Les idées clés
Qui n’a pas déjà eu très peur d’une grossesse non désirée après un rapport durant lequel le préservatif a craqué ou l’oubli de sa pilule, par exemple ?! Dans ces cas-là, on est généralement assez soulagée de savoir qu’une solution existe : la pilule du lendemain !
Cette contraception d’urgence hormonale peut en effet nous éviter de tomber enceinte par accident, lorsqu’on est sûre que ce n’est pas le bon moment pour nous. Néanmoins, ce médicament et toutes les hormones qu’il contient vient aussi sérieusement chambouler notre cycle menstruel et peut avoir des effets secondaires plutôt pénibles !
La pilule du lendemain doit donc être prise avec parcimonie, en respectant certaines consignes et précautions d’usage 🙂 On vous explique tout ça !
L'article, en bref
ToggleQu’est-ce la pilule du lendemain ?
La pilule du lendemain est généralement le contraceptif hormonal que l’on prend après un rapport sexuel non ou mal protégé, quand on a peur qu’il puisse donner lieu à une grossesse.
On l’appelle aussi « contraception d’urgence hormonale« , ce qui est encore plus explicite 🙂
Il existe deux types de pilule du lendemain :
Celles à base de lévonorgestrel (un progestatif), qu’il faut prendre idéalement dans les 12 heures et maximum dans les 3 jours après le rapport sexuel non protégé. Norlevo, Levodonna et Postinor sont des pilules du lendemain à base de lévonorgestrel.
Celles à base d’ulipristal, une molécule qui vient se fixer sur les récepteurs de la progestérone : elles sont à prendre dans les 5 jours qui suivent le rapport sexuel non protégé. La pilule EllaOne est une contraception d’urgence hormonale à base d’ulipristal.
Il faut savoir que plus le délai entre le rapport et la prise de la pilule est long, plus son efficacité diminue. Selon l’OMS, son taux de fiabilité est de 95%.
D’autres pilules du lendemain combinant oestrogènes et progestérone de synthèse existent également : néanmoins, elles sont considérées moins fiables, tout en provoquant beaucoup d’effets secondaires indésirables.
Le fonctionnement de la pilule du lendemain
Pourquoi la pilule du lendemain empêche une grossesse ? Son principal mode d’action est de bloquer, ou plutôt de retarder l’ovulation. C’est la raison pour laquelle elle n’est pas efficace si l’ovulation et / ou la fécondation a déjà eu lieu !
Pour mieux comprendre, faisons un rapide rappel du déroulé du cycle menstruel :
Pendant la première moitié du cycle, le cerveau travaille avec les ovaires pour lancer une ovulation. Il envoie de la FSH, une hormone qui vient stimuler les follicules ovariens ; en se développant, ces follicules sécrètent des oestrogènes. Au bout de quelques jours, l’un d’eux devient plus gros que les autres et produit beaucoup d’oestrogènes : le cerveau comprend qu’il est mûr pour expulser son ovocyte (ovule) et lance une autre hormone, la LH, qui déclenche l’ovulation dans les 18 heures qui suivent environ.
Une fois l’ovulation passée, l’ovule vit tout au plus pendant 12-24 heures : s’il n’est pas fécondé, il meurt et la femme n’est plus fertile jusqu’aux règles suivantes.
Ainsi, la pilule du lendemain peut agir sur la première moitié du cycle, quand l’ovulation n’a pas encore eu lieu.
Si l’ovulation a eu lieu, une autre contraception d’urgence envisagée est le dispositif intra utérin au cuivre (DIU ou stérilet), qui doit être posé dans les 5 jours après le rapport sexuel à risque : il n’empêche pas l’ovulation, mais la nidation de l’embryon dans l’utérus (l’embryon met 6-7 jours pour migrer de la trompe utérine à l’utérus). Le seul hic, c’est qu’il peut être très difficile de trouver un médecin, un gynécologue ou une sage femme qui pourra le poser dans ce délai si court :s
On insiste sur ce point : la pilule du lendemain empêche la fécondation en retardant l’ovulation, mais elle n’interrompt pas une grossesse en cours et n’est pas abortive. Si la fécondation a déjà eu lieu, il vaut mieux recourir à la pose d’un stérilet dans les jours qui suivent, donc, ou à une interruption volontaire de grossesse (IVG), le plus souvent médicamenteuse en tout début de grossesse.
