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prolactine

L’essentiel à savoir sur la prolactine et son impact sur la fertilité

Les idées clés

  • La prolactine, l’hormone de la lactation, peut également être sécrétée par les femmes non enceintes ou allaitantes et impacter leur fertilité, car cette hormone perturbe voire bloque l’ovulation.
  • Des symptômes cliniques comme la galactorrhée (un écoulement de lait) et un dosage sanguin de la prolactine permettent de repérer un taux de prolactine trop élevé.
  • Les causes de l’hyperprolactinémie sont multiples : adénome, stress et hypothyroïdie sont trois pistes à creuser !
  • Des solutions médicales et naturelles peuvent aider en cas de prolactine trop élevée.
  • La prolactine est une hormone dont on parle essentiellement aux femmes enceintes et aux jeunes mamans qui allaitent leur enfant. Dans ce cas, il est tout à fait normal que cette hormone soit présente en grande quantité dans l’organisme ! Là où c’est plus problématique, c’est quand la prolactine est sécrétée par des femmes qui ne sont ni enceintes ni allaitantes.

    Pourquoi ? Comment la prolactine entrave le bon fonctionnement du cycle menstruel et notre fertilité ? On décortique tout ça avec vous !



    prolactine

    Prolactine, définition

    La prolactine est une hormone sécrétée par les cellules lactotropes de l’hypophyse, une glande située dans notre cerveau. Elle stimule la lactation, et est normalement sécrétée en quantité seulement en période de grossesse (notamment par le placenta) et d’allaitement !

    Les ovaires et l’utérus jouent aussi un rôle dans sa production, même si leur sécrétion de prolactine est bien moindre. Mais cela démontre bien le lien entre la prolactine et notre système ovarien 🙂


    Pourquoi la prolactine peut impacter le cycle menstruel et la fertilité ?

    C’est démontré, la prolactine impacte la fertilité des femmes (et des hommes aussi, on en parle plus loin !).

    Et oui, outre la création de lait, la prolactine, à un certain niveau, bloque l’ovulation : en effet, pour le cerveau, si on est enceinte et qu’on allaite, ce n’est pas le moment de mener à bien une grossesse.

    Plus précisément, la prolactine inhibe la GnRH, une hormone sécrétée par l’hypothalamus et qui est à l’origine de toute la cascade hormonale nécessaire à l’ovulation et au cycle menstruel. Sans GnRH, l’hypothalamus ne commande pas à l’hypophyse (tiens tiens, on la retrouve) de sécréter de la FSH, l’hormone envoyée ensuite aux ovaires pour que des follicules ovariens maturent. Sans maturation des follicules, pas d’oestrogènes (puisque ce sont les follicules qui les sécrètent en se développant) et pas de pic de LH pour déclencher l’ovulation.

    dialogue hormonal ovulation

    C’est d’ailleurs sur ce mécanisme d’inhibition de l’ovulation par la prolactine que repose la méthode MAMA, la Méthode de l’Allaitement Maternel et de l’Aménorrhée : il s’agit d’une méthode de contraception naturelle accessible aux mamans dont le bébé a moins de 6 mois, qui n’ont pas encore eu leur retour de couches et qui allaitent leur enfant toutes les 4 heures en journée et toutes les 6 heures la nuit (entre autres conditions). C’est aussi pour cela que le retour de couches est retardé chez les femmes qui allaitent, puisque les règles sont toujours la conséquence d’une ovulation réussie 🙂


    Dosage de la prolactine : comment ça se passe ?

    Si vous avez un doute sur votre taux de prolactine et souhaitez le contrôler par prise de sang, sachez que le dosage de la prolactine doit respecter certaines conditions :

    • Il doit être réalisé plutôt le matin, après 20 minutes au repos, à jeun.

    • Il faut éviter de boire de la bière la veille : l’alcool augmente les taux de prolactine, et la bière a, en plus, des propriétés galactogènes grâce au malt qu’elle contient. En effet, le malt d’orge est riche en bêta-glucanes, des molécules qui stimulent l’hypophyse et augmentent la sécrétion de prolactine.

    • La prolactine peut être dosée à n’importe jour du cycle menstruel, mais si vous avez d’autres bilans hormonaux à faire (oestrogènes, LH, FSH, hormones thyroïdiennes, etc.), n’hésitez pas à mutualiser, surtout que généralement, en cas de prolactine élevée, la FSH et la LH sont basses (il est donc intéressant de les doser en même temps).

