oui, il est possible d’avoir des « départs de glaire »,avec une glaire qui monte en qualité puis disparait, qui montrent que le corps essaie d’ovuler. Dans ton cas, il est également possible que tu aies ovulé à J 11-J 12 : est-ce que tu prends ta température en parallèle ? Bonne journée !