Quand prendre la pilule du lendemain ?
Maintenant qu’on a vu ensemble comment fonctionne concrètement la pilule du lendemain, voici les cas où elle peut vous être utile !
Dans les situations à risque de grossesse
Oubli de pilule ou pilule prise en retard : le délai dépend des pilules, certaines pilules tolèrent 12 heures de retard, tandis que d’autres sont considérées comme « oubliées » si le retard est de plus de 3 heures.
Rupture du préservatif, retrait « loupé », etc.
DIU expulsé (quand votre stérilet hormonal ou au cuivre est retiré, volontairement ou involontairement)
Absence d’une contraception, qu’elle soit hormonale, mécanique (préservatif, spermicide, cape cervicale, diaphragme etc.) ou basée sur l’observation du cycle comme la symptothermie.
Si rapport sexuel pendant la période de fertilité de la femme
Si le rapport sexuel a eu lieu pendant la période fertile !
C’est sur ce point que repose toute la subtilité du timing de la prise de la pilule du lendemain ! En effet, nous sommes très nombreuses à avoir eu très peur de tomber enceinte après un rapport sexuel non protégé, alors qu’il était fort probable qu’il n’ait pas eu lieu pendant notre fenêtre de fertilité.
Il est par exemple tout à fait inutile de prendre une pilule du lendemain juste avant ses règles, car nous ne sommes pas fertiles tous les jours du cycle menstruel.
En effet, nous sommes fertiles environ 6-7 jours par cycle, en tenant compte de la durée de vie des spermatozoïdes dans notre corps + celle de notre ovule.
Les spermatozoïdes peuvent survivre 5 jours environ avant l’ovulation, grâce à la glaire cervicale : il s’agit d’un mucus produit par notre col de l’utérus, qui a des propriétés protectrices et nourrissantes pour les spermatozoïdes, et dont la production est liée à celle des oestrogènes. Plus l’ovulation approche, plus les oestrogènes sont présents, plus on a de glaire cervicale !
Ensuite, on l’a dit, l’ovule a une durée de vie de 12-24 heures.
Autres éléments très importants sur la fenêtre fertile : l’ovulation n’a pas forcément lieu le 14ème jour du cycle, ni 14 jours avant les règles ! Le jour de l’ovulation peut varier d’un cycle à l’autre (c’est tout à fait normal) et la durée de la phase post-ovulatoire est de 11 à 16 jours (parfois moins mais jamais plus, hors grossesse).
Ainsi, on peut en principe prendre la pilule du lendemain quand on veut au cours du cycle, mais il faut savoir que :
Si le rapport sexuel à risque a lieu avant l’ovulation : la pilule du lendemain est utile, car elle va retarder l’ovulation et donc la rencontre entre le spermato et l’ovule.
Si le rapport sexuel a lieu juste après l’ovulation (dans les 24-48 heures qui suivent) : la pilule du lendemain est inutile car l’ovulation a déjà eu lieu ET il y a un risque de grossesse puisque l’ovule est en vie et qu’il y a un spermato dans les parages. On compte 48 heures dans le cas où un second ovule serait libéré au cours de la même ovulation, mais à quelques heures d’intervalle. Mais la pilule du lendemain n’empêche pas la fécondation ni la nidation de l’embryon dans l’utérus, donc dans cette hypothèse, la seule solution est la pose d’un stérilet au cuivre, car le cuivre provoque une inflammation dans l’utérus qui rend l’implantation impossible.
Si le rapport a lieu 3 jours après l’ovulation : la fenêtre de fertilité est fermée jusqu’aux prochaines règles, car l’ovule est mort. La pilule du lendemain est alors inutile car vous n’êtes plus fertile, jusqu’aux règles suivantes !