    • Il arrive parfois que certains médecins et/ou laboratoires recommandent plusieurs dosages à 15 minutes d’intervalle pour atténuer l’effet du stress sur la prolactine, mais cela arrive assez rarement.


    résultats dosage

    Comment interpréter les résultats d’un test de prolactine ?

    Voici quelques fourchettes concernant la concentration normale de prolactine dans le sang, en fonction de votre situation :

    • Femmes en âge de procréer : 5 à 20 ng/mL (100 à 500 mUI/L)

    • Femmes ménopausées : 1 à 15 ng/mL

    • Femmes enceintes : le taux peut atteindre 250 ng/mL en fin de grossesse !

    Une hyperprolactinémie, qui peut donc bloquer l’ovulation et perturber le cycle menstruel, est définie par un taux supérieur aux valeurs normales. On distingue :

    • Hyperprolactinémie légère : taux compris entre 20 et 50 ng/mL

    • Hyperprolactinémie modérée : taux compris entre 50-100 ng/mL

    • Hyperprolactinémie importante : taux supérieur à 100 ng/mL. Si le taux est supérieur à 250 ng/mL, les médecins creuseront la piste d’un prolactinome, une tumeur bénigne (adénome) de l’hypophyse qui sécrète un excès de prolactine.


    symptômes

    Quels sont les symptômes d’une prolactine élevée ?

    Voici les symptômes les plus courants, qui peuvent évoquer un taux de prolactine un peu trop élevé.

    Un écoulement de lait

    La galactorrhée est le symptôme le plus courant : il s’agit d’un écoulement de lait chez une femme qui n’est ni enceinte, ni allaitante.

    Des troubles neurologiques

    La présence de prolactinomes peut faire pression sur la boîte crânienne et certaines régions du cerveau ou certains nerfs : ainsi, chez les femmes qui en sont atteintes, cet excès de prolactine peut se manifester par des troubles de la vision ou des maux de tête.

    Des effets secondaires liés au manque d’hormones féminines

    Dans la mesure où la prolactine inhibe le cycle menstruel et les hormones féminines, et notamment le développement des follicules ovariens, un taux de prolactine trop élevé peut se traduire par la présence de symptômes liés à un manque d’oestrogènes : perte de libido, acné, bouffées de chaleur, etc. Les femmes qui pratiquent la symptothermie pourront également constater un retour de glaire cervicale crémeuse et une température irrégulière après l’ovulation.

    De plus, comme l’ovulation est entravée, le corps jaune (l’enveloppe du follicule ovarien après l’ovulation) ne sécrète pas assez de progestérone, ce qui peut générer un syndrome prémenstruel très marqué, avec des douleurs et des troubles de l’humeur avant les règles.

    Troubles du cycle menstruel, de l’ovulation et de la fertilité

    L’excès de prolactine est à l’origine d’un tiers des cas d’aménorrhée, ce qui est loin d’être négligeable ! L’aménorrhée désigne l’absence de règles depuis au moins de 3 mois, ce qui signifie, de facto, une absence d’ovulation (puisque les règles en sont la conséquence). Or, sans ovulation, forcément, les chances de concevoir sont fortement réduites…

    Parfois, la prolactine ne bloque pas complètement l’ovulation, mais peut la rendre plus aléatoire : les cycles sont ainsi plus irréguliers. De plus, l’ovulation peut être de moins bonne qualité, avec, là encore, un corps jaune en berne qui a du mal à sécréter assez de progestérone : or, la progestérone est THE hormone de grossesse, car elle permet (entre autres), la préparation correcte de l’endomètre et la nidation.


    causes

    Quelles sont les causes d’une hyperprolactinémie ?

    Maintenant que l’on a vu ensemble comment il était possible de détecter une prolactine trop élevée (même si le diagnostic doit absolument être réalisé par un médecin), voyons les causes possibles !

    Un adénome hypophysaire

    Comme expliqué précédemment, des tumeurs (bénignes) de l’hypophyse, que l’on appelle prolactinomes ou adénomes, peuvent tout à fait expliquer cette sur-production de prolactine.

    Une macroprolactinémie

    Une macroprolactinémie est une cause de « fausse hyperprolactinémie » car elle n’entraîne généralement pas de symptômes cliniques malgré des taux élevés de prolactine mesurés. En fait, chez les femmes souffrant de macroprolactinémie, la concentration de prolactine biologiquement active est souvent normale, et c’est en réalité un complexe de prolactine biologiquement inactive qui est élevée.

    La macroprolactinémie n’a donc généralement pas d’impact significatif sur le cycle menstruel et la fertilité, contrairement à l’hyperprolactinémie classique, dans lequel la prolactine biologiquement active est élevée.

    Le stress

    Et oui, encore et toujours le stress ! En fait, la sécrétion de prolactine et la régulation du système nerveux partagent un même circuit au niveau de l’hypothalamus, une autre aire cérébrale qui est le carrefour entre le système nerveux et hormonal.

    Ainsi, le stress active l’axe hypothalamo-hypophysaire, ce qui stimule la libération de prolactine par l’hypophyse antérieure. Par ailleurs, le stress peut réduire la production de dopamine par l’hypothalamus : or, la dopamine inhibe la sécrétion de prolactine et sa diminution entraîne donc une augmentation de la prolactine.

    Sans oublier que les oestrogènes boostent la production de dopamine : sauf que, le cycle menstruel étant au ralenti à cause de la prolactine, on a donc moins d’oestrogènes et moins de dopamine, ce qui laisse le champ libre à la prolactine. #cerclevicieux

    Précisons que quand on parle de stress, on parle de stress émotionnel, mais aussi de stress physique, un stress pour l’organisme. Le sport en excès, par exemple, peut être un stress pour le corps et provoquer une hausse de la prolactine.

    Une hypothyroïdie

    La thyroïde et la prolactine sont clairement liées ! En effet, l’hypothyroïdie (quand la thyroïde est au ralenti) provoque une élévation de la TRH par l’hypothalamus, qui stimule non seulement la production de TSH (l’hormone que l’hypophyse sécrète au max pour essayer de réveiller la thyroïde), mais aussi celle de prolactine !

    Par ailleurs, l’hypothyroïdie peut réduire la sensibilité de la prolactine à l’action inhibitrice de la dopamine, et pour ne rien gâcher, chez les patients hypothyroïdiens, l’élimination de la prolactine peut être ralentie.

    C’est la raison pour laquelle en cas de prolactine élevée, on checke aussi les hormones thyroïdiennes et vice-versa.

    Un déséquilibre hormonal global

    On a vu le lien entre hyperprolactinémie et stress ou thyroïde, mais une prolactine trop élevée peut aussi s’inscrire dans un tableau de déséquilibre hormonal plus global, car tout est connecté dans notre corps ! Une trop forte sécrétion de prolactine est rarement un problème isolé 🙂

    Le SOPK

    Le syndrome des ovaires polykystiques peut augmenter les taux de prolactine, notamment à cause de la résistance à l’insuline et de l’augmentation de la LH qui peuvent booster la production de prolactine.

    Il faut préciser que l’hyperprolactinémie chez les femmes atteintes de SOPK est généralement légère (5-30% des cas selon certaines sources) et une hyperprolactinémie importante n’est pas caractéristique du SOPK.

    Anorexie mentale

    L’anorexie mentale provoque un stress chronique et donc une perturbation de l’axe hypothalamo-hypohysaire, accentuée par la malnutrition.

    Certains traitements médicaux

    Certains médicaments comme les hypotenseurs, les opoïdes, les antidépresseurs ou les neuroleptiques peuvent agir sur l’hypophyse et les neurotransmetteurs et donc, par ricochet, sur la sécrétion de prolactine. Les traitements anti-nauséeux comme le métoclopramide peuvent également faire augmenter la prolactine.

    Il s’agit de raisons parmi d’autres ! Les causes d’une trop forte sécrétion de prolactine sont toujours à creuser et diagnostiquer avec votre équipe médicale 🙂


    traitements

    Quels sont les traitements de l’hyperprolactinémie ?

    En cas d’adénome, les médecins peuvent préconiser un traitement médicamenteux (et notamment des agonistes dopaminergiques, qui vont inhiber la prolactine en augmentant la dopamine), une intervention chirurgicale pour retirer la tumeur, voire de la radiothérapie si nécessaire (mais c’est plus rare).

    Ensuite, une trop forte sécrétion de prolactine sera traitée en fonction de la cause du problème : régulation des hormones thyroïdiennes si hypothyroïdie, gestion du stress, modification des traitements médicamenteux pouvant interagir, etc.