Bien sûr, cela demande de connaître son corps et ses cycles et d’être formée à une méthode d’observation du cycle comme la symptothermie pour bien reconnaître son ovulation. Néanmoins, avoir cette connaissance permet d’éviter un stress inutile et la prise d’une pilule du lendemain pour rien 🙂 Si vous souhaitez vous former avec rigueur, le Serenity Club, notre programme d’accompagnement à la symptothermie est à votre disposition 🙂
Comment se procurer la pilule du lendemain ?
La pilule du lendemain est désormais gratuite et totalement prise en charge (sans avance de frais) pour toutes les femmes, même mineures, sans que vous n’ayez à avancer quoi que ce soit. Vous n’avez pas besoin d’ ordonnance !
Vous pouvez vous la procurer :
En pharmacie
À l’infirmerie de votre collège ou lycée
Dans un centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic des virus de l’immunodéficience humaine (CEGIDD)
Dans un centre de santé sexuelle si vous êtes mineure ou une personne majeure sans carte vitale (qui peut aussi vous fournir un test de grossesse si besoin).
Si vous êtes étudiante : au sein du service universitaire ou interuniversitaire de médecine préventive et de prévention de la santé (SUMPPS)
La délivrance de la pilule du lendemain est également anonyme 🙂
Comment être sûre que la pilule du lendemain a bien fonctionné ?
Comme toute méthode de contraception, la pilule du lendemain n’est pas infaillible et peut ne pas fonctionner, pour plein de raisons. L’efficacité de la pilule du lendemain est de 95% selon l’OMS 🙂
C’est la raison pour laquelle les professionnels de santé recommandent de faire un test de grossesse 3 semaines après le rapport à risque, pour être sûre qu’aucune grossesse n’a débuté.
Après la prise de la contraception d’urgence, les règles peuvent être différentes (plus abondantes, plus douloureuses, ou tout l’inverse) et il est important de s’assurer qu’il ne s’agisse pas de saignements de début de grossesse.
Les autorités précisent bien qu’il ne s’agit pas d’un moyen de contraception à prendre régulièrement. Comme son nom l’indique, elle doit être seulement prise en cas d’urgence, car elle peut vraiment complètement désorganiser les cycles.
Au quotidien, il est préférable d’opter pour une méthode de contraception plus pérenne, qu’elle soit hormonale ou naturelle 🙂
Quels sont les effets secondaires de la pilule du lendemain ?
La pilule du lendemain peut entraîner plusieurs effets secondaires, généralement temporaires, qui doivent disparaître dans les jours suivant la prise. Les effets secondaires les plus courants sont :
Des saignements légers ou irréguliers en dehors des règles : ces saignements doivent être de courte durée.
Des nausées et vomissements (pour limiter les nausées, on recommande souvent de la prendre avec un petit repas)
Des maux de tête
Des douleurs abdominales ou pelviennes
De la fatigue
Des étourdissements ou vertiges
Une tension ou sensibilité des seins
Des règles irrégulières (plus tôt ou plus tard que prévu, plus abondantes ou plus légères).
De la diarrhée
N’hésitez pas à consulter si ces effets indésirables s’aggravent ou durent trop longtemps, car ils doivent vraiment être transitoires !
Pour résumer – Questions fréquentes
Quel est le délai pour prendre la pilule du lendemain ?
Cela dépend du type de pilule du lendemain : celles au lévonorgestrel (Norlevo, par exemple) doivent être prises dans les 3 jours qui suivent le rapport sexuel à risque, tandis que celles contenant de l’ulipristal sont à prendre dans les 5 jours.
Il est préférable de prendre une contraception d’urgence hormonale dans les heures qui suivent votre rapport, car plus on tarde, plus son efficacité diminue.
Que faire si je n’ai pas pris ma pilule dans le délai ?
Dans ce cas, la pilule du lendemain est beaucoup moins efficace, mais vous pouvez avoir recours à la pose d’un stérilet en cuivre : ce dispositif peut être installé jusqu’à 5 jours après le rapport à risque et agit en empêchant la nidation, car le cuivre a une action inflammatoire sur l’endomètre qui empêche la nidation de l’embryon.
Par ailleurs, si vous pratiquez une méthode d’observation comme la symptothermie, vous pouvez estimer votre période fertile. Si vous êtes déjà passée en phase infertile post-ovulatoire, le risque de grossesse est très faible.
Est-ce que la pilule du lendemain est 100% efficace ?
Non, comme tous les moyens de contraception 🙂 Son taux de fiabilité est de 95% selon l’OMS.
Certaines études suggèrent que l’efficacité de la pilule du lendemain (notamment celle à base de lévonorgestrel) pourrait être réduite chez les femmes avec un IMC élevé. Ce point est néanmoins débattu dans la communauté scientifique.
Par ailleurs, certaines plantes ou traitements médicaux peuvent interagir avec la pilule du lendemain, et diminuer son efficacité : certains antiépileptiques, antibiotiques comme la rifampicine, ou encore le millepertuis. Si vous en prenez, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à votre pharmacien.
Dans tous les cas, il est préférable de faire un test de grossesse 3 semaines après le rapport sexuel à risque.
Quel est le prix de la pilule du lendemain ?
La pilule du lendemain est gratuite pour toutes et disponible sans ordonnance en pharmacie, même si vous n’avez pas de carte vitale. Elle peut aussi vous être délivrée dans un centre de santé sexuelle si vous êtes mineure ou non assurée, ou dans un centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic des virus de l’immunodéficience humaine (CEGIDD).
Comment sont les règles après la prise de la pilule du lendemain ?
Après la prise de la pilule du lendemain, vos règles peuvent être décalées ou avancées, avec des symptômes différents.
Néanmoins, si elles sont absentes ou différentes de d’habitude, n’hésitez pas à faire un test de grossesse.
Combien de fois peut-on prendre la pilule du lendemain ?
Les professionnels de santé recommandent de ne la prendre qu’une seule fois par cycle (son efficacité diminue sinon) et, vraiment d’éviter de la prendre à chaque cycle, ou pire après chaque rapport.
En effet, les modifications hormonales induites par cette contraception d’urgence sont assez brutales pour l’organisme, car elles entraînent un déséquilibre des hormones naturelles (notamment la FSH, la LH et la progestérone). La prise répétée peut par ailleurs entraîner des cycles irréguliers, des règles précoces ou retardées, ou encore des saignements imprévisibles. De plus, avec plusieurs prises, les effets secondaires (nausées, maux de tête, douleurs abdominales, fatigue, etc.) peuvent être amplifiés.
Elle n’est pas un mode de contraception à prendre au long cours et il est préférable de trouver une autre méthode qui vous convienne sur la durée si vous êtes sexuellement active, que ce soit la pilule, un stérilet ou une méthode de contraception naturelle, par exemple 🙂
Et si je vomis ma pilule du lendemain ?
Comme pour la pilule classique, si vous êtes prise de diarrhée ou de vomissements, il est recommandé de reprendre un comprimé. Toutefois, demandez toujours conseil à votre pharmacien, en lui expliquant bien la situation 🙂
On espère que cet article sur la pilule du lendemain vous aura donné toute l’ information dont vous avez besoin ! Comme vous l’aurez compris, la pilule du lendemain peut être un joker plus que bienvenu après un rapport sexuel risqué, mais cette méthode de contraception d’urgence ne remplace pas une « vraie » contraception.
En effet, elle chamboule l’ovulation et donc l’entièreté de votre cycle menstruel, ce qui peut avoir des effets indésirables après sa prise, car elle reste remplie d’hormones de synthèse.
Dans tous les cas, si vous avez d’autres questions à son sujet, ou si vous souhaiteriez que l’on apporte des précisions dans cet article, n’hésitez pas à nous en faire part en commentaire ! 🙂