    Il existe également des pistes naturelles comme le gattilier qui augmente la dopamine (mais comme elle agit sur le cerveau, il est important de ne pas se complémenter seule !)

    L’hygiène de vie et la régulation des émotions peuvent également avoir un rôle à jouer, puisque le stress a un impact direct sur la prolactine : dans ce cadre, vous pouvez essayer d’intégrer des exercices de respiration, de méditation, mais aussi des séances de sport (sans excès) pour faire retomber la pression ! Idem, contre le stress, le magnésium, la vitamine B6 et les omégas 3 peuvent être vos meilleurs alliés !

    Si cela vous intéresse, sachez que la prolactine est l’un des axes de travail que l’on explore dans le cadre du Fertility Club 🙂


    homme

    Prolactine et infertilité masculine

    Et oui, la prolactine peut aussi être trop élevée chez les hommes et peut, là encore, se répercuter sur leur fertilité !

    Comme chez les femmes, la prolactine excessive inhibe la sécrétion de GnRH par l’hypothalamus chez l’homme, ce qui réduit la production de LH et FSH par l’hypophyse. Cela entraîne une baisse de la production de testostérone par les testicules, ce qui perturbe la production de spermatozoïdes.

    Un spermogramme peut révéler une oligospermie, voire une azoospermie. Les hommes atteints peuvent aussi souffrir de troubles de l’érection et d’une baisse de la libido (ce qui n’augmente pas les chances de reproduction :s).


    Et quand la prolactine est trop basse ?

    On s’est beaucoup attardés sur les causes et les conséquences d’une prolactine trop haute sur la fertilité, mais qu’en est-il quand elle est trop basse ?

    On vous rassure tout de suite, il est bien plus rare d’avoir une prolactine inférieure aux normes attendues, mais cela peut se produire dans les cas suivants :

    • une insuffisance hypophysaire

    • la prise d’un traitement dopaminergique (car la dopamine freine la prolactine)

    • une hyperthyroïdie

    Entre autres ! Une prolactine trop basse peut poser des problèmes à l’allaitement, mais aussi des soucis de fertilité : en effet, si la cause est liée à un dysfonctionnement hypophysaire, cela peut engendrer une fatigue chronique, de l’hypotension artérielle, une production insuffisance d’oestrogènes et de testostérone et potentiellement un manque de libido.

    Par ailleurs, la prolactine semble jouer un rôle protecteur contre la dépression post-partum en soutenant l’allaitement, en régulant l’humeur et en favorisant l’attachement au bébé. Une baisse anormale ou une mauvaise régulation de cette peut perturber tous ces mécanismes et augmenter par ricochet le risque de dépression post partum :s


    questions fréquentes

    Pour résumer – Questions fréquentes

    Pour la prolactine, la norme des laboratoires se situe entre 5 à 20 ng/mL (100 à 500 mUI/L), pour les femmes en âge d’avoir des enfants : donc l’idéal est de ne pas sortir de cette fourchette, en sachant qu’on commence à parler d’une hyperprolactinémie légère lorsque le taux de prolactine dépasse 20 ng/mL.

    Une prolactine trop élevée peut bloquer l’ovulation et donc l’entièreté du cycle menstruel et la fertilité féminine. Elle a aussi un impact négatif sur la fertilité masculine, en réduisant la production de spermatozoïdes.

    Il est possible de prendre un traitement médical à base de dopamine, qui est un neurotransmetteur qui bloque la sécrétion de prolactine, notamment en cas d’adénome hypophysaire. L’adénome peut également être traité par chirurgie si besoin.

    En réalité tout dépend de la cause de cette prolactine trop élevée : adénome, stress, hypothyroïdie, etc. La gestion du stress et l’hygiène de vie peuvent complètement aider à faire baisser la prolactine 🙂


    Vous l’aurez compris, la prolactine est une hormone très importante pour notre fertilité, dont la sécrétion doit être mesurée et équilibrée pour ne pas fragiliser notre équilibre hormonal. Qu’en dites-vous ? Est-ce que vous aviez conscience de l’importance de la prolactine, en dehors de l’allaitement après l’accouchement ? 🙂

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    Auteur/autrice de l’image

    Émancipées redonne aux femmes le contrôle sur leur cycle menstruel.

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